mardi 13 janvier 2009

La Gauche en a rêvé !


Si j'ai bien compris, les Français auraient dû élire Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 ! La belle affaire ! Il se trouve que je fais partie de ceux qui ont trouvé que Ségolène Royal a été, et de loin, la meilleure de tous les candidats, voire la meilleure candidate de gauche depuis fort longtemps. Seulement voilà, ce n'est pas moi qui décide. Mais entre nous, entendre qu'une mesure soit bonne parce que rêvée par la Gauche, ça ne vous donne pas envie de vous rouler par terre, de rire ?

Défaire la loi ? Il y en a à gauche qui l'annoncent, en cas d'alternance politique. Et c'est là que l'on aurait aimé entendre l'avis de Lionel Jospin, premier ministre entre 1997 et 2002, après un long passage au premier secrétariat du parti socialiste. Car c'est bien en qualité de Premier Secrétaire que M. Jospin nous a annoncé la renationalisation de TF1 (nous étions en 1987 ; l'interview doit se trouver dans les archives de l'INA) quand la Gauche reviendra aux affaires.

Tout le monde sait que Lionel Jospin, premier ministre, a renationalisé TF1 entre 1997 et 2002 !

Cette même Gauche nous avait annoncé, par la voix du ministre en charge de la Poste, Paul Quilès, que les PTT ne seraient jamais disloqués. Et puis on a vu la Poste être séparée de la téléphonie. C'était avant que le "brave" Michel Bon n'aille engloutir un petit paquet de milliards de pertes à la tête de France Télécom. Autrefois, on pouvait téléphoner dans tous les bureaux de poste, dans des cabines insonorisées. On pouvait même consulter les annuaires téléphoniques de toute la France, voire de l'Europe. Aujourd'hui, je défie quiconque de trouver un annuaire téléphonique opérationnel où que ce soit en France... Il faut dire qu'entre temps, France Télécom a mis en place des "agences commerciales" : des agences pour faire du commerce, pas pour servir la clientèle. Ce qui fait que, dans les agences commerciales de France Télécom, vous ne trouverez pas non plus le moindre annuaire téléphonique !

Pour mémoire :

Avril 1989 : M. Hubert Prévot, ancien commissaire général du Plan de 1981 à 1984, ancien secrétaire confédéral de la CFDT et membre du Parti socialiste, remet un prérapport à M. Paul Quilès, ministre des PTT de Michel Rocard, sur « la place du service public de la poste et des télécommunications » en France. Il évoque « un service public à vocation industrielle et commerciale, qui ne peut ignorer les lois du marché ».
Avril 1989 : M. Quilès, ministre des postes et télécommunications, estime, à propos du rapport Prévot, qu’« on ne dirige pas de grands ensembles comme les PTT avec un rétroviseur ni avec une godille ». Deux mois plus tard, il affirme que « le statu quo n’est pas possible, dans la mesure où il se traduirait par un déclin inéluctable et par l’abandon du service public ».
Mai 1990 : L’Assemblée nationale adopte la réforme des PTT par 284 voix (dont les 272 élus PS) contre 45 (dont les 26 députés communistes). Le 1er janvier 1991, La Poste et France Télécom perdent leur statut d’administration et deviennent deux établissements autonomes de droit public.
Mai 1992 : La Commission européenne publie un Livre vert favorable à un « dépoussiérage »des Postes nationales en introduisant des éléments de concurrence entre service public et entreprises privées.
Juin 1993 : la Commission européenne fixe au 1er janvier 1998 l’ouverture totale du secteur des télécommunications à la concurrence.
Juin 1999 : M. Karel Van Miert, commissaire européen chargé de la concurrence, explique : « La libéralisation du marché des télécoms était une priorité. Le développement technologique était tel que le monopole n’était plus de mise. Le service était souvent médiocre, les tarifs beaucoup trop élevés. Maintenant, que voit-on ? La création de plusieurs centaines d’entreprises, en France comme dans tous les autres pays de l’Union ! Quand on s’engage vraiment, il y a création nette d’emplois. »

"Le service était souvent médiocre." (sic), déclarait le bureaucrate bruxellois, qui demande à sa secrétaire de lui chercher un numéro de téléphone ; et, bien entendu, maintenant, le service est de grande qualité, tandis que les tarifs ont été tirés vers le bas.

Quand la droite se rêve en réalisatrice de rêves de gauche, on peut dire "qu'ensemble, tout est possible" !