Merci à Dominique de Villepin de nous avoir rappelé, ainsi qu'à tous ces petits et grands nigauds et autres bonapartistes de bas étage, de gauche comme de droite, que la Cinquième République avait été initiée par un général bonapartiste (le pléonasme !) qui n'avait que faire de la politique des partis. De fait, l'élection à la présidence de la République est la rencontre entre un homme/une femme et le peuple, sans l'intermédiation d'un quelconque parti politique. Et sur ce plan, Dominique de Villepin a mille fois raison. Du reste, la constitution est très claire là-dessus : les candidats à l'élection présidentielle doivent pouvoir s'appuyer sur 500 parrainages d'élus. Point.
"Comment voulez-vous qu'un gaulliste puisse participer à de telles procédures", s'est exclamé l'ancien Premier ministre au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro où on lui demandait s'il se présenterait à des primaires (à l'UMP) au cas où il serait candidat en 2012. "C'est totalement contraire à la tradition politique qui est la mienne. Quand on a des convictions et qu'on estime qu'on est bien placé pour les défendre, on les défend. On ne passe pas à travers des moulinettes pour entrer dans des procédures complexes", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas mon esprit et ce n'est pas l'esprit du gaullisme", a-t-il insisté.
Petit rappel à l'intention de tous ceux qui vont s'empresser de lancer des critiques contre Dominique de Villepin : en 1995, il était inimaginable que le RPR, parti gaulliste, organisât quelque primaire que ce soit entre Jacques Chirac et Edouard Balladur, parce qu'en la matière, les primaires s'appellent le premier tour de la présidentielle ! Et c'est à ce petit détail que l'on saura si l'UMP, née en grande partie de l'ancien RPR, a hérité des moeurs gaullistes ou s'en est définitivement éloignée, parce qu'une UMP gaulliste n'organisera jamais de primaires en vue d'une élection présidentielle.
Dominique de Villepin fait bien de rappeler aux uns et aux autres cette vérité première, à savoir que les primaires, ce n'est pas gaullliste, et que tant que l'on sera en Cinquième République, ce sont les moeurs gaullistes qui prévaudront.
Quant à cette autre critique, selon laquelle De Villepin serait disqualifié comme candidat à la présidentielle, lui qui n'a jamais affronté le suffrage universel, j'aimerais simplement que l'on me rappelle les victoires électorales d'un Georges Pompidou ou d'un De Gaulle, avant qu'ils ne se présentent à la présidentielle.
Mais j'en entends qui s'étonnent : "comment peut-on être de gauche et prendre parti pour un bonapartiste comme Dominique de Villepin ?"
Mais c'est tout simple ! Je ne soutiens pas l'homme de droite, Dominique de Villepin ; j'estime simplement que le bonapartisme étant une invention de droite, un bonapartiste de droite sera toujours plus qualifié en la matière qu'un bonapartiste de gauche (!!!), dès lors qu'un bon original vaut toujours mieux qu'une pâle copie.
Et, par voie de conséquence, j'estime que l'honneur de la gauche serait de proposer autre chose, comme Ségolène Royal a entrepris de le faire en 2007, avec sa proposition importante sur l'instauration d'une Sixième République, parce qu'elle au moins a compris que ce régime - usé, à bout de souffle, à en croire Jack Lang après son élimination de l'élection présidentielle de 1995 - n'avait pas grand chose de démocratique et, surtout, faisait de la France une anomalie au sein des démocraties parlementaires européennes.
Des démocraties européennes où l'on doit être mort de rire en découvrant la nième turpitude survenue au sein de la cour du roi de France.
À propos du climat délétère provoqué par certaine rumeur visant l'hôte de l'Élysée et son ex-mannequin d'épouse, voici ce qu'on pouvait lire sur rmc.fr (7 avril 2010) :
Le député socialiste François Hollande a dénoncé sur i-Télé :
Nauséabond et critiquable. Nauséabond..., comme un cadavre en décomposition ? Il faut dire qu'en matière de tartufferie, François Hollande mériterait une belle médaille, au moins en argent ! À moins que l'ancien premier secrétaire et apparatchik de longue date de la rue Solférino ne nous fasse une crise d'amnésie, ou un Alzheimer précoce, qui lui ferait oublier, par exemple, le suicide de François de Grossouvre en plein palais de l'Elysée, les écoutes téléphoniques organisées dans le même palais, la barbouzardise pilotée depuis le même palais et dirigée contre Greenpeace, dans le port d'Auckland, en Nouvelle-Zélande. Un crime d'Etat, commis en territoire ami, en temps de paix, sous une présidence socialiste, sans que jamais l'on entende une seule protestation de François Hollande ni de quelque dignitaire socialiste que ce soit. Et voilà cet apparatchik qui vient donner dans l'indignation à deux balles ! Ce qui me fait penser à l'indignation toute empreinte de pharisaïsme d'un autre apparatchik socialiste, celui-là même qui officiait en qualité de premier ministre durant l'affaire Greenpeace, je veux parler de Laurent Fabius, lequel, à propos de l'affaire Clearstream, s'est fendu de ce réquisitoire :
"Dans n'importe quelle démocratie, le gouvernement serait tombé !"
Tout le monde sait qu'à la suite de l'attentat contre Greenpeace, l'ensemble du gouvernement de Laurent Fabius est tombé !
Pauvres socialistes, ou plutôt, pauvres social-bonapartistes !
Un demi-siècle qu'ils nous font le coup de l'indignation sélective, après François Mitterrand, l'homme du pamphlet contre "le coup d'Etat permanent", et auteur ou, à tout le moins, instigateur des turpidudes susmentionnées. Un demi-siècle que la social-bureaucratie française se fout du monde ! Et voilà que l'on nous annonce des primaires socialistes pour désigner celui ou celle qui aura la tâche de se faire élire candidat(e) au poste de conservateur en chef du régime bonapartiste - ou de ce qu'il en reste - érigé par Charles de Gaulle, ce régime d'inspiration sud-américaine (cf. Simon Bolivar, Juan Perón, etc. ; de fait, ce qu'on appelle "gaullisme" en France n'est qu'une re-sucée de ce que les Sudaméricains connaissent depuis fort longtemps, sous des formes diverses, les avatars étant nommés sandinisme, peronisme, bolivarisme, etc.), fort prisé dans les républiques bananières, pétrolières, caféyères, arachidières, cacaoyères... du monde entier, notamment en Afrique et en Amérique du Sud, un régime qui voit, par exemple, des députés, élus au suffrage universel direct, réduits au statut de godillots que l'on somme de se taire quand le chef (el caudillo) parle, ou de cautionner toute décision émanant du chef ou de l'un de ses conseillers (lesquels ont plus de poids que les élus, c'est bien connu !), comme si c'est à lui ou à eux (les conseillers) qu'ils (les députés) devaient leur élection.
Du coup, le petit peuple, qui n'est pas si bête, se dit que tout ça n'est pas pour lui, d'où sa forte propension à rester chez lui les jours d'élection.