dimanche 5 décembre 2010

Memento : 2 mai 2007. Retour sur un débat



Par les temps qui courent, des millions de pages de forums tombent chaque jour sur le réseau mondial, venant enrichir les innombrables débats qui agitent ce que d'aucuns appellent le village mondial. Faut-il pour autant se complaire dans la jactance à tout va, comme dirait Dutronc dans une de ses chansons, juste pour faire du bruit, ou du "buzz", sans vraiment s'interroger sur la finalité de tous ces débats ?

Tenez, par exemple, le fameux débat d'entre les deux tours de la présidentielle française de 2007. On en a dit et écrit des choses à son propos, chacun choisissant son champion ou sa championne, dans le style : "Il a gagné !", "Non, c'est elle qui a gagné !".

Et comme cette propension à parler beaucoup, sur le moment, puis à oublier tout ce qu'on avait dit naguère me dérange un tantinet, je suis allé jeter un coup d'oeil en arrière, histoire de savoir ce qu'il en est resté de ce fameux débat, je veux parler du point de vue des principaux intéressés ayant été à l'origine de la confrontation évoquée ci-après.

Ce qui suit est donc la transcription (dans la continuité) de la partie du débat qui a donné lieu au maximum de commentaires, à savoir l'évocation par le candidat de l'UMP d'un droit opposable offert aux parents d'enfants handicapés, avec la véhémente réponse de la candidate de gauche. La transcription qui suit est empruntée au site la-croix.fr que je me dois de remercier ici.

(...)

Nicolas Sarkozy : J'ai trop de respect pour vous pour vous laisser aller au mépris. Les droits opposables sont très importants, ils permettront de passer de la République des droits virtuels à la République des droits réels.

Ségolène Royal : J'avais la parole. Je préfère l'action politique efficace, qui fait les choses, plutôt que d'imaginer.

Nicolas Sarkozy : Ce sont des mots. Moi, je m'engage sur un résultat.

Ségolène Royal : Les gens vont aller devant les tribunaux alors qu'ils sont déjà débordés et qu'ils ont autre chose à faire? Ce n'est pas sérieux !

Nicolas Sarkozy : Ce n'est pas gentil de dire des choses comme cela. Je vais prendre un exemple qui va peut-être vous toucher. L'affaire des enfants handicapés dans les écoles. Je considère qu'il est scandaleux qu'un enfant ayant un handicap ne puisse pas être scolarisé dans une école "normale." C'est important pour l'enfant ayant un handicap et pour les autres enfants qui n'ont pas de handicap, qui au contact de cet enfant différent apprendront que la différence est une richesse. Dans les démocraties du nord de l'Europe, 100 % des enfants ayant un handicap sont scolarisés en milieu scolaire classique. En France, c'est 40 %. Je veux créer un droit opposable. Cela veut dire quoi ? Qu'une famille au bout de cinq ans, à qui on refuserait une place dans une école, pourrait aller devant le tribunal en disant : la République m'a promis un droit. Un homme politique s'est engagé et n'a pas tenu sa promesse. Que se passe-t-il ? Je veux en finir avec les discours creux (pas le vôtre, je ne veux pas être désagréable) avec ces promesses incantatoires, cette grande braderie au moment de l'élection, on rase gratis, on promet tous. Quand on ne sait pas promettre, on promet une discussion. Je veux m'engager sur des résultats, sur du concret. Je veux dire à toutes les familles ayant rencontré le drame du handicap que je ferai une place à chacun de leurs enfants dans les écoles, que je donnerai les moyens aux écoles pour les accueillir. La preuve de ma bonne foi sera le droit opposable et la capacité d'aller devant un tribunal pour faire-valoir ses droits. Ce n'est ni ridicule, ni accessoire. C'est peut-être même ce qui fait la différence entre la vieille politique et la politique moderne.

Ségolène Royal : Là, on atteint le summum de l'immoralité politique. Je suis scandalisée par ce que je viens d'entendre, parce que jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux. Pourquoi ? Lorsque j'étais Ministre de l'enseignement scolaire, c'est moi qui ai créé le plan Handiscol qui a demandé à toutes les écoles d'accueillir tous les enfants handicapés. Pour cela, j'avais créé parmi les aides éducateurs que vous avez supprimés, 7000 postes d'aides éducateurs, d'auxiliaires d'intégration. J'avais doté toutes les associations de parents d'enfants handicapés des emplois liés à l'accompagnement et aux auxiliaires d'intégration dans les établissements scolaires. C'est votre gouvernement qui a supprimé non seulement le plan Handiscol, qui a supprimé les aides éducateurs, qui fait qu'aujourd'hui, moins d'un enfant sur deux qui était accueilli il y a cinq ans dans l'école de la République ne le sont plus aujourd'hui. Vous le savez parfaitement. Je trouve que la façon dont vous venez de nous décrire, la larme à l'œil, le droit des enfants handicapés d'intégrer l'école, alors que les associations des parents d'handicapés ont fait des démarches désespérées auprès de votre Gouvernement pour réclamer la restitution des emplois, pour faire en sorte que leurs enfants soient à nouveau accueillis à l'école, y compris les enfants en situation de handicap mental à l'école maternelle, où avec moi tous les enfants handicapés mentaux étaient accueillis à l'école maternelle dès lors que les parents le demandaient. Laissez de côté les tribunaux, les démarches pour les parents qui en ont assez de leurs souffrances, d'avoir vu leur enfant ne pas pouvoir être inscrit lors des rentrées scolaires lorsque vous étiez au Gouvernement. Laissez cela de côté. La façon dont vous venez de faire de l'immoralité politique par rapport à une politique qui a été détruite, à laquelle je tenais particulièrement, parce que je savais à quel point cela soulageait les parents de voir leurs enfants accueillis à l'école. Vous avez cassé cette politique! Et aujourd'hui, vous promettez en disant aux parents qu'ils iront devant les tribunaux?! Tout n'est pas possible dans la vie politique, ce discours, cet écart entre le discours et les actes, surtout lorsqu'il s'agit d'enfant handicapé, ce n'est pas acceptable. Je suis très en colère. Les parents et les familles…

Nicolas Sarkozy : Calmez-vous et ne me montrez pas du doigt avec cet index pointé!

Ségolène Royal : Non, je ne me calmerai pas !

Nicolas Sarkozy : Pour être Président de la République, il faut être calme.

Fin de citation

Sur ce débat, tout ou presque a été dit et écrit à l'époque, et je laisse quiconque sachant se servir d'un moteur de recherche se constituer sa propre base de données en la matière. En tout cas, les spécialistes des sondages ne chômèrent pas, qui nous expliquèrent que le candidat de l'UMP l'avait emporté, enfin bon, tout le monde sait ce qu'est un sondage : l'avis de 800 à 1000 personnes consultées par téléphone !

Mais s'il est un avis particulièrement intéressant sur la question, c'est celui émis par Lionel Jospin, dans un pamphlet anti-Royal particulièrement inepte et outrecuidant (2002 : Jospin : 16 % ; 2007, Royal : 47 %), baptisé L'Impasse.

Je cite :

(...) Ce débat a été révélateur. En surface ou dans les apparences de la théatralisation, Ségolène Royal a semblé faire jeu égal avec Nicolas Sarkozy. D'un côté, son assurance, voire sa hauteur et sa pugnacité, et de l'autre, le profil délibérément prudent et modéré adopté en l'occurrence par son interlocuteur ont nourri cette impression. Mais en profondeur, ses erreurs - sur le mélange des comptes et des caisses publiques (Etat, régions, Sécurité sociale) -, ses affirmations trop générales ou fantaisistes (faire raccompagner chez elles les femmes policiers !), l'incapacité à démontrer la cohérence de son approche économique ont fait que son interlocuteur a creusé l'écart. Même l'indignation, surjouée, à l'égard de l'"immoralité" de son adversaire au sujet des handicapés, un instant impressionnante, se retourna contre elle d'autant que, sur ce sujet, la vérité n'était pas simple. En tout cas, pour la première fois dans un tel débat, le candidat de la gauche était largement dominé...". Lionel Jospin, L'Impasse, Café Voltaire, Flammarion, 2007, pp. 80-81. 

Disons tout net, que Jospin pratique là ce qu'on appelle de la charité bien ordonnée... Parce que, pour ma part, je me souviens de ce débat d'entre les deux tours, en 1995, où l'on a vu un Jospin, au moment de conclure, parlant de lui au passé composé ("j'ai essayé, je me suis efforcé..."), comme quelqu'un qui prenait déjà congé, comme déjà persuadé de la victoire de Jacques Chirac. Mais bon, tout le monde sait que Jospin a, contrairement à Ségolène Royal, été élu à la présidence de la République à chaque fois qu'il s'y est présenté, n'est-ce pas ?

Ce qui est formidable dans l'extrait que je reproduis de la prose de Lionel Jospin, c'est que, tout en étant parfaitement représentatif des commentaires émis à l'époque, tout cela reste purement conjoncturel car uniquement attaché à des questions de pure forme. À aucun moment, ni Jospin, ni l'ensemble des commentateurs ne se sont posé LA question : mais qu'en est-il réellement de la situation des handicapés à l'école, question à laquelle il aurait été facile de répondre, pour peu qu'on la posât aux intéressés (les parents d'élèves), ce que personne n'a pensé à faire, en tout cas pas Lionel Jospin.

Voilà qui m'a incité à aller jeter un coup d'oeil dans mes archives personnelles. Ce qui suit est donc une petite revue de presse sur un sujet pas si escamoté que ça (cf. France Soir, Le Parisien, Le Figaro, 20 Minutes, L'humanité).
























Hé ben dites donc ! Pour ne rien vous cacher, la situation des handicapés est un sujet auquel je m'intéresse depuis fort longtemps, en tout cas depuis le jour (2003) où un étudiant aveugle est venu me solliciter pour que je l'aide à finaliser sa thèse. Et c'est là que j'ai découvert la Perkins, la machine à écrire en braille. Mais j'ai aussi réalisé que les "braillistes" lisaient à l'endroit, mais écrivaient à l'envers. Essayez donc de faire la même chose en écrivant ! 


Ci-dessus : on commence par écrire, au verso, de droite à gauche...
pour pouvoir lire ci-dessous, au recto, de gauche à droite...



Tous ceux qui connaissent un peu la question du handicap à l'école savent que, pour les familles, c'est un véritable parcours du combattant, obligées qu'elles sont de superviser, souvent seules, les montages financiers, car le matériel est fort coûteux.


En tout cas, en suivant le débat de ce 2 mai 2007, j'ai bien senti que l'un des débatteurs connaissait parfaitement la réalité du handicap et que l'autre mentait effrontément, cet autre n'étant pas Ségolène Royal !

Tiens, juste pour rire (source) : 




Pour en revenir à Lionel Jospin et à sa saillie uniquement motivée par la haine et l'aigreur envers quelqu'un qui aura sauvé la Gauche de l'humiliation de 2002, on se souvient à peine qu'il fut aussi ministre de l'Éducation nationale, ce que lui-même semble avoir oublié, étant donnée son ignorance en matière de politique d'intégration scolaire des handicapés. Pauvre Lionel Jospin !

mercredi 10 novembre 2010

Caudillo cherche ministres...

Titre complet : Caudillo inexpérimenté et désespérément incompétent cherche ministres. Débutants et potiches acceptés...

Vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que la France va (encore) changer de gouvernement. La dernière fois, on avait assisté à l'arrivée de Georges Tron et de François Baroin. Et moi de me demander par qui les ministres actuels, qui totalisent déjà trois bonnes années d'expérience à leur poste, pour la plupart d'entre eux, années cumulées à d'autres expériences ministérielles, pour les plus anciens (ex. Michèle Alliot-Marie), par qui, donc, allaient-ils être remplacés : par plus expérimentés, aussi expérimentés ou moins expérimentés qu'eux ? Vaste question !

Dans notre série : "Chez ces gens-là, on remplace un ministre expérimenté par n'importe qui...", j'ai eu la curiosité d'aller examiner des annonces de recrutement.

Tout le monde sait, ou devrait savoir, que dans l'aéronautique, par exemple, on mesure l'expérience d'un sujet au nombre d'heures de vol qu'il a accomplies, de même qu'en parachutisme, on parle du nombre de sauts. Ce qui veut dire qu'en régle générale, on ne remplace quelqu'un que par un pair (= quelqu'un qui lui est au moins égal).

Cela se traduit, dans les petites annonces de recrutement, par la mention "Expérience de 'x' ans exigée, car un entrepreneur ne remplace pas une secrétaire accomplie totalisant dix années de service par une débutante.

Voici donc un échantillon de petites annonces :



         Tout candidat non diplômé ou sans expérience significative ne sera pas retenu 
                        Ingénieur commercial. Expérience d'au minimum 5 ans...



                                                                                         
                 Vous pouvez justifier d'une première expérience commerciale
                     Vous êtes doté d'une première expérience réussie




                                         Expérience souhaitée... Expérience exigée...


Question : à voir la fréquence des remaniements gouvernementaux en France, va-t-on me faire croire que les critères requis pour intégrer une entreprise sont plus rigoureux que ceux exigés par la conduite de la politique d'un pays ?

Vous avez dit potiches ou ces gens sont-ils devenus fous ?



mercredi 13 octobre 2010

Le Pen : jamais sans ma fille ! (Episode 2)



Le précédent épisode de ce 'post', concernant la succession dynastique annoncée à la tête du FN, et datant du 6 octobre 2010, a dû en surprendre plus d’un(e), parmi les visiteurs de ce blog. Il faut dire que, pour presque tout le monde, les carottes étaient bel et bien cuites : Marine Le Pen avait déjà gagné !


C’est dire ma surprise, en parcourant les pages du Monde daté du 12 octobre 2010…



 
Extrait : La tension est montée d’un cran dans la campagne interne du Front national, qui oppose Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, pour la succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti. (…) En cause : le retour des « dissidents », c’est-à-dire ceux qui sont partis du FN dans le sillage de Carl Lang, ancien n° 3 du Front, comme Jean-Claude Martinez ou encore Bernard Antony. Tous étaient opposés à l’influence grandissante de Marine Le Pen à la tête du parti. Aujourd’hui, ils ne cachent pas leur préférence pour Bruno Gollnisch…
(…) La polémique a rebondi vendredi 8 octobre à la télévision. Lors d’une émission sur LCI, Bruno Gollnisch a affirmé qu’il souhaitait que MM. Antony, Martinez et Lang reviennent au FN…

Fin de citation

Vous savez quoi ? J’ai la faiblesse de croire que Bruno Gollnisch est bien renseigné et secondé et qu’il fait partie des braves gens qui jettent régulièrement un coup d’œil sur ma petite prose. Grand bien lui fasse ! Comme preuve que l’Internet est vraiment devenu une « agora », un lieu de débats tout à fait incontournable ! Cela dit, je m’empresse de rassurer tous mes amis : je n’ai pas l’intention de devenir le conseiller en communication de Bruno Gollnisch !

Bon, on redevient sérieux : en tout cas, si j’étais Marine Le Pen, je serais « sport », en félicitant mon adversaire d’un « bien joué ! »

Là où je rigole quand même un peu, c’est devant l’étrange arithmétique de Marine Le Pen, du genre : trois plus un égale deux. En clair, si les brebis égarées reviennent au FN, ce dernier ne sera pas plus fort mais s’en trouvera plus affaibli. Etrange, non ! Mais peut-être n’est-ce pas si étrange que ça, si le vrai projet du clan Le Pen était moins la bonne santé du parti que de garder la mainmise sur leur petit pré carré, sorte de secte recroquevillée autour d’un chef charismatique, au point de brandir la menace de la scission ! Du coup, plus nombreux ou moins nombreux, qu’importe, dès lors que Le Pen (fille), à l’image du père, n’aura autour d’elle que des larbins à sa dévotion !

La soudaine fébrilité affichée par Le Pen père et fille, à l’idée de voir le parti se renforcer par le retour des dissidents, a de quoi surprendre, en effet. Comment va-t-on nous expliquer que l’on prétend parvenir, un jour, au pouvoir, donc convaincre 50 pour cent des électeurs, plus un(e), sans commencer par rassembler son propre camp, sa propre famille politique ?

Et puis, au fond, où est le risque pour Marine Le Pen ? Elle caracole en tête de tous les sondages, ce qui devrait l’autoriser à s’interroger, façon Staline, dans le genre : « Lang, Martinez, Antony, combien de divisions ? » Parce que si Gollnisch pèse des clopinettes, comme on nous le laisse entendre, et que les dissidents autour de Carl Lang pèsent aussi des clopinettes, alors, clopinettes plus clopinettes, ça ne devrait pas peser bien lourd face à la pétillante Marine, non ? Alors, il est où le problème ? Elle va gagner, nous dit-on ; et puis, elle a le soutien de son père ; les carottes sont cuites, on vous dit !

Et dans la série "Marine superstar..."


En attendant, les effets de manche de Mme Le Pen, ça va un moment, parce qu’il me semble qu’elle a sauté une étape : le bilan. Je veux parler du bilan d’un  demi-siècle de J-M.L.P. à la tête du Front national, bilan dont elle est co-comptable, à partir du moment où le grand chef l’a publiquement adoubée. Et comme je crains les trous de mémoire, je me permets de me citer (6 octobre 2010) :

« Pendant que Le Pen pavoise, le FN grimace, voire se décompose, si je pense à toutes les défections et dissidences. En Italie, Humberto Bossi peut se targuer d'avoir bien travaillé, lui ! Et je ne vois pas les dissidents du FN, qui en ont eu assez du caudillo breton, revenir faire les yeux doux à sa fille. Et comme un bon symbole de la déconfiture du caudillo de Saint-Cloud, voilà le parti mis sur la paille et contraint de quitter son "Paquebot" et de déménager sans gloire dans un réduit du côté de Nanterre ! »

On comprend mieux, maintenant, la stratégie adoptée de longue date par Jean-Marie Le Pen, visant à couper toutes les têtes susceptibles de dépasser la sienne, en privant le FN de tous ses cadres, le tout dans une perspective népotiste en faveur de son propre clan. À titre de comparaison, prenez le mouvement Verts-Europe Ecologie, qui dispose d'une bonne dizaine de cadres parfaitement visibles et susceptibles d'intervenir dans les médias, aux côtés des Cohn Bendit, Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, Noël Mamère, Dominique Voynet, Eva Joly maintenant, etc. Rien de tel au Front National, où ils ne sont que trois à être connus des médias, le tout après un demi-siècle de présidence Le Pen, un demi-siècle de désertification méthodique de la part de quelqu'un qui ne supporte pas la contradiction !

Et l’on mesure, quelque part, le talent et la maîtrise dont Bruno Gollnisch a dû faire preuve, pour ne pas disparaître ou se faire ostraciser comme les autres « félons » : les Martinez, Lang, Antony, Mégret. Question : et si ce type (Gollnisch), avait plus de talent, de « vista » et d’endurance que les médias et les politologues n’ont voulu l'admettre  jusqu’à maintenant ? Ces experts qui ont souvent eu tendance à oublier qu’une partie d’échecs ne s’apprécie qu’au tout dernier coup !

Entre nous, et pour rester sérieux : le problème n’est pas que Gollnisch lise ou non ma prose sur Internet ; le problème tient à la paresse intellectuelle des politologues et autres experts, qui ne travaillent pas assez et n’analysent rien, se contentant de sentir d’où vient le vent (des sondages), de manière à tous blablater la même chose, par conformisme !

C’est un de nos meilleurs experts en droit public, qui comparait le match Gollnisch-Marine Le Pen à une compétition entre un ULM et un Rafale, déclarant même : « L’affaire est terminée ! » (Olivier Duhamel, professeur de Sciences Politiques, Europe 1, Médiapolis, 25 septembre 2010).

Pour ma part, je n’accorde aucune importance aux sondages, dont il faut toujours rappeler qu'ils sont "redressés" de manière tout à fait subjective par des conseillers spéciaux. On sait que les sondages ont toujours minimisé le score à venir du Front National aux élections, notamment en 2002 ! Et maintenant, ils  vont tous dans le même sens pour marteler le déséquilibre entre Le Pen fille et Gollnisch, tout comme ils prétendent qu'un fonctionnaire international devenu absolument inaudible depuis qu'il officie au FMI, serait le meilleur socialiste pour s'opposer à Sarkozy !

C’est probablement par conformisme que nos politologues ne se donnent même plus la peine de se soumettre à la gymnastique intellectuelle de l’analyse, se contentant de paraphraser les dernières enquêtes d’opinion. On le voit bien au Parti socialiste en ce moment : de tous les prétendant(e)s éventuel(le)s, une seule a un vrai programme, déjà rôdé durant la présidentielle de 2007 : Ségolène Royal. Et pourtant, les "experts" s’évertuent, en paraphrasant les sondages, à nous bassiner que Royal n’aurait que peu de chance face à Martine Aubry, une Martine Aubry qui a « offert » son siège de député à l’UMP en 2002, et qui n’a pas osé aller le récupérer en 2007,
renonçant à toute participation aux législatives, après avoir essayé de s'implanter dans une circonscription facilement gagnable (ben voyons !), car détenue par un collègue socialiste ! Parce qu’à part récupérer des sièges sans effort, à l’instar du siège de maire de Lille gracieusement offert par Pierre Mauroy, je ne vois pas très bien ce que Martine Aubry a prouvé comme meneuse d'hommes, depuis qu’elle fait de la politique.

Ségolène Royal, elle, encore toute jeune conseillère au cabinet de Mitterrand, est allée arracher à la droite une circonscription réputée ingagnable par la gauche, affectation qu’elle a arrachée littéralement - au culot - à Mitterrand au cours d’une réunion publique ; puis elle a récidivé en arrachant à la droite la région Poitou-Charentes.

Alors, je veux bien que les sondages disent ci ou ça, franchement, je m’en fous royalement, sans jeu de mots. Et comme, apparemment, je ne suis pas un trop mauvais analyste, je vous affirme que l’expérience acquise par Ségolène Royal lors d’une campagne dont elle est peut-être sortie victorieuse, allez savoir… (cf. imaginez que la Mamie Zinzin des Guignols de Canal Plus raconte aux juges qu’elle a donné beaucoup d’argent pour la campagne de qui vous savez, et qu’il s’avère que les comptes de campagne de qui vous savez étaient bidonnés, que le Conseil Constitutionnel le constate, a posteriori…, et que Ségolène Royal soit déclarée victorieuse de la présidentielle de 2007, comme des athlètes se voient décerner une médaille d’or sur tapis vert, après la disqualification de celui ou celle qui avait, apparemment, gagné… Je ne vous raconte pas le tsunami politique que cela déclencherait !), que cette expérience, donc, devrait s’avérer décisive, outre le fait que les électrices et les électeurs ne voudront pas se faire avoir une nouvelle fois par un bonimenteur !

Un peu plus de complexité dans le discours, voilà quelque chose qui me manque terriblement dans l’univers politique – et que j’aurais tendance à trouver un peu plus chez Bruno Gollnisch que chez Marine Le Pen –, plutôt que les sempiternels poncifs entendus ça-et-là, sur les jeunes, les Beurs, l’Islam, les Roms, etc., même si je n’oublie pas que l’avocate Marine Le Pen a souvent défendu des sans-papiers africains (les mauvaises langues diront qu’elle était peut-être commise d’office !), mais peut-être ne souhaite-t-elle pas trop que la chose s’ébruite parmi les plus extrémistes de ses admirateurs !

Cette complexité, Jean-Marie Le Pen va s’en approcher un peu en 2007, mais peut-être n’était-ce que tactique, avec cette escapade  sur la dalle d’Argenteuil, pour prouver à tous qu’il n’était pas l’ennemi des gens de banlieue et qu’il s’y sentait plus à l’aise que son adversaire de l’UMP. Mais, pour son malheur, il sera devancé copieusement sur ce terrain par Ségolène Royal, mais surtout par François Bayrou (cf. le ralliement du judoka Djamel Bourras), qui doit beaucoup à la banlieue d’avoir atteint un score aussi mirifique que celui affiché en 2007 !

Il faut dire qu'en 2002, Le Pen avait quasiment touché le jackpot parce que pas mal de musulmans allaient voter pour lui, manifestant par là leur défiance envers le Jospin du voyage de Bir-Zeit. Et je puis affirmer – et pour ça, je n’ai que faire des sondages ! – que c’est à l'université de Bir-Zeit que Lionel Jospin a perdu la présidentielle de 2002.

Oui monsieur, oui madame : sa place au second tour, en 2002, Le Pen la doit essentiellement à la communauté arabo-musulmane de France et à une fatwa anti-Jospin. Et que les politologues et autres « experts » qui ne me croient pas commandent donc un sondage (a posteriori) !


Post scriptum : puisque nous en étions à évoquer les politologues et autres "experts", en voici un excellent spécimen : le directeur de la rédaction de l'Express. Et lorsqu'il évoque DSK comme plus populaire des présidentiables, vous croyez peut-être qu'il analyse la situation politique, alors qu'il se contente de surfer sur la ligne bleue des sondages, ce qu'il avoue, du reste, en donnant l'impression de faire la fine bouche : "DSK aurait tort, trompé par la nue des sondages, de se croire déjà sur l'Olympe ; il n'est que sur l'Aventin (1).", et tant pis pour le lecteur de base qui ne sait pas (tout le monde n'est pas passé par Normal Sup', n'est-ce pas ?) de quoi il retourne. Mais que le lecteur de base se rassure : la culture, c'est comme la confiture (2)...



(1) Question : le petit peuple va probablement se demander comment passe-t-on de l'Aventin (romain) à l'Olympe (grec) ? Et puis, quel rapport avec DSK, qui - et c'est le propos du papier ! - n'a encore annoncé aucune intention de se retirer sur quelque Aventin que ce soit !

(2) Il faut dire que Normal Sup', c'est tellement loin !



Autres lectures :


Archive n° 1
Archive n° 2
Archive n° 3

mercredi 6 octobre 2010

Le Pen : jamais sans ma fille !





Ou quand le Front National nous la joue façon nord-coréenne !

Je commencerai par préciser, tout de go, que je ne suis pas un sympathisant du Front National, et encore moins d’extrême droite. Du reste, je ne vote pas en France ; ça me permet d’être parfaitement objectif en matière de politique française.

Par les temps qui courent, il est de bon ton de montrer de la commisération, voire du dédain à l’égard des dérives dynastiques survenant dans telle ou telle dictature ou démocrature du Tiers Monde. C’est par exemple le cas de la Corée du Nord, où l’on va se retrouver bientôt avec, au pouvoir, le petit-fils du "plus grand génie de tous les temps", je veux parler de feu Kim Il Sung (1912-1994).

À Cuba, Fidel Castro, malade, a dû passer le témoin à son frère cadet, Raúl. Et, là encore, le monde entier ne put que se gausser, en constatant la dérive familiale qui s’abattait sur l’Ile révolutionnaire. C'est, par exemple, l'exilé cubain, Jacobo Machover, qui s'inquiétait (août 2006) de la tournure des événements dans son pays et appelait la communauté internationale à ne pas reconnaître cette "succession dynastique", tout en estimant que Castro était déjà mort politiquement.

Mais il n’y a pas que les Castro et les Kim ; dans l’ex-Zaïre, Kabila a succédé à Kabila ; au Togo, Eyadema a succédé à Eyadema, au Gabon, Bongo a succédé à Bongo ; au Sénégal, on sent bien qu’Abdoulaye Wade meurt d’envie de voir son fils lui succéder un jour ; en Egypte, un fils Moubarak se profile déjà à l'horizon ; en Lybie, plusieurs fils Kaddafi seraient sur les rangs..., n’en jetez plus !

Et tout le monde de se gausser devant ces pays infantilisés par la médiocrité et la flagornerie, qui font que personne n’ose se dresser devant les oukases d'une oligarchie mise au service d'une famille.

Et voilà qu’en France, un parti politique s’apprête à nous la jouer à la sauce zaïroise, nord-coréenne, gabonaise… !

En voyant Jean-Marie Le Pen adouber publiquement sa fille, sans égards pour Bruno Gollnisch, l’autre candidat à la présidence du FN, tout le monde a compris que le vieux chef avait choisi de tomber le masque, sans vergogne ! Mais bon, ne nous voilons pas la face : tout le monde avait compris que le coup se préparait depuis longtemps.

Détail intéressant : la grande presse semble avoir choisi son camp, puisqu’on s’est mis à recevoir Marine Le Pen partout : radios, télévisions, presse écrite, le tout, au détriment de l’infortuné Gollnisch. À vue de nez, ça doit nous faire du dix contre un (dix passages de Marine Le Pen dans les grands médias, contre un seul pour Gollnisch).

Sur le site du Front National du Loir et Cher, on se réjouit ouvertement de voir Marine Le Pen honorée de la Une d’un grand magazine.




"Nous n'avons pas encore pris connaissance de la teneur de l'important dossier que consacre à Marine Le Pen le magazine “Le Point” daté du 29 avril (2010). Vous en trouverez prochainement une analyse sur nos différents sites internet. Mais il faut y voir un signe de la progression du Front National dans l'opinion, comme le confirment les derniers sondages… pour la présidentielle 2012 !"

Il est vrai que la couverture du magazine ne manquait pas d’air : mais, visiblement, le photographe n’a pas réussi à faire dire « cheese » à la dame du FN, qui nous la joue façon Joconde !




« Un signe de la progression du Front National dans l’opinion... pour la présidentielle 2012 », non mais sans blague ! Parce que ces militants du FN s’imaginent que la fille Le Pen roule pour autre chose que pour elle-même et que la présidentielle 2012 servira en quoi que ce soit les intérêts du Front National ?

J’entends d’ici les meilleurs observateurs nous expliquer qu’avec Marine Le Pen à sa tête, le Front National va connaître un nouvel essor, car cette femme va, à coup sûr, replacer son parti au sein du concert des formations politiques françaises - à l'instar de ce qu'a réussi la Ligue du Nord en Italie ou que va probablement obtenir l'extrême-droite néerlandaise, mais là, nous sommes dans des systèmes parlementaires, avec formation obligatoire d'une coalition pour parvenir au pouvoir -, mettant fin à l'ostracisme dans lequel le père avait enfermé son mouvement. Et la presse de se faire toute mielleuse pour la vice-présidente du FN, d'ores et déjà installée dans le fauteuil de son père. On a eu Marine sur la Cinquième, Marine sur Canal Plus, Marine sur TF1, Marine sur RTL, Marine à la Une du Point, Marine sur Europe 1… Autant dire que, pour tout le monde, elle a déjà gagné. C’est simple : tous les experts vous expliquent déjà combien Marine Le Pen risque de causer des problèmes à Sarkozy en 2012, comment Marine Le Pen est en train d’affiner sa stratégie pour 2012 et après 2012. Puisqu'on vous dit que c'est (déjà) fait !

Et Gollnisch ? Gollnisch ! Quel Gollnisch ? Balayé Gollnisch, aux oubliettes Gollnisch !

Et moi de penser : ce pauvre Bruno Gollnisch !

Ben oui, quoi, il a forcément moins de charisme que sa concurrente, et il fait tellement plus tristounet, et ça, c’est pas bon pour le FN ! Donc, on le traite forcément moins bien que l’autre. Jugez-en plutôt : 6 octobre 2010, sur France Inter, il est 8h40 ; Patrick C., l’animateur de la tranche matinale, reprend la parole, après la revue de presse de 8h30, et annonce ceci : « Place aux auditeurs. Jean-Luc nous appelle de Bayeux. Bonjour Jean-Luc. » Suivent une vingtaine de minutes de dialogue entre l’invité du jour et les auditeurs de France Inter.

Pourquoi ai-je choisi de citer cet extrait ici ? Tout simplement parce que, quelques semaines plus tôt, le 26 août 2010, l’invité du jour s’appelait Bruno Gollnisch, interrogé par Bruno D. et Thomas L. Je dois dire que j’ai été assez étonné de la manière dont les choses se sont passées. C'est pour ça que j'ai pris des notes.

C’est ainsi que, juste après la revue de presse, la parole a été donnée à un journaliste italien qui est intervenu assez longuement sur un sujet n’ayant aucun rapport avec le Front National, ce qui a amputé l’intervention de Gollnisch de plus de cinq minutes. Puis est venu le temps normalement dévolu aux questions des auditeurs, mais là, ce sont les deux animateurs du jour qui vont monopoliser la parole (il n’y aura en tout et pour tout que trois intervenants extérieurs au lieu de la demi-douzaine habituelle.).

Extraits (les interventions qui suivent émanent des deux journalistes de France Inter et consistent en des interruptions assez brutales du discours de l’invité.) :

- Vous nous parlez toujours d’hier. Parlez-nous de la politique d’aujourd’hui ! Que nous répondez-vous sur les retraites, Bruno Gollnisch ?

(…)

- Dès qu’on va sur le détail précis, il n’y a pas de réponse !

(…)

(À une question concernant les rapports Le Pen père-Le Pen fille, et à laquelle Gollnisch refuse de répondre, invitant ses interlocuteurs à s’adresser aux personnes concernées) … - Puisqu’on vous a en face de nous, on vous demande à vous !

- J’aimerais qu’on retourne au standard pour avancer. On vous a entendu ! On vous a entendu !

Je précise que, ce matin-là, l’interview fut du type haché-menu, puisqu’à chacune de ses interventions, Bruno Gollnisch était brutalement interrompu par l’un de ses intervieweurs en studio, sans jamais pouvoir rien développer en plus de trente secondes !

Maintenant, j’invite les chers auditeurs à surveiller les futurs passages de Marine Le Pen dans la matinale de France Inter, et à comparer ; peut-être sera-t-on aussi cassant avec elle… Pour tout vous dire, j’ai eu un peu de peine pour Gollnisch, que d’aucuns voient déjà battu dans sa course à la présidence du FN, d’où ce style méprisant et condescendant qui lui est opposé un peu partout !?

Et c’est là que je me dis que si j’étais un militant du FN, je voterais volontiers pour Bruno Gollnisch. On me dira qu’il est plus terne que la fille Le Pen, moins charismatique, etc., etc. Et là, je réponds : "formidable, ça tombe bien : c’est précisément pour ces raisons mêmes que j’estime qu’il est l’homme de la situation !"

Parce qu’au fond, qu’est-ce qu’un bon chef, quelqu’un qui sert son mouvement pour en faire un grand parti, ou qui s’en sert pour sa gloriole personnelle ?

Je pense qu'indépendamment de son idéologie extrémiste et franchement ringarde, Jean-Marie Le Pen a été un bien médiocre chef du Front National, parce qu’en un demi-siècle, il n’a fait avancer en rien les positions du parti. Bien sûr, il a gagné en notoriété, se hissant au niveau des « grands » responsables politiques que l’on invite partout. Il faut dire que, pour les journalistes, c’est ce qu’on appelle « un bon client ». Et son heure de gloire, il allait la connaître en avril 2002, avec cette accession miraculeuse au second tour de la présidentielle.

Oui, et puis après ? Depuis cinquante ans, voire plus, que Le Pen nous fait son numéro, qu’est-ce que le Front National a eu à y gagner ? Entre nous, rien !

Où sont les députés du FN, les sénateurs, les maires ? Pendant que Le Pen pavoise, le FN grimace, voire se décompose, si je pense à toutes les défections et dissidences. En Italie, Humberto Bossi peut se targuer d'avoir bien travaillé, lui ! Et je ne vois pas les dissidents du FN, qui en ont eu assez du caudillo breton, revenir faire les yeux doux à sa fille. Et comme un bon symbole de la déconfiture du caudillo de Saint-Cloud, voilà le parti mis sur la paille et contraint de quitter son "Paquebot" et de déménager sans gloire dans un réduit du côté de Nanterre !

Pourquoi Gollnisch vaut-il mieux que Marine Le Pen ? Tout simplement parce que moins flamboyant, moins charismatique peut-être, moins hâbleur aussi, il fera moins d’ombre au parti. Et tout d’abord, lui au moins pourrait réunifier le FN, en faisant revenir à la maison les brebis égarées que sont les Mégret et autres Carl Lang. Par ailleurs, Gollnisch est un personnage tout en nuances, contrairement à d'autres : c'est un universitaire, pas un bateleur de foire. Un universitaire, c'est-à-dire formé à l'école de la nuance et de la relativité dans l'appréciation des cultures, aptitude forcément confortée par sa "nippophilie", lui qui vit avec une Japonaise et est, donc, un peu plus riche culturellement parlant que s'il avait été simplement franco-français.

Et puis, moins flamboyant peut-être, Gollnisch éclipsera beaucoup moins son parti que Le Pen n’a été tenté de le faire, parce que le FN ne peut que pâtir de l’omniprésence d'un chef envahissant, tout comme l'UMP pâtit en ce moment de l'omnipotence de l'autre monarque...

De toute façon, le plus important pour un parti n’est pas d’avoir un(e) président(e) qui va faire 20, voire 25 % au premier tour d’une présidentielle, si c’est pour se retrouver avec zéro député, zéro sénateur, zéro maire… Il vaudrait mieux, mille fois mieux, un président moins envahissant, mais avec, enfin, des élus au parlement et à la tête de municipalités, de départements, de régions, ce qui passe par une refonte totale du logiciel du FN, de manière à le rendre soluble dans la démocratie, en lui permettant de nouer les alliances sans lesquelles on reste un mouvement de parias.

Parce que, ce qu’on voit bien, c’est que la flamboyance du clan Le Pen n’a servi qu’une chose : la propre gloriole du chef, et peut-être bientôt de la fille, sans qu’à aucun moment le parti n’en profite véritablement, d'où les défections, d'ailleurs. Et les militants du FN seraient-ils assez stupides pour en reprendre pour cinquante ans ?

Et après une cinquantaine d’années à se farcir le numéro de premier violon solo de Marine Le Pen, faudra-t-il ensuite se farcir la petite fille, puis l’arrière-petite-fille Le Pen ?

Mais après tout, les militants du FN font ce qu’ils veulent ; je m’en fous royalement. Tout ce que j’en dis c’est que, si j’en étais, je ferais tout pour mettre en échec l’OPA de la famille Le Pen sur le parti.

C’était bien la peine de vilipender les dérives dynastiques en Afrique, en Corée du Nord ou à Cuba, pour venir maintenant se livrer à la même singerie, en France !

vendredi 1 octobre 2010

Memento

Dans notre série sur les "Ah, qu'il était doux, le bon vieux temps de la colonisation !", il m'est venu comme une envie de me remémorer les "bienfaits"  de l'oeuvre civilisatrice de la France - pour parler comme certain député de l'UMP -, par exemple à... Madagascar.


Le général Galliéni (gouverneur général de 1896 à 1903) déporte la reine Ranavalo et entreprend la "pacification" de l’île avec le colonel Lyautey.

Dans son désir d’accélérer le développement de l’île, il instaure le travail forcé et encourage la venue de colons européens. En réaction, les Malgaches rebelles forment des sociétés secrètes.

En mars 1946, deux jeunes députés malgaches, membres du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), Joseph Raseta et Joseph Ravoahangy, déposent sur le bureau de l’Assemblée Nationale à Paris, un projet de loi demandant l’indépendance de l’île dans le cadre de l’Union française. Vincent Auriol, alors président de l’Assemblée, refuse de faire imprimer ce texte car « c’était un acte d’accusation contre la France et, en somme, un appel à la révolte ». Le projet de loi est repoussé.

Aux élections législatives suivantes de novembre 1946, les trois sièges du second collège (réservés aux « indigènes »), sont remportés par les dirigeants du MDRM, Joseph Ravoahangy, Joseph Raseta et Jacques Rabemananjara.

En 1947, la Grande Île compte 4 millions d’habitants dont 35 000 Européens. C’est une colonie française dotée d’une assemblée élue, aux pouvoirs limités. Le refus obstiné des autorités françaises de modifier un tant soit peu le joug pesant sur les populations provoqua une révolte nationaliste.

L’insurrection de 1947

Le 29 mars 1947, l’île se soulève. L’administration n’est pas prise au dépourvu mais elle n’a rien fait pour empêcher l’insurrection.

A Diego-Suarez, Fianarantsoa et Tananarive, les insurgés sont tenus en échec. Ailleurs ils remportent des succès avant d’être refoulés. Des plantations européennes isolées sont attaquées.

La répression est impitoyable. Dès le mois d’avril, les autorités envoient à Madagascar un corps expéditionnaire de 18 000 hommes - essentiellement des troupes coloniales ; il sera porté à 30 000 hommes. L’armée française opère une répression aveugle : exécutions sommaires, torture, regroupements forcés, incendies de villages. Elle expérimente une nouvelle technique de guerre "psychologique" : des suspects sont jetés vivants d’un avion afin de terroriser les villageois de leur région...

(...)

Ces derniers jours, il a été question d'un rapport de l'ONU évoquant des faits de "génocide" à propos d'exactions commises par des militaires rwandais et ougandais dans la région africaine des Grands Lacs. Génocide, crime contre l'humanité, autant dire des crimes imprescriptibles.

Voilà qui devrait permettre à l'Algérie, à Madagascar, au Sénégal et à d'autres (ex. le Cameroun traité au napalm par Pierre Messmer) de porter les crimes qu'ils ont subis du fait du colonisateur devant la Cour pénale internationale ou toute autre cour, d'ailleurs, car rien n'interdit à ces pays de constituer leurs propres tribunaux, à l'instar de Nuremberg (1945).

Pour mémoire, le gouvernement français qui procède au génocide malgache, en cette année fatitique (22 janvier - 19 novembre) est dirigé par un certain Paul Ramadier, socialiste, et ce gouvernement de gauche compte cinq communistes.