mardi 13 janvier 2009

Bananarama

13 janvier 2009 (+ petit supplément illustré du 26 janvier)


Dans la série "Ça ne vous fait pas froid dans le dos ?", ce réquisitoire tonitruant d'Ulysse Gosset à propos de France 24. Et là, on se dit que, décidément, les mauvaises habitudes ont la peau dure ! Le seul pays d'Europe occidentale qui me fasse penser à une "banana republic" !





Et comme dans toute bonne république bananière, arachidière, cacaoyère, sucrière, diamantifère, ananasière, pétrolière... le roi a décidé, et annoncé sa décision au hasard d'une conférence de presse. Du coup, tout le microcosme a considéré que c'était déjà fait ! Il n'était que d'entendre et de lire les journaux, dans lesquels tout le monde s'exprimait à l'indicatif, le conditionnel étant le mode de l'hypothétique, n'est-ce pas ?

- Comment ça, 'déjà fait' ?, s'interrogèrent quelques naïfs.
- Parce que vous ne savez pas ?, rétorquèrent les autres. Ici, quand le chef décide, c'est comme si c'était déjà fait ! Mais où vous croyez-vous donc ?
- Et ça sert à quoi d'avoir un parlement, des députés, des sénateurs ?
- Allez donc demander à Robert Mugabe !

Une qui aurait fait une excellente ministre de la culture au sein du gouvernement de Mugabe, c'est cette pauvre préposée au sale boulot, avec ses airs d'intermittente du spectacle :

- "J'ai demandé au PDG de France-Télévision de prendre lui-même la décision de supprimer la publicité à partir du 5 janvier 2009." a-t-elle annoncé, visiblement consternée à l'idée que l'ordre du caudillo ne soit pas effectif à la date annoncée du 5 janvier 2009.

La pauvre femme avait juste oublié que la loi, pardon, le projet de loi (!) n'était pas encore passé(e) au Sénat.

- Le Sénat ?




Les sénateurs haussent le ton ? C'est ce que nous verrons !

Un casus belli, avait tonné François Baroin à l'endroit des centristes, dans l'hypothèse où ces derniers ne voteraient pas le budget. Le président de la République s'appelait Jacques Chirac et Monsieur Baroin était ministre. Mais les choses ont-elles changé depuis ?

Il faut vous dire que, dans nos républiques bananières, arachidières, caféyères, ananasières, diamantifères, aurifères, pétrolières..., le caudillo décide de tout, le parti majoritaire, autrefois unique, se chargeant de relayer les moindres desiderata du caudillo.

C'est dire si nous sommes fort curieux de voir de combien de décibels le ton va monter dans les travées du Sénat, étant entendu qu'il n'est pas énormément monté dans les travées de l'Assemblée Nationale, où certains élus semblent avoir oublié ce principe fort simple : un(e) élu(e) qui se respecte n'a de comptes à rendre qu'à celui qui l'a mis(e) là où il(elle) est, lequel, s'agissant des députés, ne peut être que le peuple !



Petit supplément illustré (Télérama, semaine du 26 janvier 2009)

La Gauche en a rêvé !


Si j'ai bien compris, les Français auraient dû élire Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 ! La belle affaire ! Il se trouve que je fais partie de ceux qui ont trouvé que Ségolène Royal a été, et de loin, la meilleure de tous les candidats, voire la meilleure candidate de gauche depuis fort longtemps. Seulement voilà, ce n'est pas moi qui décide. Mais entre nous, entendre qu'une mesure soit bonne parce que rêvée par la Gauche, ça ne vous donne pas envie de vous rouler par terre, de rire ?

Défaire la loi ? Il y en a à gauche qui l'annoncent, en cas d'alternance politique. Et c'est là que l'on aurait aimé entendre l'avis de Lionel Jospin, premier ministre entre 1997 et 2002, après un long passage au premier secrétariat du parti socialiste. Car c'est bien en qualité de Premier Secrétaire que M. Jospin nous a annoncé la renationalisation de TF1 (nous étions en 1987 ; l'interview doit se trouver dans les archives de l'INA) quand la Gauche reviendra aux affaires.

Tout le monde sait que Lionel Jospin, premier ministre, a renationalisé TF1 entre 1997 et 2002 !

Cette même Gauche nous avait annoncé, par la voix du ministre en charge de la Poste, Paul Quilès, que les PTT ne seraient jamais disloqués. Et puis on a vu la Poste être séparée de la téléphonie. C'était avant que le "brave" Michel Bon n'aille engloutir un petit paquet de milliards de pertes à la tête de France Télécom. Autrefois, on pouvait téléphoner dans tous les bureaux de poste, dans des cabines insonorisées. On pouvait même consulter les annuaires téléphoniques de toute la France, voire de l'Europe. Aujourd'hui, je défie quiconque de trouver un annuaire téléphonique opérationnel où que ce soit en France... Il faut dire qu'entre temps, France Télécom a mis en place des "agences commerciales" : des agences pour faire du commerce, pas pour servir la clientèle. Ce qui fait que, dans les agences commerciales de France Télécom, vous ne trouverez pas non plus le moindre annuaire téléphonique !

Pour mémoire :

Avril 1989 : M. Hubert Prévot, ancien commissaire général du Plan de 1981 à 1984, ancien secrétaire confédéral de la CFDT et membre du Parti socialiste, remet un prérapport à M. Paul Quilès, ministre des PTT de Michel Rocard, sur « la place du service public de la poste et des télécommunications » en France. Il évoque « un service public à vocation industrielle et commerciale, qui ne peut ignorer les lois du marché ».
Avril 1989 : M. Quilès, ministre des postes et télécommunications, estime, à propos du rapport Prévot, qu’« on ne dirige pas de grands ensembles comme les PTT avec un rétroviseur ni avec une godille ». Deux mois plus tard, il affirme que « le statu quo n’est pas possible, dans la mesure où il se traduirait par un déclin inéluctable et par l’abandon du service public ».
Mai 1990 : L’Assemblée nationale adopte la réforme des PTT par 284 voix (dont les 272 élus PS) contre 45 (dont les 26 députés communistes). Le 1er janvier 1991, La Poste et France Télécom perdent leur statut d’administration et deviennent deux établissements autonomes de droit public.
Mai 1992 : La Commission européenne publie un Livre vert favorable à un « dépoussiérage »des Postes nationales en introduisant des éléments de concurrence entre service public et entreprises privées.
Juin 1993 : la Commission européenne fixe au 1er janvier 1998 l’ouverture totale du secteur des télécommunications à la concurrence.
Juin 1999 : M. Karel Van Miert, commissaire européen chargé de la concurrence, explique : « La libéralisation du marché des télécoms était une priorité. Le développement technologique était tel que le monopole n’était plus de mise. Le service était souvent médiocre, les tarifs beaucoup trop élevés. Maintenant, que voit-on ? La création de plusieurs centaines d’entreprises, en France comme dans tous les autres pays de l’Union ! Quand on s’engage vraiment, il y a création nette d’emplois. »

"Le service était souvent médiocre." (sic), déclarait le bureaucrate bruxellois, qui demande à sa secrétaire de lui chercher un numéro de téléphone ; et, bien entendu, maintenant, le service est de grande qualité, tandis que les tarifs ont été tirés vers le bas.

Quand la droite se rêve en réalisatrice de rêves de gauche, on peut dire "qu'ensemble, tout est possible" !

Une "révolution socioculturelle"



Bonne question : la pub disparaît-elle réellement ?

Il paraît, donc, que nous allons avoir droit à une vraie révolution, et même socioculturelle, dixit Patrice Duhamel : finie la pub sur les chaînes publiques. La pub, oui, mais quelle pub ? Hermès, Givenchy, Lalique, les pianos Gaveau, Pleyel, Steinway, Bösendorfer..., ou des croquettes pour chiens et chats et des couches-culottes ? Parce que, jusqu'à présent, la pub à la télévision, c'est plutôt bas de gamme, si l'on excepte quelques marques automobiles.


Peut-on vraiment comparer de la publicité pour des pianos de concert et de la publicité pour des couches-culottes ? Au fond, n'est-il pas là, le principal handicap de la télévision française, à savoir son incapacité à attirer des annonceurs représentatifs de ces grandes maisons qui font la notoriété de l'industrie du luxe ?

Dans ces conditions, n'aurait-il pas mieux valu commencer par redorer le blason de l'audiovisuel public, en en faisant la vitrine de ce que la France, et le monde ont de plus prestigieux à offrir ? Pensons à Rolls-Royce, Ferrari, Bugatti, Daum, Vuitton et autres Cadillac...

Et, de fait, attirer les annonceurs les plus prestigieux aurait obligé la télévision de service public à ajuster ses programmes en conséquence, en les tirant vers le haut de gamme. Voilà ce que moi, j'aurais fait, au lieu de cette réforme bidon qui risque d'accoucher d'une souris.

Ils appellent ça une révolution socioculturelle. C'est ce que nous allons voir ! Et entre nous, j'ai comme un doute, surtout quand je vois qu'on (Duhamel Patrice) nous parle encore de "devoir d'audience" : signe d'une maîtrise plus qu'imparfaite de la langue française, l'anglais "the audience" (l'auditoire, donnée comptable) n'ayant que peu de rapport avec ce que d'aucuns appellent l'audience ! Maintenir le devoir d'audience ? Devoir fixé par qui ?

Le plus curieux, dans cette interview de M. Duhamel, c'est cette étrange phrase : "il sera d'ailleurs intéressant de voir comment vont se positionner les autres chaînes commerciales, comme TF1 ou M6." Notre directeur pensait-il vraiment ce qu'il disait ou sa langue a-t-elle fourché ? Les "autres chaînes commerciales" ? Autant dire que France 2, 3, etc. seraient donc des chaînes commerciales aux côtés de TF1, M6, etc. ? Le bel aveu que voilà !

Et l'on a vu : par un effet de mimétisme assez impressionnant, voilà que le JT de 20 heures de TF1 s'est mis à rapetisser tout d'un coup, après avoir subi une première retouche importante avec l'insertion d'une "enquête", pour répondre au "grand format" du JT de France 2.


Edito de Jean-Marc Morandini. Extraits :

"C'est une belle pagaille ! Un peu plus d'une semaine après la suppression de la pub sur France Télévision, force est de constater que personne n'y comprend plus rien quant aux horaires de début de programmes. Pourtant, au départ, les choses étaient simples. TF1 avait affirmé ne rien vouloir changer en commençant ses soirées à 20h50... Dix jours plus tard, où en est-on ? La Une ne cesse de changer ses horaires de prime au point qu'il est impossible de savoir avec précision quand les programmes débutent."

C'était à prévoir ; le comble est qu'il y en ait qui feignent de s'en étonner !

Et l'on se dit que c'est probablement là, et pas ailleurs, que devrait résider la révolution socioculturelle que Monsieur Duhamel Patrice nous annonce un peu présomptueusement : une révolution qui consisterait en un sevrage ou au cisaillement d'un cordon ombilical, voire à une séparation de frères siamois !



Frères siamois





Les "cent meilleures audiences" : TF1 = 96 %, autres = 4 %. Information ou propagande ?


Il faut comprendre que France Télévisions dépense des millions d'euros chaque année pour se payer des sondages bidonnés, le tout pour se retrouver parmi ces fameux 4 %, autant dire pour se contenter de miettes !

Comment ne pas voir qu'il y a un "syndrome siamois" entre TF1 et France 2, syndrome qui a vu, dans un premier temps, les journaux de 20 heures se prolonger de manière synchrone vers les 20 h 45, comme certains films (de l'équipe du Splendid, par exemple) ont été programmés au même moment (surtout de la part de TF1), pour contrer le film d'en face, sur France 2, comme d'étranges déprogrammations sont intervenues (surtout sur TF1) pour contrer la saga estivale ou l'émission spéciale du camp d'en face, comme Koh Lanta a souvent migré sur la grille des programmes, etc.

Il n'a donc pas fallu attendre longtemps pour voir TF1 ajuster son journal de 20h au seul journal concurrent, de l'avis des gens de TF1: le JT de France 2 ! Parce qu'à TF1, il va sans dire qu'il n'y a qu'une chaîne concurrente : France 2 ! Le plus incroyable est qu'ils ne cherchent même pas à s'en cacher !

M'enfin, s'écrieront quelques naïfs : il n'y plus de réelle concurrence, dès lors qu'il n'y a plus de pub sur le service public. TF1 devrait plutôt se polariser sur M6. Oui, mais c'est sans compter sur un atavisme ancien, qui veut que la télévision française soit encore dirigée par des dinosaures sortis tout droit du temps où il n'y avait qu'une ou deux chaînes ! Ce qui fait qu'on ne se reconnaît qu'un adversaire : l'adversaire historique ! Et tant pis si la TNT multiplie le nombre de chaînes hertziennes par trois, ou si le câble et le satellite drainent les chaînes par centaines ! Pour les gens de TF1, il n'y a qu'une chaîne concurrente - et c'est cette névrose qui devrait les perdre ! - : France 2, et le fait que cette dernière soit privée de publicité après 20 heures n'y change rien.

Ce qui révèle, au passage, la vraie raison d'être de l'audimat : faire du service public le chien-chien de TF1, ce qui est le cas depuis l'offre de la chaîne à Bouygues et qui nous ramène à des pratiques de banana republic, la France étant le seul pays du monde occidental où l'on ait offert une chaîne publique à un entrepreneur privé, chose que ni Margaret Thatcher, ni Silvio Berlusconi n'ont osé réaliser chez eux !

Partout ailleurs, l'apparition de chaînes privées s'est faite "sui generis", les chaînes en question ayant été créées à partir des seules ressources de leurs créateurs, à l'instar de Canal Plus ou de M6. Mais il a fallu qu'une droite particulièrement bête et stupide, puissamment secondée, il est vrai, par une gauche incompétente à force d'inconséquence (Lionel Jospin annonçant, en 1987, le retour de TF1 dans le giron du service public !), fasse cadeau à un entrepreneur privé d'une chaîne publique historique, ce qui, en soit, constitue une forfaiture.

Imaginons, un instant, que la Gauche française, par le truchement de ses deux principaux détenteurs de pouvoir des deux dernières décennies : François Mitterrand et Lionel Jospin, ait été douée d'imagination et d'intelligence politique, pour, par exemple, instaurer le principe du referendum d'initiative populaire, et qu'en 1987, le peuple français ait été saisi par referendum d'initiative populaire pour ou contre la privatisation de TF1...

Cette privatisation aurait été rejetée par les Français, et nous ne serions pas, actuellement, en train de perdre notre temps à épiloguer sur le bon ou mauvais usage de la dernière lubie d'un caudillo !

Et les jérémiades pleines de remords, assorties de larmes de crocodile, de celui dont tout le monde a oublié qu'il fut, un jour, Ministre de la Culture - funeste destinée que celle d'exécuteur/trice des basses oeuvres ! -, le pauvre François Léotard ("je regrette qu'il n'y ait pas eu de 'mieux disant culturel' sur TF1", expliquait-il à Michel Drucker.) - n'y changeront rien.

En son temps, Valéry Giscard d'Estaing rêvait déjà de démanteler l'ORTF, et il y est parvenu. Et pourtant, tout porte à croire qu'on n'en soit jamais sorti, de cet ORTF, TF1 et France 2 étant rattachées comme par un fil invisible qui tiendrait du cordon ombilical, ou pire, de la laisse qui relie le maître à son chien-chien !

Pourquoi s'étonner, dans ces conditions, que la disparition de la publicité sur le service public oblige TF1 à raccourcir ses propres journaux ? Il n'y a plus de publicité dans le camp d'en face, publicité récupérée par les chaînes privées ? TF1 devrait en être ravie ? Pas du tout ! Voilà la chaîne Bouygues qui s'énerve, s'agite, bouscule ses programmes, montre combien elle est facile à déstabiliser !



(...) La Une joue l'indifférence. Raccourcir le JT n'est pas à l'ordre du jour et on ne touche pas aux débuts de soirée... Cette bonne blague !

Parce que, plus importante apparemment que les recettes publicitaires est la publication quotidienne des sondages, le fameux "dimat" des Guignols de Canal Plus, fondé sur des bidonnages systématiques !


Le "quotidien de référence" des intellectuels français participe lui aussi au décervelage ambiant : ici, il n'est nullement question de la qualité des programmes ! A ce petit jeu, on en viendrait à croire que Marc Levy est un bien plus grand écrivain que Toni Morrisson, prix Nobel de littérature, tout simplement parce qu'il vend plus de livres qu'elle ! Le problème est qu'aux sondages publiés ci-dessus, il manque manifestement une information essentielle, que l'on a délibérément passée à la trappe : le mode de réalisation des enquêtes.

L'audimat, voilà la clé de la course au mimétisme évoquée plus haut. Et quand Monsieur Duhamel Patrice nous parle d'exigence d'audience, on est en droit de s'attendre au pire !



Gourdes et maquereaux










RTL, première radio de France, NRJ, première radio sur les jeunes, Skyrock, première radio Rap et R'n B, forte progression de l'audience d'Europe 1, BFM, première chaîne Info à la télévision, France Infos, première radio d'infos, etc.

Source unique de tous ces communiqués (faussement) triomphaux : la firme Médiamétrie, que j'ai coutume d'appeler ME(R)DIAMETRIE : principale responsable de la merdiocratisation des programmes de télévision et de radio en France, de la disparition de tant de programmes intelligents, vite remplacés par des jeux et talk shows de m...

Et quand Duhamel dit "devoir d'audience", tout le monde a compris que les sondages de ME(R)DIAMETRIE vont continuer de tomber tous les jours, repris par les gourdes et crétins de service sur RTL, Europe 1, France Infos, France Inter, voire Le Monde...



13 millions de téléspectateurs par-ci, 7,5 millions par-là, et encore 3 millions par-là, record d'audience par-ci, excellent score par-là... Ces organes de presse font-ils de l'information ou de la propagande, étant entendu qu'en la matière, ils sont juges et parties ? Et comment accorder la moindre crédibilité à ce genre de manipulation ?

Parce qu'il faut bien se poser la question de l'objectivité des organes de presse concernés, par rapport aux sondages de Me(r)diamétrie : n'est-il pas, en effet, étrange de constater que le grand public ignore tout ou presque de ce fameux organisme de sondages, qui semble s'exonérer des règles régissant le secteur ?

Me(r)diamétrie est, en effet, le seul organisme de sondages qui se permette de ne jamais afficher la fiche technique ad hoc, pourtant impérative, tout en affichant des résultats en millions de téléspectateurs, les deux paradigmes étant parfaitement incompatibles l'un avec l'autre. En effet : si l'on affiche une notice du type: sondage effectué auprès d'un panel de 3100 foyers, ce qui est le cas chez Me(r)diamétrie, il est absolument inimaginable que l'on affirme, dans la foulée, que telle chaîne a obtenu huit millions de téléspectateurs, telle autre 6,5 millions, etc., tout comme il est invraisemblable d'afficher une précision de l'ordre de la dizaine de téléspectateurs, comme cela nous est annoncé quotidiennement par la gourde de service du matin, sur RTL et autres crétins et idiots de service sur Europe 1, France Inter, France Infos, etc.

Voilà donc des organes de presse (TF1, M6, Europe 1, Le Monde, Télé Sept Jours, Télé Star, Télé Machin, Télé Chose..., RTL, Europe 1, France Inter, France Infos, etc.) pris en flagrant délit de publication de fausses informations. Désinformateurs professionnels, donc, qui choisissent délibérément de bidonner des informations, en dissimulant à leur public l'information essentielle : un panel microscopique de 3100 foyers. Tout le reste est bidon !

Et c'est là qu'on s'interroge sur les vraies motivations de France Télévision, de continuer à pratiquer ce culte des sondages bidonnés. Parce qu'enfin, les statistiques sont claires : ce système audimatesque n'a qu'un gagnant : TF1, qui peut, à juste titre, jouer les triomphateurs, grâce à des sondages bidonnés. Et que fait France Télévision ? Elle se couche !

Il faut dire que la tradition vient de loin, le premier grand responsable de cette couillonnade étant Hervé Bourges, ce donneur de leçons ! Car c'est bien lui qui a engagé France Télévision dans la course à l'audimat, les autres n'ayant fait qu'enfoncer le clou dans la marche à la dépendance par rapport à TF1, une sorte de téhefunisation. Et voilà comment le service public de télévision est devenu le chien-chien de TF1, se contentant des miettes d'audimat laissées par la Une...

Car, entre nous, comment ils font, les de Carolis, les Duhamel, pour ne pas se sentir humiliés par le fait de devoir toujours avoir TF1, cette chaîne bas de gamme, comme Alpha et Oméga ?

Une révolution socioculturelle ? Chiche ! Mais celle-là passe nécessairement par la libération du service public de l'audiovisuel du cordon ombilical qui le relie si étroitement, depuis plus de 20 ans, à la chaîne de Bouygues. En fait de cordon ombilical, je préfère parler de laisse, celle qui relie le toutou ou le chienchien à sa maîtresse : "Fais ici !", "Fais pas là", "Assis !", "Couché !"

Imaginez, une seconde, que le "roi de France" ait eu de l'imagination, et qu'au lieu de sortir de son chapeau cette histoire de fin de la publicité sur France Télévision et RadioFrance, il ait imaginé une expérience toute simple : deux semaines sans audimat sur les chaînes publiques, juste pour voir comment elles pourraient travailler sans la pression audimatesque.

Pas deux semaines sans pub mais deux semaines sans audimat, juste pour voir !

Au fond, il sert à quoi, cet audimat ? Je veux parler de cet audimat payé par France Télévision et Radio France ? Parce qu'il semble que de l'argent public soit injecté en masse dans les caisses de ME(R)DIAMETRIE, cette usine à bidonner les sondages, le tout pour un rendement plus que discutable.

On pensait que c'était aux annonceurs de chercher à apprécier l'étendue du retour sur investissement (publicitaire) en commandant les sondages ad hoc auprès des organismes spécialisés. Mais pourquoi l'audiovisuel public investit-il des millions pour une mission qui n'est pas la sienne ? Et pourquoi faut-il que France Télévision soit présente dans le capital de cette usine à fabriquer de la "M" qu'est ME(R)DIAMETRIE ?

Les sondages de Me(r)diamétrie sont des bidonnages qui relèvent des juridictions pénales au titre de la diffusion de fausses informations, et il est assez ahurissant que l'on (les pouvoirs publics, le CSA) continue de fermer les yeux sur ce scandale, comme on est estomaqué de voir l'argent public, via Radio France et France Télévision, couler à flots dans les caisses d'une entreprise dont les méthodes sont dignes de Josef Goebbels !

Et quand le président de France Télévision vient pleurnicher devant micros et caméras, en prétendant que les comptes n'y sont pas, visiblement, il se moque du monde ; et c'est là qu'on aimerait lui rappeler que si de l'argent manque dans les caisses, qu'il commence alors par ne pas en jeter par les fenêtres en en faisant cadeau à des désinformateurs professionnels ! Et qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a que cette technique-là qui permette de consulter le public ! Ils sont des centaines de milliers à voter, tous les ans, pour l'élection de Miss France !



    • Interdire à Radio France et à France Télévision d'investir ne serait-ce qu'un centime d'euro dans une entreprise privée de désinformation, telle devrait être une des missions importantes des législateurs occupés à débattre de la réforme de l'audiovisuel public.

    • Interdire à Me(r)diamétrie de produire des sondages bidonnés, ainsi qu'à tout organe de la presse écrite ou audiovisuelle d'en publier, sous peine de sanctions pénales, telle devrait être une autre mission importante incombant au législateur ; on imagine, par exemple, un amendement au projet de loi sur l'audiovisuel.


    • Exiger de la gourde de service sur RTL ("la première radio de France !", en matière de désinformation, s'entend !) et des crétins de service sur Europe 1, France Inter, France Infos, Télé7 jours, Téléstar, Télémachin, Téléchose, Le Monde..., qu'ils mentionnent automatiquement les informations relatives à la date de réalisation d'un sondage ainsi que l'effectif du panel sondé (soit autour de 3000 foyers), tout manquement à cette procédure étant passible de sanctions tant civiles, pénales que financières.

    Parce qu'à la vérité, entre ME(R)DIAMETRIE et France Télévision, les liens ne sont pas ceux existant entre prestataire de service et client, mais bien ceux rattachant une prostituée à son ou ses souteneurs ou maquereaux, eux-mêmes étant en position de prostituées face à ces autres maquereaux que sont les annonceurs.


    (...) Jusqu'à présent, le sujet restait plus ou moins tabou dans les chaînes. Dépendantes de la publicité pour leur financement, et actionnaires de Médiamétrie... Où l'on apprend ce que l'on savait déjà depuis belle lurette : les téléspectateurs ne regardent pas les pubs ! (Le Monde-Télévision, 18.01.09)

    Cela dit, il n'est pas inenvisageable, de la part des pékins que nous sommes, d'engager des poursuites judiciaires, par exemple au pénal, contre tel(le) journaliste, organe de presse écrite ou audiovisuelle, coupable de diffusion de fausses nouvelles ou de mensonge caractérisé. Et les décisions de justice à venir ne manqueraient pas de faire jurisprudence.


    Kapos et garde-chiourme





    Faire désigner les dirigeants de l'audiovisuel public par leur employeur naturel qu'est l'actionnaire principal ? Pourquoi pas ? Le problème est que ce n'est le cas ni en Grande-Bretagne, ni en Allemagne, ni dans aucun pays développé de référence, l'Italie étant l'anomalie qui infirme la règle : Silvio Berlusconi aurait dû être interdit de toute pratique politique, étant donnée son implication dans les médias du pays, qui fausse singulièrement le jeu normal d'une saine compétition politique.

    On ne voit donc pas en quoi cette nomination par le "roi de France" ferait avancer les principes démocratiques laborieusement établis par les diverses lois sur l'audiovisuel, lois qui se sont toujours appliquées à (j'ouvre les guillemets) "libérer les dirigeants de l'audiovisuel public de la mainmise des politiques" (je ferme les guillemets).

    Mais au fait, qu'entend-on exactement par "actionnaire" ?

    La redevance de 116 euros, payée par tous les détenteurs d'un téléviseur, contribue bien à financer les chaînes de l'audiovisuel public, non ?! Ce qui fait des payeurs de ladite redevance des actionnaires de fait, non ?! Et voilà comment, forts de cette réalité, nos parlementaires vont nous concocter un bel amendement à la loi sur l'audiovisuel public, prévoyant la prise en compte de l'avis des contribuables payant la redevance audiovisuelle en leur qualité d'actionnaires de fait de l'audiovisuel public. Du coup, les PDG de France Télévisions et Radio France seraient bien désignés, non pas par un "actionnaire" (alias le gouvernement ou le 'roi de France'), mais bien par l'ensemble des actionnaires que sont les contribuables.

    Une désignation on ne peut plus démocratique ! Vous imaginez l'autorité dont jouirait un PDG de France Télévision ou de Radio France, qui aurait été élu par le peuple français ?

    Et là, je dis : CHICHE !

    Observons, en passant, que si, depuis François Mitterrand, on a bien tenté de couper le cordon (ombilical), ou mieux, la laisse faisant des dirigeants de l'audiovisuel public les chiens-chiens du pouvoir politique, avec ligne directe de téléphone, comme au bon vieux temps d'Alain Peyrefitte et d'un certain général, les employés de l'audiovisuel public, quant à eux, n'ont jamais bénéficié du moindre dispositif les protégeant des oukases de leurs dirigeants.

    C'est ainsi qu'on a pu voir, tout récemment, l'émission de Daniel Mermet (Là-Bas si j'y suis, France Inter), irrémédiablement déplacée de 17 heures à 15 heures, par décision du petit Staline (d'aucuns diraient du petit Kapo) de France Inter, et ce, malgré moult protestations des auditeurs, pourtant modestes et géniaux. Plus récemment encore, l'ami Frédéric Bonnaud a dû quitter précipitamment France Inter, pour avoir manifestement déplu à un Kapo, tout comme ce cher Frédéric Ferney a vu son émission littéraire, sur France 5, purement et simplement rayée de la carte par le petit Kapo de service. Je pense encore à RFI (laquelle, il est vrai, ne dépend pas du CSA, et alors ?) et à quelques mises au placard voire départs retentissants. Et comment oublier l'infortune d'Ulysse Gosset, que nous rappelons ici...




    Extraits :

    - Vous êtes viré de France 24, dont vous êtes un des fondateurs. Pourquoi ?

    - Je me pose toujours la question et je ne suis pas le seul. (...) Quant à l'audience, je suis consterné. Nous n'avons jamais eu les audiences, on les demande, mais en vain. Alain de Pouzilhac fait référence à une étude totalement mystérieuse (...) réalisée sur 240 personnes dans 4 pays. Qu'il la publie, cette étude !

    Où l'on voit que l'audimat est aussi, et surtout, un outil de coercition utilisé par les dirigeants de chaînes pour justifier quelques réglements de comptes internes et quelques mises au placard. On voit bien que c'est un instrument qui n'apporte strictement rien dans l'amélioration des rapports entre les chaînes et le public. Ce n'est qu'un instrument de propagande et de coercition.



    Les chaînes privées continuent à raisonner en Audimat plutôt qu'en qualité des programmes... Elles ont tort.

    Ce lecteur du Monde.fr a aussi tort en accusant les seules chaînes privées de s'adonner encore au dieu Audimat. Les chaînes publiques continuent, elles aussi, de pâtir du manque d'imagination de leurs dirigeants, en raison, notamment, des liens de subordination les rattachant à Me(r)diamétrie, l'argument du manque d'audience de telle ou telle émission n'étant qu'un prétexte fallacieux. Pensons à Animalia, Cinéma Cinéma, Moi je, au Divan de Chapier, et autres programmes de référence.

    Autant dire qu'inventer une Haute Autorité ou un CSA pour, soi-disant protéger les dirigeants de l'audiovisuel de l'ingérence des politiques était une mesure nécessaire mais manifestement insuffisante !

    Et c'est là que j'entends, un jour, à la télévision, ce spot où l'on nous assène qu'à France Télévision, le premier partenaire, c'est vous ! Et là je me dis : "Non, mais sans blague ! Nous prendrait-on enfin au sérieux, nous autres chers téléspectateurs et chers z'auditeurs ?!" Parce que, si on commence à tenir compte de nos desiderata, alors, du coup, on va l'avoir, la fameuse révolution socio-culturelle chère à Monsieur Duhamel Patrice ! Le fait est que le site Internet de France Télévision recueille désormais l'avis des téléspectateurs, que l'on peut, ainsi, "sonder" de manière rapide et peu coûteuse ! Autant dire que l'audimat est en train de vivre ses derniers instants !

    Star Académie, Nouvelle Star, Élection de Miss France... : le public appelle, et, en temps réel, son avis est enregistré et peut faire basculer un résultat. Sur RTL, tous les week-ends, l'émission Stop ou Encore permet aux auditeurs d'influer sur une programmation ; il y avait aussi cet ancien programme du samedi, sur TF1, qui permettait aux téléspectateurs de choisir les séries diffusées dans l'après-midi ; on a encore le Téléphone sonne, sur France Inter, C dans l'air, sur France 5, toutes émissions faisant copieusement appel à l'avis du public...

    Et l'on continue de nous imposer de nouveaux programmes, voire à nous priver d'émissions, uniquement par voie d'oukases à la mode stalinienne, en se moquant éperdument de l'avis du public.

    Et si députés et sénateurs faisaient preuve, une fois n'est pas coutume, d'un peu d'imagination, en nous amendant cette ineptie concoctée par l'intermittente du spectacle du ministère dit de "la culture" ? Cela pourrait prendre, par exemple, la forme d'un amendement au projet de loi sur l'audiovisuel public, amendement imposant que le public soit massivement consulté avant toute déprogrammation ou modification de programme. Le même amendement pourrait accorder un droit de veto au personnel des chaînes lors de la nomination d'un chef de service voire de la (pro)déprogrammation d'une émission.

    En bon français, ça s'appelle la démocratie !

    Les outils ? Le téléphone, les SMS, Internet, etc.

    Rêvons un peu, et supposons que les dirigeants de l'audiovisuel public aient - une fois n'étant pas coutume ! - un peu d'imagination. Ça pourrait nous donner, par exemple, sur France 2, 3, 4, 5, entre les émissions, de petits spots invitant les téléspectateurs à noter l'émission qu'ils viennent de voir ou qu'ils vont voir, en se connectant sur Internet ou via le téléphone. Et à la fin de l'émission, on nous afficherait, en direct, les statistiques élaborées par les ordinateurs, sous la forme, par exemple, d'un camembert, avec en vert, ceux qui ont adoré l'émission, en orange ceux qui l'ont trouvée intéressante, et en rouge ceux qui ont détesté. Thierry Ardisson avait déjà eu cette idée, lorsqu'il animait son fameux ARDIMAT, sur la Cinquième de Berlusconi, me semble-t-il. Mais je ne pense pas qu'il soit propriétaire du concept consistant à faire noter une émission par le public !

    On pourrait même imaginer une émission du type de l'"Hebdo du médiateur", au cours de laquelle le médiateur en question viendrait commenter, en compagnie de tel animateur, journaliste ou producteur, les résultats des statistiques hebdomadaires.

    On me dit que France Télévision concocte déjà une sorte de Qualimat ?




    France Télévisions publie, depuis un an, un baromètre qualitatif mensuel portant sur les programmes de 1ère et de 2ème partie de soirée pour France2 et France3, et sur l'ensemble des émissions de France5. Les notes sont données par un panel de plusieurs milliers de téléspectateurs, représentatif de la population...

    Ben voilà une idée qu'elle est bonne, comme aurait dit Coluche. Je suggère seulement d'aller plus loin : ce "qualimat"-là est mensuel. Pourquoi ne pas le rendre quotidien ? Et puis, pourquoi se contenter d'un panel soi-disant représentatif ? A la Nouvelle Star ou à Star Académie, pour l'élection de Miss France, c'est bien en temps réel que les votes du public sont pris en compte, non ?

    France Télévisions a largement les moyens d'innover en matière de consultation du public, et si, d'aventure - ce dont je doute -, Thierry Ardisson était le propriétaire du concept de la notation des émissions en direct par les téléspectateurs, alors il faudra lui en payer un bon prix, qui sera, de toute façon, bien inférieur aux paquets de millions d'argent public que l'on dilapide chaque année au profit de Me(r)diamétrie.

    Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est que les dirigeants de l'audiovisuel, public et privé, n'aient pas encore réalisé que l'on avait changé d'époque : une de mes voisines, qui avait besoin de faire vérifier son installation de télévision par câble, m'a prié de lui donner un coup de main pour localiser des chaînes arabes. J'ai pris la télécommande et appuyé six cents fois sur le bouton ; à chaque fois, j'ai entendu une nouvelle langue ; la chose m'a pris une bonne vingtaine de minutes. Et l'on nous annonce des chaînes de télévision sur téléphone portable et autres gadgets portatifs.

    Autant dire que l'audimat et la télévision de Grand Papa, c'est vraiment de l'histoire ancienne !




    Me(r)diamétrie




    ...ou le triomphe de la propagande et des méthodes de... Josef Goebbels !


    Scoop : les téléspectateurs ont modifié leurs habitudes cette semaine !





    Anglais de cuisine : the audience (1)


    Score diabolique (sic) ; TF1 - France 2 - France 3 - M6 - W9..., pour un paysage audiovisuel incroyablement squelettique ! Je me demande si le plus pitoyable, là-dedans, ce n'est pas encore cette presse écrite tellement indigente qu'elle en est réduite à remplir ses pages avec n'importe quoi !





    Anglais de cuisine (2)





    Anglais de cuisine (3)






    Anglais de cuisine (4)




    Anglais de cuisine (5)




    Anglais de cuisine (6)





    Anglais de cuisine (7)



    (...) L'audience de son émission 'Service maximum' a encore chuté entre lundi et jeudi, passant sous la barre de 10 % de part d'audience pour s'installer ) 8,8 %, soit 1,7 million de téléspectateurs en moyenne. Définitivement trop peu pour la direction des programmes de la chaîne. [Ah bon !!!] "Avec un tel niveau d'audience (the audience = l'auditoire), il ne va plus pouvoir tenir très longtemps", nous confirmait-on hier du côté de France Télévisions. JDD, 11.01.09






    Anglais de cuisine (8)






    Anglais de cuisine (9)







    Petit supplément illustré (Site Arrêt sur Image, 27 janvier 2009)