vendredi 6 février 2009

El caudillo



Mercredi, 11 février 2009


"Je serai le président du pouvoir d'achat !", avait-il claironné sur tous les tons. Cette bonne blague ! "Et puis, Gandrange, comme voyage de noces, c'est l'idéal..." Et là, on se roule par terre, de rire !

Et voilà que, l'autre jeudi, on apprend qu'il va parler. Comment ça, parler ?, se demandent quelques mauvais esprits. Mais il ne fait que ça tous les jours : le lundi, il est à Carcassonne, le mardi à Strasbourg, le mercredi à Etampes, le jeudi en Israël, le vendredi en Egypte, le samedi en Jordanie, le dimanche à Pétaouchnock, le lundi suivant à Bruxelles, le mardi à Toulon, le mercredi à Sochaux, aux usines Peugeot..., le tout moyennant moult discours filmés et retransmis en direct intégral ou en différé par LCI, BFM, ITV, voire TF1, France2, 3, M6, RTL et j'en passe.

Un discours par jour, ou presque : la veille, c'est sur les média électroniques, le lendemain, tout est repris dans la presse écrite. Ça permet d'occuper le terrain médiatique du 1er janvier au 31 décembre. Mais il faut croire que ça ne suffit pas. C'est dire si la méthode est inefficace, ce qui renvoie inévitablement à l'expression française : "parler pour ne rien dire !"

Donc, l'autre jeudi, El caudillo allait parler, sur la crise. Et moi qui avais encore à l'esprit le grand discours sur le plan de relance (Douai, 4 décembre 2008) !

Branlebas de combat du côté des chaînes de radio et de télévision ; déprogrammation, émissions spéciales, la grosse artillerie, quoi...


Génial, il va parler ! Nous a dit l'afficionado Jacques Séguéla, sans donner l'impression d'y croire vraiment : même pas deux ans et l'on nous parle déjà de quitte ou double !

Voilà qu'à nouveau la sinistrose, notre mal congénital, nous assaille : 62 % des Français doutent de l'efficacité du gouvernement, 10 % de plus qu'il y a deux mois. Nos PDG eux-mêmes raflent la palme des patrons les plus inquiets de la planète...

Pauvre Jacques Séguéla !

Morandini : ce soir, Nicolas Sarkozy sera donc sur trois grandes chaînes (hertziennes) au même moment..., sans parler des radios, de la TNT, du câble et du satellite...

Les Congolais (Zaïrois), qui ont connu Mobutu, se souviennent sans doute des harangues fumeuses du maréchal-président, toujours retransmises sur les ondes de la radio nationale, et ce, tous les jours !


... Et l'on se dit que c'est encore un chantier qui s'ouvre pour Nicolas Sarkozy, celui de changer et de moderniser ces vieilles habitudes de la Ve République...

Jean-Marc Morandini politologue ? Pourquoi pas ? En tout cas, je n'ai pas l'impression qu'il dise plus de conneries que d'autres, les politologues patentés !




... Finies les affirmations et les sentences élyséennes, à la place, le chef de l'Etat a multiplié les "idées", les "propositions" et les "pistes". "Je ne choisirai pas, je ne trancherai pas", a expliqué Nicolas Sarkozy, tout à coup modeste face aux défis soulevés par la crise économique et financière...

En attendant, lors des débats organisés le jour-même, notamment sur France 2, j'ai entendu (je n'ai pas regardé le conférence de presse du caudillo ; j'ai mieux à faire de mes soirées !) notamment Edwy Plenel s'insurger contre l'omniprésence du "je", quand Barack Obama insistait plutôt sur le "nous".


À ce propos, je ne résiste pas au plaisir de citer un papier de Milton Dassier - que j'ai trouvé fort drôle, quoique d'une drôlerie toute rentrée -, lu sur le fameux site lesOgres.


Autre citation, tout aussi drôle, extraite d'un papier de Catherine Nay (samedi 31 janvier 2009) sur Europe 1 : Si le roi est nu, c'est qu'il se sera déshabillé tout seul !

Surtout si le roi a tendance à prendre ses interlocuteurs pour des billes !



Le président explique : "Le Conseil des ministres propose un nom qui est envoyé au CSA. Si le CSA dit non, le Conseil des ministres doit redébattre et reproposer un nom. Si le CSA dit oui […], ce nom proposé part aux commissions des affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat, où, tenez-vous bien, il doit être accepté à la majorité des trois-cinquièmes. C ’est-à-dire, et j'y ai tenu, que l’opposition doit être d’accord avec la majorité pour accepter le nom.» Et de conclure : «Vous voyez qu’on est bien loin de la caricature d’un président de la République seul dans son bureau qui va nommer le président de France Télévisions.»


LES FAITS

Magistrale démonstration, sauf que Sarkozy a tout faux : c’est pour s’opposer au nom proposé que les commissions des affaires culturelles doivent avoir la majorité des trois-cinquièmes... non pour l'accepter. C'est plus qu'une nuance : une bonne partie de l’UMP devrait se joindre au PS pour faire capoter l’opération. Aucun des journalistes présents n’a relevé la contre-vérité. (Source : liberation.fr)

En l'occurrence, les "billes" en question sont des journalistes fort bien payés et censés maîtriser leur sujet.


Le pays d'Europe occidentale, voire de toutes les "grandes démocraties", qui me rappelle le plus ce climat propre aux républiques bananières, arachidières, cacaoyères, caféyères...


… Dame, le ciel vous comblait !
… Vous aviez le beau rôle.
… On aurait dit le roi !

(Extrait de Milord, chanté par Edith Piaf)

Étrange, tout de même, cette impression de délabrement généralisé : les enseignants, les lycéens, les Antilles, Gandrange, les parents d'enfants handicapés, l'audiovisuel public, la réforme de la carte judiciaire, les casernes fermées et la révolte des maires des villes de garnison, le pouvoir d'achat qui dégringole, le chômage qui n'arrête pas de grimper, le déficit commercial qui atteint des sommets, le PIB qui va être très mauvais, nous annonce Madame Lagarde, n'en jetez plus !

Les Guignols de l'info, sur Canal Plus, se seraient certainement écriés - mais peut-être vont-ils finir par le faire : "Putain, même pas deux ans !"