mardi 13 janvier 2009

Bananarama

13 janvier 2009 (+ petit supplément illustré du 26 janvier)


Dans la série "Ça ne vous fait pas froid dans le dos ?", ce réquisitoire tonitruant d'Ulysse Gosset à propos de France 24. Et là, on se dit que, décidément, les mauvaises habitudes ont la peau dure ! Le seul pays d'Europe occidentale qui me fasse penser à une "banana republic" !





Et comme dans toute bonne république bananière, arachidière, cacaoyère, sucrière, diamantifère, ananasière, pétrolière... le roi a décidé, et annoncé sa décision au hasard d'une conférence de presse. Du coup, tout le microcosme a considéré que c'était déjà fait ! Il n'était que d'entendre et de lire les journaux, dans lesquels tout le monde s'exprimait à l'indicatif, le conditionnel étant le mode de l'hypothétique, n'est-ce pas ?

- Comment ça, 'déjà fait' ?, s'interrogèrent quelques naïfs.
- Parce que vous ne savez pas ?, rétorquèrent les autres. Ici, quand le chef décide, c'est comme si c'était déjà fait ! Mais où vous croyez-vous donc ?
- Et ça sert à quoi d'avoir un parlement, des députés, des sénateurs ?
- Allez donc demander à Robert Mugabe !

Une qui aurait fait une excellente ministre de la culture au sein du gouvernement de Mugabe, c'est cette pauvre préposée au sale boulot, avec ses airs d'intermittente du spectacle :

- "J'ai demandé au PDG de France-Télévision de prendre lui-même la décision de supprimer la publicité à partir du 5 janvier 2009." a-t-elle annoncé, visiblement consternée à l'idée que l'ordre du caudillo ne soit pas effectif à la date annoncée du 5 janvier 2009.

La pauvre femme avait juste oublié que la loi, pardon, le projet de loi (!) n'était pas encore passé(e) au Sénat.

- Le Sénat ?




Les sénateurs haussent le ton ? C'est ce que nous verrons !

Un casus belli, avait tonné François Baroin à l'endroit des centristes, dans l'hypothèse où ces derniers ne voteraient pas le budget. Le président de la République s'appelait Jacques Chirac et Monsieur Baroin était ministre. Mais les choses ont-elles changé depuis ?

Il faut vous dire que, dans nos républiques bananières, arachidières, caféyères, ananasières, diamantifères, aurifères, pétrolières..., le caudillo décide de tout, le parti majoritaire, autrefois unique, se chargeant de relayer les moindres desiderata du caudillo.

C'est dire si nous sommes fort curieux de voir de combien de décibels le ton va monter dans les travées du Sénat, étant entendu qu'il n'est pas énormément monté dans les travées de l'Assemblée Nationale, où certains élus semblent avoir oublié ce principe fort simple : un(e) élu(e) qui se respecte n'a de comptes à rendre qu'à celui qui l'a mis(e) là où il(elle) est, lequel, s'agissant des députés, ne peut être que le peuple !



Petit supplément illustré (Télérama, semaine du 26 janvier 2009)