mardi 13 janvier 2009

Une "révolution socioculturelle"



Bonne question : la pub disparaît-elle réellement ?

Il paraît, donc, que nous allons avoir droit à une vraie révolution, et même socioculturelle, dixit Patrice Duhamel : finie la pub sur les chaînes publiques. La pub, oui, mais quelle pub ? Hermès, Givenchy, Lalique, les pianos Gaveau, Pleyel, Steinway, Bösendorfer..., ou des croquettes pour chiens et chats et des couches-culottes ? Parce que, jusqu'à présent, la pub à la télévision, c'est plutôt bas de gamme, si l'on excepte quelques marques automobiles.


Peut-on vraiment comparer de la publicité pour des pianos de concert et de la publicité pour des couches-culottes ? Au fond, n'est-il pas là, le principal handicap de la télévision française, à savoir son incapacité à attirer des annonceurs représentatifs de ces grandes maisons qui font la notoriété de l'industrie du luxe ?

Dans ces conditions, n'aurait-il pas mieux valu commencer par redorer le blason de l'audiovisuel public, en en faisant la vitrine de ce que la France, et le monde ont de plus prestigieux à offrir ? Pensons à Rolls-Royce, Ferrari, Bugatti, Daum, Vuitton et autres Cadillac...

Et, de fait, attirer les annonceurs les plus prestigieux aurait obligé la télévision de service public à ajuster ses programmes en conséquence, en les tirant vers le haut de gamme. Voilà ce que moi, j'aurais fait, au lieu de cette réforme bidon qui risque d'accoucher d'une souris.

Ils appellent ça une révolution socioculturelle. C'est ce que nous allons voir ! Et entre nous, j'ai comme un doute, surtout quand je vois qu'on (Duhamel Patrice) nous parle encore de "devoir d'audience" : signe d'une maîtrise plus qu'imparfaite de la langue française, l'anglais "the audience" (l'auditoire, donnée comptable) n'ayant que peu de rapport avec ce que d'aucuns appellent l'audience ! Maintenir le devoir d'audience ? Devoir fixé par qui ?

Le plus curieux, dans cette interview de M. Duhamel, c'est cette étrange phrase : "il sera d'ailleurs intéressant de voir comment vont se positionner les autres chaînes commerciales, comme TF1 ou M6." Notre directeur pensait-il vraiment ce qu'il disait ou sa langue a-t-elle fourché ? Les "autres chaînes commerciales" ? Autant dire que France 2, 3, etc. seraient donc des chaînes commerciales aux côtés de TF1, M6, etc. ? Le bel aveu que voilà !

Et l'on a vu : par un effet de mimétisme assez impressionnant, voilà que le JT de 20 heures de TF1 s'est mis à rapetisser tout d'un coup, après avoir subi une première retouche importante avec l'insertion d'une "enquête", pour répondre au "grand format" du JT de France 2.


Edito de Jean-Marc Morandini. Extraits :

"C'est une belle pagaille ! Un peu plus d'une semaine après la suppression de la pub sur France Télévision, force est de constater que personne n'y comprend plus rien quant aux horaires de début de programmes. Pourtant, au départ, les choses étaient simples. TF1 avait affirmé ne rien vouloir changer en commençant ses soirées à 20h50... Dix jours plus tard, où en est-on ? La Une ne cesse de changer ses horaires de prime au point qu'il est impossible de savoir avec précision quand les programmes débutent."

C'était à prévoir ; le comble est qu'il y en ait qui feignent de s'en étonner !

Et l'on se dit que c'est probablement là, et pas ailleurs, que devrait résider la révolution socioculturelle que Monsieur Duhamel Patrice nous annonce un peu présomptueusement : une révolution qui consisterait en un sevrage ou au cisaillement d'un cordon ombilical, voire à une séparation de frères siamois !