dimanche 16 mai 2010

Remember the Nuremberg's laws (2)


Lu sur le forum du site lemonde.fr

Yves C
15.05.10 11h54
Aux ordres d'un Etat de plus en plus abject, les fonctionnaires qui font ce genre de choses vont-ils savoir arrêter l'escalade inhumaine? Ou faudra-t-il qu'il y ait des morts pour qu'ils prennent conscience de ce qu'ils font ?

Robocop
15.05.10 11h30
Message à "bob" et aux "amis de la police" : vous pouvez toujours faire semblant de croire que les policiers intervenus dans cette affaire n'ont fait qu' "obéir" (au passage : si ça ne vous rappelle rien, c'est effrayant). N'empêche que c'est bien eux qui procèdent aux interpellations et qu'ils n'écoutent RIEN ! "Pas leur problème !" ON peut être exécutant et faire preuve d'un peu d'humanité. Cette politique, ces méthodes sont écoeurantes. Les escort-boys ont ils touché leurs coupons voyage ?

Rémi R.
15.05.10 19h12
Les forces de l'ordre de l'"Etat français" durant la 2° Guerre Mondiale n'ont pas fait mieux qu'elles ne le font actuellement. Au fait, combien aura couté cette non-expulsion ? Qui va payer cette facture ? NOUS avec nos impôts !!! Une affaire encore plus lamentable s'est produite en Moselle avec l'expulsion d'un enfant, de 15 ans, kosovar polyhandicapé. Dès qu'il s'agit d'expulsion d'immigrés, l'UMP et le NC se lâchent lamentablement afin de faire les yeux doux à l'extrême droite.

Le forum en question réagissait aux suites d'un gros 'bug' : des policiers expulsent une famille en oubliant le fils de deux ans à Nancy... Extrait de l'article du Monde :

"Gros couac à la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Une famille géorgienne en situation irrégulière qui avait été expulsée vers la Pologne a dû être rapatriée car les policiers avaient oublié le dernier fils, âgé de deux ans. Les deux parents, accompagnés de deux de leurs trois enfants, avaient été arrêtés le 11 mai dans un hôtel à Nancy où ils résidaient, puis transférés au centre de rétention administrative de Lyon.

"Ils ont alors dit qu'ils avaient un troisième enfant, mais sans préciser où il se trouvait, a expliqué un porte-parole de la préfecture de la Meurthe-et-Moselle. Nous n'avions donc pas d'éléments qui nous permettaient de savoir s'il était en France, en Pologne ou en Géorgie."

La famille a ensuite été conduite en Pologne, premier Etat par lequel ils sont entrés dans l'Union européenne il y a onze mois. "Les autorités polonaises ont refusé la réadmission quand elles ont constaté qu'il manquait leur fils de 2 ans. Ce qui a obligé les autorités françaises à ramener la famille à Lyon, puis à Nancy", a expliqué l'avocat de la famille, Me Christophe Sgro."

C'était notre rubrique : "Décidément, on vit une époque formidable !"

mardi 11 mai 2010

Coucherie...



On parie combien ?

... que le Parti socialiste va se coucher ? Il le fait si bien !

«Nous pensons qu’interdire (le voile intégral) sur l’ensemble de l’espace public ne sera pas opérant, risque d’être stigmatisant et surtout risque d’être inefficace car totalement inappliqué», a expliqué Aubry. «Notre attitude a toujours été la même: nous souhaitons agir par tous les moyens de la République, dès lors que ces moyens sont constitutionnels, qu’ils sont efficaces, parce que c’est la crédibilité aussi de la République que d’être efficace», a-t-elle plaidé.

... dès lors que ces moyens sont constitutionnels, dit Martine Aubry, sans rire !

Question : la loi Stasi de 2004, qui ose s'en prendre à des gamines de 13-14 ans, ou à peu près, était-elle constitutionnelle ? Il y avait une façon simple de s'en assurer : la déférer au Conseil Constitutionnel. Et qu'ont fait les socialistes ?

Demandez donc à Martine Aubry !

On parie combien que, cette fois encore, les Socialistes vont de nouveau se coucher, en oubliant de saisir le Conseil Constitutionnel ?

Tiens, histoire de rigoler un bon coup, je vous soumets un petit quiz :

Question à mille hosties : sauriez-vous identifier le monument représenté ci-dessous ?





Post scriptum :


(1) : Deux avis concordants du Conseil d'État sont finalement intervenus, prévenant le gouvernement contre son projet d'une interdiction absolue du voile intégral dans l'espace public, deux avis qui mettent la Gauche, notamment le Parti socialiste, dans une situation proprement intenable. Et c'est là que je me pourlèche les babines par avance : comment ce PS, qui s'est ouvertement déclaré contre une interdiction totale du niqab, allant jusqu'à présenter son propre texte législatif, va-t-il s'y prendre pour capituler devant l'entêtement de la droite, en s'abstenant de saisir le Conseil constitutionnel, le jour venu ? Wait and see !

(2) : Dans notre rubrique : "Mort de rire !" il y a cette dépêche rapportée par la chaîne BFM TV, le 1er juillet 2010 : "Selon le président du groupe PS à l'Assemblée Nationale, le PS ne fera pas obstacle au vote du projet de loi (de droite) contre le voile intégral."

Pour mémoire, ce post a été initialement rédigé le 11 mai 2010.

samedi 8 mai 2010

L. d. P.




Laïcité de Pacotille...

J'ai été longtemps professeur particulier, dans les beaux quartiers de Paris, Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison, Saint-Cloud, etc., mais aussi - pour conserver un certain équilibre - dans moult quartiers populaires de la banlieue parisienne.

Les sociologues me font toujours rigoler, qui vous pondent des théories sur la société, du fond de leur fauteuil, sans jamais avoir (ou en ayant rarement) mis les pieds dans le pays réel (je précise que j'ai passé pas mal de semestres en Fac de "Socio".). Moi, je suis allé presque partout, et j'ai mangé un peu de tout, étant souvent obligé de dîner avec la famille ; mais, la plupart du temps, je préférais récupérer le repas dans une boîte hermétique... Et à ce propos, je peux affirmer, par exemple, que les mères juives sépharades sont de meilleures cuisinières que leurs coreligionnaires ashkénazes, dans la mesure où les mères sépharades (Afrique du Nord) font souvent la cuisine elles-mêmes, quand les ashkénazes (en tout cas celles que j'ai connues) avaient toujours une cuisinière marocaine, tunisienne (si vous saviez le nombre d'enfants juifs qui mangent hallal, croyant manger casher !), voire asiatique, mauricienne, cap-verdienne, etc., autant dire peu voire pas du tout concernée par le casherout !

Mais pourquoi vous raconté-je tout ça ?

Ça me revient : un jour, un jeune, appelons-le Alexandre, élève dans un grand lycée sis Rue de la Pompe (Paris XVIème), m'apprend qu'il va célébrer sa première communion à la chapelle du lycée. Sur le moment, je ne réagis pas, mais quelques minutes plus tard, quelque chose dans ma tête fait "tilt". Et je le relance :

- Qu'est-ce que tu as dit tout à l'heure, que tu célébrais ta première communion à la chapelle du lycée ?
- Ben oui !
- Tu veux dire qu'il y a une chapelle au lycée ?
- Ben oui !
- À Janson de Sailly, il y a une chapelle où l'on célèbre des offices ?
- Ben oui !

J'ai vécu cinq années dans le seizième arrondissement de Paris et eu pas mal d'élèves inscrits à Janson. La présence de la chapelle m'a été confirmée par pas mal de monde. Par ailleurs, une petite recherche sur Internet s'est avérée fructueuse :




Bien qu'établissement laïc, le lycée Janson accueille en son sein une chapelle, accessible également de l'extérieur. Une messe y est célébrée le mercredi midi et le samedi soir. L'aumônerie catholique l'utilise. Il existe également une aumônerie protestante. (Source : wikipedia)


Un des plus fameux lycées de Paris héberge, donc, une église catholique. La liste des anciens de Janson est connue, en tout cas accessible : on y trouve, entre autres, moult personnalités politiques, de celles-là mêmes qui nous bassinent régulièrement avec la sacro-sainte "laïcité".

Mais, dans le même temps, des gamines portant foulard sont refoulées de leur collège ou lycée, peut-être même de Janson de Sailly, sur la base d'une loi d'inspiration vichyste, interdisant tout "signe ostensible d'appartenance religieuse" (sic.) dans l'école publique, le tout s'ajoutant au fameux concordat octroyant à l'Alsace-Moselle un statut d'extra-territorialité en matière de laïcité...

On comprend, dans ces conditions, pourquoi la loi Stasi de 2004 a échappé au contrôle du Conseil Constitutionnel et l'on peut, ainsi, mieux apprécier le niveau de la collusion régnant au sein de la sphère politico-médiatique !

«La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale ; elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.» Loi de 1905 : il y est précisé (art. 2) que la république ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte…




P. S. Liste d'anciens élèves de Janson de Sailly (source : wikipedia)
Comme on peut le voir, un certain nombre de personnalités politiques ou assimilées, encore en activité, y figurent, dont j'ai coloré les noms (cela dit, je n'ai pas la prétention de connaître tout le monde !).


Richard Anthony
Philippe Ariès
Pierre Assouline
François d'Astier de La Vigerie
Jacques Attali
Émile Aubry
Claude Aveline
Robert Badinter
Monseigneur Jean Badré
Père Serge de Beaurecueil
Christian Bérard
Pierre Bertaux
Jean-Louis Bianco
Jean Bielovucic
François Bloch-Lainé
Vincent Bolloré
Jean-Louis Borloo
Paul Boujenah
Guy Braibant
Yves Brainville
Jean-Jacques de Bresson
Pierre Brossolette
Carla Bruni
Élie Cartan
Boniface de Castellane
Roger Chastel
René Crevel
Maurice Crouzet
Jean-Loup Dabadie
Pierre Daninos
Serge Dassault
Jean Daujat
Robert Debré
Bernard Debré
Simon Debré
Alain Decaux
Jean-Pierre Deloux
Michel Déon
Gilles Dufour
Jacques Dulau
Jean-Paul Enthoven
Honoré d'Estienne d'Orves
Laurent Fabius
Émile Faguet
Edgar Faure
Henri Lepage
Franc-Nohain
Serge Frydman
François Furet
Jean Gabin
Général Pierre-Marie Gallois
Roland Garros
Denis Gautier-Sauvagnac
José Giovanni
Valéry Giscard d'Estaing
Bruno Gollnisch
Julien Green
Sacha Guitry
Philippe Grumbach
Georges Héreil
Georges Hugnet
Père Jacques Jomier
Lionel Jospin
Michel Junot
Annette Kahn
Ibrahim Boubacar Keïta
Arno Klarsfeld
Pierre Klossowski
Philippe Labro
Jacques de Lacretelle
Arnaud Lagardère
Amiral Jacques Lanxade
Louis Latapie
Monseigneur Maurice Le Bègue de Germiny
Michel Leiris
Claude Lemaitre-Basset
Thierry Lévy
Claude Lévi-Strauss
Robert Louis-Dreyfus
Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz
Philippe Malaud
Jean-Claude Mallet
Roger Martin du Gard
Guillaume de Menthière
Lennart Meri
Maurice Merleau-Ponty
Frédéric Mitterrand
Henry de Montherlant
Philippe Noiret
Raoul Nordling
Germain Nouveau
Monseigneur Pierre d'Ornellas
Gérard Oury
Jacques Pelletier
Claude Perdriel
Jean Perrin
Jean Piat
Didier Pineau-Valencienne
Michel Polac
Michel Polacco
François Rachline
Maurice Rheims
Matthieu Ricard
Raymond Roussel
Jean-Christophe Rufin
Monseigneur Louis Sankalé
Raúl Sáez
Maurice Schumann
Ernest-Antoine Seillière
Jean-Claude Servan-Schreiber
Jean-Jacques Servan-Schreiber
George Steiner
Olivier Stirn
Preston Sturges
Hervé This
Monseigneur Guy Thomazeau
Henri Troyat
Paul Vaillant-Couturier
Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz
Ray Ventura
Jusuf Vrioni
Jean Wahl
Pierre Wiazemsky
Mohammed Zaher Chah
Romain Zaleski
Léon Zitrone
Nicolas Zourabichvili

dimanche 2 mai 2010

Dear Mister Brown!


Cher monsieur Brown!
Dear Mister Brown!

I hope that at the end of this week, you will still be Britain's Prime minister, so much most of the commentators and observers have been full of prejudices and bad faith about you.

J'espère qu'à la fin de cette semaine, vous serez toujours le Premier ministre britannique, tant la plupart des commentateurs et observateurs se sont avérés pleins de préjugés et de mauvaise foi à votre endroit.

Je les entends d'ici : "au moins, Tony Blair était charismatique, brillant, flamboyant..." Il est vrai que Napoléon aussi était brillant, charismatique, flamboyant..., sur le dos des autres, notamment celui des dizaines de milliers de soldats qu'il a envoyés au cimetière, juste pour sa gloriole. Le Labour a eu raison de se débarrasser de Tony Blair, coupable d'alignement servile à l'égard de George W. Bush.

Le charisme, je ne sais pas ce que ça veut dire. En tout cas, moi, j'aime bien Gordon Brown, quoi qu'en disent les médias, et j'estime que la passation de pouvoirs avec Tony Blair aurait pu intervenir plus vite, Blair étant l'un des artisans majeurs de la mauvaise passe actuelle du Labour, en raison de la perte de confiance de l'électorat traditionnel de gauche pour le parti travailliste. Brown est peut-être moins tape-à-l'oeil que Blair, mais c'est celui des deux qui me fait le plus penser à un honnête homme !

Moi, qui ne suis pas Britannique, j'observe de loin ce qui se passe, et je vois que M. Cameron est pressé de remettre les conservateurs aux affaires. Et là, je me marre, parce que j'ai en mémoire le fait que les conservateurs ont toujours privilégié leurs intérêts de classe à l'intérêt général, la rentabilité à la solidarité.

Pour des partisans du "laisser faire, laisser aller", j'avoue avoir le plus grand mal à comprendre pourquoi ces adversaires de l'État sont à ce point obnubilés par la conquête du pouvoir, ce qui fait que ces partisans de l'entreprise passent l'essentiel de leur carrière à se faire payer par les contribuables, en tant que députés ou ministres.

Donc, si j'ai bien compris, c'est en cette période de crise que les Britanniques devraient choisir de confier le pouvoir à des fossoyeurs des services publics et à des partisans du désengagement de l'Etat. Je suis juste fort curieux de voir le résultat de tout ça !

Ces derniers jours, il n' a été question que de la "gaffe de Gordon Brown"! Et moi de m'interroger sur le fait que l'on soit gaffeur lorsqu'on n'est pas d'accord avec une personne qui ne pense pas comme vous.




Aurait-il fallu dire à cette veuve : "Vous ne pensez pas comme moi, je suis même certain que vous allez voter pour mes adversaires, mais, comme la presse me demande de faire de la démagogie, je vais affirmer, devant tout le monde, que je partage tous vos points de vue."

Entre nous, dès lors qu'ils avaient décidé que tout irait de travers pour les travaillistes, est-ce que la petite phrase prononcée à l'encontre de cette électrice aurait changé quelque chose si elle n'avait pas été prononcée ? Ou bien les journalistes se seraient-ils mis à la recherche d'une autre "gaffe" ?

En règle générale, quand on en arrive à vous reprocher des gaffes, c'est qu'on a décidé de se concentrer sur la forme plutôt que sur le fond des choses, un peu comme décider que le meilleur candidat est celui qui a la plus jolie cravate. Il y a une crise économique et environementale massive, qui frappe le monde entier, et l'essentiel des débats, la Une des journaux... ne sont consacrés qu'à la "gaffe" !

Il faut dire que la corporation des commentateurs politiques compte moult moutons de Panurge, catégorie à laquelle je n'appartiens pas !

Donc, je persiste à penser que Gordon Brown et le Labour peuvent encore créer la surprise en Grande-Bretagne, un peu comme Gerhard Schröder lors de sa dernière campagne pour le SPD. Et puis, le système électoral britannique est si "bizarre", ce qui laisse la porte ouverte à tous les rebondissements.

Mais au fond, si les Britanniques veulent de nouveau reconduire une équipe se réclamant des suppressions de postes dans les hôpitaux et les services sociaux et du dépeçage des services publics, de la vente par appartements du réseau ferré, etc., le tout au nom de la rigueur budgétaire et du profit, alors, pourquoi pas ? Les conservateurs reviendront au pouvoir, mais on se rendra vite compte de la nocivité de leur politique, comme cela s'est déjà produit ailleurs (cf. Suède), et comme les Français, par exemple, sont en train de l'expérimenter, eux qui, en 2007, ont été copieusement abreuvés, eux aussi, des "gaffes" d'une candidate qui n'avait pas l'heur de plaire à certains commentateurs patentés.

Depuis lors, ces derniers rasent les murs, et les Français n'en finissent pas de regretter leur choix... Ils vont encore le regretter quelque temps !

En attendant, je souhaite "all the best" à Monsieur Brown.

Un certain 2 mai...



Mercredi, 2 mai 2007

Ce soir-là, on allait assister à un classique de la télévision : le débat contradictoire opposant les deux meilleurs candidats à l'élection présidentielle : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Fameux débat !

Curieusement, trois ans après, plus grand monde, que dis-je ?!, plus personne n'évoque ce débat - qui a pourtant fait couler pas mal d'encre -, dont je pense, pourtant, qu'il a pesé lourd sur la suite de l'évolution politique de la France. Tout simplement !

Constatons, en passant, que des deux protagonistes, Ségolène Royal était la seule à proposer une refonte constitutionnelle plus qu'ambitieuse, avec l'instauration d'une Sixième République.

Comme chacun sait, Ségolène Royal n'est pas devenue présidente de la République, mais sitôt élu, ne voilà-t-il pas que son adversaire victorieux va s'empresser de créer une commission dite "Balladur", chargée de procéder à une refonte de la Constitution. Il s'agissait là, à n'en pas douter, de la première victoire politique de Ségolène Royal : imposer à son adversaire un virement de bord que lui-même n'avait pas envisagé au départ. Je pense, tout naturellement, à cette innovation prévoyant une saisine directe du Conseil Constitutionnel par les citoyens.

Innovation introduite par la commission Balladur ; source vie-publique.


Cf. Pacte présidentiel de Ségolène Royal :




L'innovation en question a bien été "pompée" par la Commission Balladur dans le Pacte présidentiel de Ségolène Royal.


Autre chose : le fameux débat du 2 mai 2007 avait commencé par une poignée de mains.


Évitement


Les postures d'évitement sont un thème cher aux éthologistes (spécialistes du comportement animal). Elles sont tout à fait manifestes entre dominants et dominés. Les missionnaires ainsi que les ethnologues ont aussi abondamment disserté sur la question, l'évitement étant un comportement fréquent entre personnes de sexe différent. C'est ainsi que, souvent, dans certaines sociétés traditionnelles précoloniales, le gendre devait se détourner du chemin de sa belle-mère, ou la bru du chemin de son beau-père. La photo de la poignée de mains entre les deux protagonistes du débat télévisé du 2 mai 2007 nous offre un formidable spécimen d'évitement. Cette photo a échappé aux téléspectateurs, ce qui est bien dommage, car elle est pleine d'enseignements.

Il y en a au moins un, qui a observé que le candidat évitait de regarder la candidate dans les yeux :

http://www.askolovitch.com/blog/2007/05/immoral_disaite.html

(...) Si c'était un match de boxe, elle l'aurait dominé physiquement, quelque chose de palpable, elle aurait donné plus de coups, même dans un style brouillon et désordonné, et lui aurait subi la furia, adossé aux cordes et les poings levés. (...) Mais ce n'était pas un match de boxe, et, hier soir, tout était voulu. Lui a choisi d'encaisser délibrément, soucieux avant tout de ne pas donner prise aux attaques répétées sur sa brutalité, son arrogance, sa méchanceté, son mépris, etc... Sil ne la regardait pas, c'était pour s'éviter le coup d'adrénaline de trop, qui aurait réveillé Sarko le terrible, le sarkofacho de la propagande d'en face. Il a joué son jeu en demi-teinte, et a rempli son contrat, son vérotable objectif -quitte à être en-dedans...

Dans Le Monde (4 mai 2007), Dominique Dhombres parle d'une poignée de mains fantôme, sans trop insister sur l'acte d'évitement consistant à ne pas regarder celle à qui l'on tend la main, mais Dominique Dhombres n'est ni éthologiste, ni comportementaliste, ou tout simplement, n'a aucun sens de l'observation !


Pour agrandir une image, cliquer dessus jusqu'à faire apparaître une loupe... Revenir en arrière en actionnant les flèches de navigation (flèche gauche en haut).


Tohu-bohu dans le Landerneau...

Dominique Dhombres : "La candidate avait une bonne raison de se mettre en colère. Le candidat en avait une autre, meilleure encore, de rester de marbre. Elle était outrée par ses propos. Il avait décidé de demeurer zen..."

(...) Nicolas Sarkozy venait de proclamer le droit des parents d'un enfant handicapé à se rendre devant un tribunal pour exiger l'accueil de leur enfant à l'école publique.

...Attendez, j'ai quelque chose à dire, parce que là, je pense que l'on atteint le summum de l'immoralité politique", l'inetrrompait Ségolène Royal. "Je suis scandalisée de ce que je viens d'entendre, parce que, jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux. Lorsque j'étais ministre de l'enseignement scolaire, c'est moi qui ai créé le Plan Handiscol, qui a demandé à toutes les écoles d'accueillir tous les enfants handicapés. Et c'est votre gouvernement qui a supprimé le Plan Handiscol et les aides-éducateurs", poursuivait-elle. "Cet écart entre le discours et les actes, surtout quand il s'agit d'enfants handicapés, n'est pas acceptable. Je suis très en colère.", disait-elle. "Calmez-vous !", s'exclamait Nicolas Sarkozy. (...) Je ne sais pas pourquoi Madame Royal a perdu ses nerf.", disait-il...

Voilà qui fait dire à Dominique Dhombres que la candidate avait une bonne raison de se mettre en colère, mais que le candidat en avait une autre, meilleure encore, en termes de "Com" s'entend, dès lors que le paraître vaut mieux que l'être et que la forme l'emporte sur le fond !

Alors, tant pis si le candidat n'a pas été en mesure de contredire les déclarations de la candidate. Au fond, il aurait fort bien pu renvoyer Ségolène Royal dans les cordes, en affirmant, mordicus, qu'il n'y avait pas eu de suppression ni du Plan Handiscol, ni des aides-éducateurs. Ce qu'il s'est bien gardé de faire, confirmant implicitement les accusations de Ségolène Royal. Et pourtant, c'est lui que Dominique Dhombres crédite de la meilleure stratégie, dès lors que "paraître zen" vaut mieux que de dire la vérité.

Bien évidemment, c'est un réel tohu bohu qui va se déclencher au lendemain de ce débat, les spécialistes et autres experts en communication se focalisant sur l'altercation susmentionnée. Les traces de cette effervescence sont encore lisibles sur l'Internet.

Quelques instants sur un moteur de recherche suffisent pour accéder à la masse de sites consacrés à ce fameux débat. Pour ma part, j'ai bien aimé la présentation succincte qu'en a fait La Croix sur son site :

Le débat télévisé d'entre-deux tours de l'élection présidentielle entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy s'est achevé mercredi soir à 23h38, après avoir duré deux heures et 38 minutes.

Ségolène Royal s'est placée mercredi soir en position d'attaque lors du débat d'entre-deux tours de la présidentielle, Nicolas Sarkozy s'appliquant à afficher calme et pondération. Voici le film de ce face-à-face :

20h05 : Nicolas Sarkozy arrive au studio de Boulogne. Il est accueilli par Patrick Le Lay et Patrick de Carolis, les PDG de TF1 et France 2, chaînes organisatrices du débat.

20h15 : Ségolène Royal arrive à son tour. Elle est accompagnée de Julien Dray, porte-parole du PS, et Jean-Louis Bianco, son codirecteur de campagne.

21h : Le face-à-face débute à l'heure tapante. Ségolène Royal se dit "très fière, très heureuse d'être ici". Nicolas Sarkozy se déclare "concentré".
"Au lieu de recruter des douaniers, je recrute des infirmières"

21h10 : A Ségolène Royal qui le somme de prendre sa part de responsabilité du gouvernement sortant, Nicolas Sarkozy répond : "Je suis responsable, j'ai été ministre de l'intérieur pendant quatre ans". Il revendique une baisse de la délinquance par rapport à la "situation catastrophique" trouvée en 2002 (voir la vidéo).

21h15 : Nicolas Sarkozy reproche à sa rivale d'évoquer "tous les sujets en même temps", "de les survoler et de ne pas être assez précise". "Laissez-moi la responsabilité de mes prises de parole, si vous le voulez bien", rétorque-t-elle.

21h30 : Vif échange sur la réduction du nombre des fonctionnaires (voir la vidéo) :

- Royal : "Au moment du départ à la retraite, au lieu de recruter des douaniers, je recrute des infirmières."

- Sarkozy : "Non ce n'est pas possible, Madame."

- Royal : "Vous plaisantez ? (...) Si vous ne pouvez pas faire, pourquoi voulez-vous accéder aux responsabilités? Eh bien moi, je le pourrai."

21h40 : Nicolas Sarkozy vante le chiffrage de son projet par l'institut Rexecode.

- Royal : "Rexecode, on connaît la musique, c'est l'organisme du Medef."

- Sarkozy : "Pourquoi toute personne qui n'est pas de votre opinion, vous la traitez avec ironie, voire avec mépris ?"
"Il faudra que vous révisiez un peu votre sujet"

22h : Ségolène Royal veut être "la présidente de ce qui marche, sans oeillère". Dans ce cas, "il n'y a rien à faire", ironise Nicolas Sarkozy qui préfère être "le président qui fasse que ce qui ne marche pas marche".

22h30 : Altercation sur la question de l'énergie nucléaire (voir la vidéo). Ségolène Royal demande à son adversaire quelle est la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France. "La moitié", répond-il. "Non, 17% seulement", insiste-t-elle.

- Royal (sur le réacteur nucléaire EPR) : "Vous venez de dire une série d'erreurs, ça peut arriver mais il faudra que vous révisiez un peu votre sujet."

- Sarkozy : "Entre les Verts qui ne veulent pas le nucléaire, et les communistes qui veulent le nucléaire, qu'est-ce que vous choisirez si vous êtes élue ?"

23h : Ségolène Royal accuse vivement Nicolas Sarkozy "d'immoralité politique" pour avoir décrit "la larme à l'oeil" la situation des handicapés, alors que le gouvernement auquel il appartenait a "supprimé" les aides en leur faveur. Le candidat UMP lui reproche de "perdre ses nerfs".

- Royal : "Je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère, il y a des colères très saines."

- Sarkozy : "Qu'est-ce que cela doit être quand vous êtes énervée."
"Je respecte son talent"

23h10 : Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de se "poser en victime" dès lors qu'il est "gêné" dans ses réponses. "Avec vous, ça serait une victime consentante, Madame", lui répond le candidat UMP.

23h38 : Fin du débat. Chacun ayant dit ce qu'il pensait de l'autre :

- Nicolas Sarkozy : "Je respecte son talent, sa compétence."

- Ségolène Royal : "Je m'abstiendrai de jugement personnalisé."


Bien évidemment, l'animosité de la droite envers Ségolène Royal a trouvé moult sujets d'excitation, depuis la campagne de la présidentielle de 2007, à l'instar de ce qui suit :
http://www.koztoujours.fr/?p=288

Scolarisation & handicap : la mal- »saine colère » de Madame Royal
Oh, comme elle l'a bien jouée, cette colère, Madame Royal, que certains disent programmée. "On atteint le summum de l'immoralité politique. Je suis scandalisée par ce que je viens d'entendre, parce que jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux." Accusatrice, elle dénonçait le propos "larme à l'oeil" de Nicolas Sarkozy, et c'est nous qui l'avions la larme, à l'oeil, devant cette capacité d'indignation préservée. Elle en a fait beaucoup, sur cette colère, Ségolène Royal. Parce qu'elle ne s'est pas contentée de jouer la scène, elle s'est auto-commentée : "Il y a des colères saines, parce qu'elles correspondent à la souffrance des gens. Il y a des colères que j'aurai, même quand je serai Présidente de la république…"

Le problème est que, lorsque l'on parvient, envers et contre tout, à comprendre son propos, quelle que soit la source vers laquelle on se tourne, on constate qu'elle a tort, Madame Royal, sur le point qu'elle a voulu soulevé.


Jospin

Dans son ouvrage intitulé L'impasse (Flammarion, 2007), cet opuscule visiblement composé dans la précipitation, et dans un seul et unique but, torpiller celle qui a obtenu 31 % de voix de plus que lui (en 2002) - comment appelle-t-on ça déjà dans les Evangiles, la parabole de la paille et de la poutre ? Par parenthèse, observons que Lionel Jospin fait partie de ces socialistes convertis au bonapartisme, qui font mine de ne pas comprendre que, précisément, le bonapartisme, ça n'a jamais été une affaire de partis politiques, et que de ce point de vue, Ségolène Royal a été candidate en son nom, soutenue par divers mouvements, et qu'à aucun moment, elle n'a été la candidate du Parti socialiste. Ce qui, du coup, discrédite tout discours visant à juger Royal comme ayant été une candidate socialiste. Bref, "L'impasse" est un pamphlet pour rien ! Mais nous en reparlerons. -, Lionel Jospin prétend que lors du débat Royal-Sarkozy du 2 mai 2007, les erreurs, les affirmations trop générales de Ségolène Royal... ont fait que son interlocuteur a creusé l'écart. Et il ajoute ceci (pp. 80-81) : Même l'indignation, surjouée, à l'égard de l'"immoralité" de son adversaire au sujet des handicapés, un instant impressionnante, se retourna contre elle d'autant que, sur ce sujet, la vérité n'était pas simple. En tout cas, pour la première fois dans un tel débat, le candidat de la gauche était largement dominé.

Je dois dire que là, j'étais mort de rire, en souvenir du débat Jospin-Chirac de l'entre deux tours de mai 1995, où l'on a vu un Chirac particulièrement pugnace, face à un Jospin plus qu'effacé, qui - les archives existent, et elles sont cruelles ! - au moment de conclure, donnait l'impression de parler de lui-même au passé (cf. ... au cours de ce débat..., j'ai essayé, je me suis efforcé...), comme pour prendre (déjà) congé !

Ségolène Royal dominée par Sarkozy lors du débat du 2 mai 2007, voilà un sacré scoop, lorsque l'on se remémore les oeillades désespérées du candidat de droite vers les deux journalistes qu'il semblait appeler à la rescousse !

Pauvre Lionel Jospin !


Silence radio

J'ai voulu comprendre les raisons du décalage entre le tohu-bohu provoqué par les déclarations de Ségolène Royal en 2007, et le silence radio que tous les commentateurs d'alors semblent s'imposer depuis cette date, en ce qui concerne les handicapés, à croire qu'ils sont, tous (les commentateurs), devenus amnésiques.

Et pourtant, la politique devrait être le champ, par excellence, de ce que Ségolène Royal elle-même a coutume d'appeler la démonstration par la preuve.

En clair, il s'est dit des choses à l'époque (2007), et l'on a beaucoup promis. Ce qui justifierait que l'on cherche à savoir où en sont les promesses, surtout de la part du vainqueur de la confrontation.

Question : où en est (à la date du 2 mai 2010) le droit opposable des parents (envers l'Etat), y compris par voie de justice,
afin d'exiger la scolarisation d'un enfant handicapé ?


Le handicap à l'école, en théorie

Commençons par nous faire une idée de la
situation des enfants handicapés telle qu'elle est prévue dans les textes. Officiellement, 180 000 élèves handicapés sont scolarisés en école, collège et lycée en 2009-2010, soit une augmentation de plus de 30% en 5 ans. Ça, ce sont les chiffres. Il est permis d'aller voir d'un peu plus près la réalité...

L'école de la précarité

http://www.koztoujours.fr/?p=288
9. margit 3 mai 2007, 16:57 lien

Commentaire lu et enrégistré hier soir sur un forum :

« Je suis enseignante en école maternelle publique et je suis scandalisée par ce que je viens d’entendre.

Nous avons reçu des textes en 2006 nous demandant d’accueillir tous les enfants handicapés dans notre quartier…En tant que directrice , j’ai mis un point d’honneur à accueillir avant la rentrée les familles concernées, pour permettre la meilleure intégration possible de leurs enfants mais aussi d’elles- mêmes , pour que ces familles se sentent bien dans l’école , qu’elles ne se sentent pas jugées devant les autres familles quand leurs enfants font des crises parfois difficiles à vivre pour tout le monde. J’ai une AVS (aide à la vie scolaire ) pour chaque enfant accueilli dans mon école.

Pourquoi dire que nous n’avons personne pour nous aider dans cet accueil?

Pourquoi dire que ce gouvernement n’a rien fait pour les enfants handicapés alors que c’est la première fois qu’on dote notre école d’un adulte par enfant handicapé accueilli ?

Nous donnons tant d’heures et d’énergie pour les accueillir dignement chaque année que je suis outrée par les propos de Madame Royal qui devrait plutôt louer les textes dans ce domaine et les mesures qui ont été prises en leur faveur à la rentrée 2006. »

Ça, c'est l'opinion d'une enseignante en école maternelle publique, qui semble satisfaite de ce qu'elle fait avec les enfants handicapés. Le problème est que, sur les forums, on lit fort peu de choses émanant : 1) du personnel d'accompagnement, je veux parler des Auxiliaires de Vie Scolaire (lesquelles ne sont pas des fonctionnaires engagés en CDI !) ; 2) des parents d'élèves handicapés.

Voyons ce qu'en disent la presse et certains sites Internet concernés :











Sur lepost.fr, une AVS explique les difficultés de son métier alors que 5000 postes d'auxiliaires de vie scolaire ont été supprimés pour cette rentrée. (...) Pourquoi ? Parce que les AVS et EVS (emplois de vie scolaire) sont embauchés en CDD, de durée variable, et dans la limite de 6 ans. Et les premiers contrat ont atteint cette limite en juin 2009.



86 % des directeurs d'écoles estiment que la scolarisation de ces enfants fonctionne bien contre seulement 45% des parents. Et 58 % des directeurs qui n’accueillent pas d’enfant handicapé ont le sentiment que cet accueil serait difficile et appréhendent la 1ère expérience.


Suite de l'article :

Beaucoup de familles, dont l'enfant a la capacité de s'y adapter, se sont donc tournées vers l'école. Un itinéraire souvent semé d'embûches, pour lequel les moyens financiers peuvent faire la différence. Ainsi Mariarosa et Jean-François Bohuon, tous deux ingénieurs, s'apprêtent à embaucher un auxiliaire de vie scolaire (AVS), ces personnes qui accompagnent les handicapés dans les classes. Leur fils Alexandre, 5 ans et demi, va entrer en maternelle dans une école privée, à la rentrée. Ils n'ont pas fait de demande dans un établissement public, car si les AVS non nommés par l'éducation nationale peuvent y être acceptés, c'est souvent "plus compliqué".

Pour donner toutes ses chances de progrès à Alexandre, et "garder la main sur son avenir", ils ont refusé d'être dépendants du système : en recrutant eux-mêmes, ils s'assurent d'avoir quelqu'un pour accompagner leur fils à la rentrée, et la même personne toute l'année. Celle-ci pourra en plus s'en occuper en dehors des quelques heures où il sera scolarisé. Surtout, ses parents pourront choisir une personne qualifiée. "C'est un investissement sur le long terme, car nous voyons bien que la stimulation fonctionne avec lui", glisse Mariarosa.

(...)

Tous ces parents disent la difficulté qu'ils ont à accepter la réalité : la prise en charge des enfants par des personnes en situation précaire, employés à durée déterminée, sans parfois d'intérêt ou de curiosité pour le handicap. Ils disent aussi comme il leur est douloureux de devoir supporter les regards désapprobateurs ou les réflexions sur leurs enfants aux comportements étranges, de gens croisés dans les transports en commun ou les parcs. Des endroits que certains renoncent à fréquenter.

(...)

Beaucoup de familles, dont l'enfant a la capacité de s'y adapter, se sont donc tournées vers l'école. Un itinéraire souvent semé d'embûches, pour lequel les moyens financiers peuvent faire la différence.


2007 à qui perd gagne ?

Imaginons que la presse, notamment audiovisuelle, fasse preuve d'imagination, et que les télévisions rediffusent le fameux débat du 2 mai 2007, en le mettant en perspective par rapport à tout ce qui précède. Les commentateurs susmentionnés, Dhombres, Askolovitch et d'autres, oseraient-ils réécrire la même chose et leur assourdissant silence en la matière, là maintenant, en 2010, ne constitue-t-il pas un aveu de leur incompétence et de leur fatuité ? À en juger par son impact sur le débat national, de la réforme constitutionnelle à l'abandon de la taxe carbone, peut-on encore affirmer que Ségolène Royal est la grande perdante de l'élection présidentielle de 2007, comme les analystes superficiels s'évertuent à le marteler un peu partout ?




Sarkozy a fait ce que voulait Ségolène Royal

Nouvel Obs. : Pour autant, il faut bien faire avec les électeurs. Et manifestement, les députés, tant à l'UMP qu'au PS, étaient tout sauf prêts à sacrifier leur siège sur l'autel de la Contribution Climat Energie...

Jean-Paul Besset : Si j'étais cynique, je dirais que ça plaide pour une force écologique centrale capable d' assumer jusqu'au bout les idées de transformation sociale et environnementale. Bref que l'original vaut toujours mieux que la copie. Il faut bien le dire : en abandonnant la Taxe Carbone, Sarkozy a finalement fait ce que souhaitait Ségolène Royal. Et à l'évidence entre UMP et PS, il y a accord tacite pour que ces funérailles n'aient ni fleurs ni couronnes. Beaucoup font des commentaires sur le reniement de Sarkozy. Mais rares sont ceux qui pleurent la Taxe. Ça laisse entendre que ces deux grandes forces que sont l'UMP et le PS sont déphasées par rapport à l'enjeu.

samedi 1 mai 2010

Comme un air de déjà vu...



Samedi 1er mai 2010, autour de 9h13. Sur France Inter, la présentatrice du flash infos nous annonce que l'émission qui aurait dû suivre, Rue des Entrepreneurs, ne serait pas diffusée, en raison du licenciement des deux présentateurs, Didier Adès et Dominique Dambert, et ce à la suite d'une longue procédure disciplinaire, la direction de la chaîne ne souhaitant pas faire de déclarations supplémentaires sur la question.

Et là on se dit : "Ça nous avait bien manqué !"

Par « ça », il faut entendre une bonne oukase, pondue par un petit chef, comme au temps de l’ORTF !

Rappelons aux plus jeunes que l’audiovisuel public français n’est pas, ou en tout cas, n’a pas toujours été un champion de la liberté d’expression. À l’origine, radios et télévisions publiques étaient placées sous l’obédience du ministère de l’Information, poste où se distingua, sous le Général de Gaulle, le fameux Alain Peyrefitte. En ces temps-là, il y avait une ligne directe entre le bureau du ministre chapeautant l’audiovisuel public et les bureaux des responsables des chaînes. C’était l’époque où De Gaulle avait un intervieweur attitré, en la personne de feu Michel Droit.

Il faudrait que les plus jeunes d’entre nous imaginent, une seconde, les conditions dans lesquelles les journalistes de l’audiovisuel « gouvernemental », qualifié de « voix de la France », ont dû traiter les guerres du Vietnam et d’Algérie, la disparition de Ben Barka (un syndicaliste marocain enlevé sur le sol français), les « incidents » d’octobre 1961 (suite à la répression de manifestations contre la guerre d’Algérie, des dizaines de cadavres d’Algériens sont repêchés dans la Seine), les morts du métro Charonne (8 février 1962, en pleine guerre d’Algérie, à l’appel du parti communiste, une manifestation est organisée pour dénoncer les agissements des extrémistes de l’OAS voire la guerre conduite en Algérie. À la suite de l’intervention policière, on dénombrera plusieurs morts dans la bouche de métro) l’interventionnisme des armées françaises dans les anciennes colonies, le programme nucléaire, etc., etc.

Il y eut aussi Mai 68, avec une énorme charrette de licenciements de journalistes et d’animateurs, qui a vu les plus fortes têtes, en tout cas celles qui avaient pris part, un peu trop activement, au mouvement social, renvoyées purement et simplement. Quelques années plus tôt (1964), la speakerine Noëlle Noblecourt était licenciée pour avoir osé montrer ses genoux à l’écran !

Ce qui précède n’est qu’un petit condensé des innombrables entraves à la liberté qui ont pesé, des décennies durant, sur l’audiovisuel public français, un audiovisuel mis sous coupe réglée par le pouvoir politique, lequel, conformément au principe du « diviser pour régner », n’a pas hésité, sous Giscard d’Estaing, à opérer un véritable dépeçage de l’ORTF, qui sera suivi par la privatisation de TF1 (quand, en Grande Bretagne, même Margaret Thatcher n'a pas osé toucher à la BBC !).

Rappelons, en passant, qu'à cette époque, l'audiovisuel français n’est pas seulement public, mais aussi monopolistique : il n’existe pas de chaînes de radio ou de télévisions privées.

1981, élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Libéralisation de l’audiovisuel avec la création de radios « libres », de Canal +, de la Cinq (Berlusconi)… Création de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (1982), premier organe « autonome » de régulation de l’audiovisuel…

Ces rappels sont importants, car il faut toujours remettre les choses en perspective si l’on veut comprendre ce qui se passe.

Ceux qui n’ont pas de mémoire, ou qui n’ont pas connu les temps anciens, pensent parfois que tout coule de source, voire que la France a toujours été un modèle de démocratie et de respect des droits de l’Homme et de la liberté de la presse.

Ceux-là s’offusquent que l’on ose prendre en otage des journalistes, comme ces deux Français en Afghanistan, ou qu’on se permette de les jeter en prison, où certains trouvent la mort, comme tout récemment au Cameroun, quand ils ne sont pas tout bonnement assassinés en pleine rue, ici ou là.

L’organisation Reporters sans Frontières vient régulièrement nous rappeler, à coups d’opérations médiatiques, les centaines de cas de journalistes victimes des régimes les plus répressifs.

Et c’est là qu’on apprend que deux journalistes de France Inter, notre France Inter, pas des journalistes ouzbèques, ni burkinabés, ni russes, ni congolais, camerounais, cubains…, non, Didier Adès et Dominique Dambert, se retrouvent à la rue, du jour au lendemain, sans qu’on sache trop pourquoi, la direction de la radio en question refusant ostensiblement de s’expliquer, alors qu’une simple caissière de Prisunic ou un modeste éboueur de la ville de Paris bénéficierait d’une procédure de licenciement sévèrement encadrée par le Code du Travail. Si faute il y a, justifiant un licenciement avec effet immédiat, on se dit que Adès et Dambert ont dû faire très fort, à moins qu'il n'y ait anguille sous roche !

Cela dit, le coup était presque à prévoir, lorsqu'on se souvient de l'amputation de l'émission, dès la rentrée dernière, du dernier quart d'heure, confié à une autre journaliste. La suite était cousue de fil blanc...


En l’absence d’explications émanant de la direction, nous en sommes donc réduits à spéculer, en nous rappelant les déclarations de ceux qui voyaient d’un mauvais œil la manière dont le pouvoir politique était intervenu dans la nomination du président de Radio-France et du directeur de France Inter.

Et d’aucuns de se dire que, décidément, on ne perd pas les « bonnes habitudes », qu’il n’y a pas de fumée sans feu, que ça devait arriver. Comme au « bon vieux temps de l’ORTF », nous voilà revenus à la « voix de la France ».

Et c’est là qu’on se demande :

- où sont passés les syndicats de journalistes de Radio-France ?

- où est passée l'organisation Reporters sans Frontières, tellement combattive chaque fois qu'il s'agit de défendre les libertés de la presse... en Russie, Chine, Cuba et ailleurs, bref, loin de "chez nous" ?

- où sont passés les défenseurs de la liberté de la presse, notamment parmi les responsables associatifs, syndicaux et politiques ?

Les petits chefs de France Inter et de Radio France, dont on nous a dit qu'ils avaient été choisis en "haut lieu", voudraient-ils restaurer le climat nauséabond qui a prévalu sous la RTF puis sous l’ORTF ?

Imaginons, une seconde, que des pays soient dirigés comme le sont certaines chaînes de l'audiovisuel, avec des petits chefs ayant tous les droits. Ces pays existent ; on les appelle des dictatures !




« Rue des Entrepreneurs » est (j'en parle au présent !) une des rares émissions – à l’instar d’Interception, le dimanche, et de Là-bas si j’y suis, l’indispensable rendez-vous avec Daniel Mermet (dont on se souviendra qu’il a été, lui aussi, victime d’une oukase de la part de l’avant-dernier « petit dictateur » sur France Inter, lequel lui a imposé un changement d’horaire, et ce, malgré les protestations de nombreux auditeurs.) que j’écoute régulièrement, et in extenso, sur France Inter, malgré le caractère parfois aride de certaines interventions de spécialistes de l’économie ou de la finance. Et c’est précisément cette aridité apparente qui rend l’émission intéressante, à l’instar d’une conférence à la Sorbonne, ou de la lecture du Wall Street Journal, par exemple. En tout cas, rien à voir avec les niaiseries quotidiennes du « Fou du Roi »... « Rue des Entrepreneurs » se trouve aussi être une des plus anciennes émissions de la grille de France Inter, ce qui pourrait expliquer que tel "petit chef" veuille faire table rase de tout ça...

« Sur France Télévision, le premier partenaire c’est vous ! » peut-on entendre dans un spot publicitaire vantant la qualité des rapports entre la télévision publique et ses chers téléspectateurs.

Le premier partenaire ? Là, je dis « chiche ! », et je demande, que dis-je ?, j’exige d’être consulté avant toute modification de la grille des programmes. Parce que j’entends être autre chose qu’un vulgaire payeur de redevance.

Et dès lors que les émissions sont faites avant tout pour les auditeurs et téléspectateurs, il va falloir qu'à l'avenir, nous, usagers de l'audiovisuel public, exigions d’être systématiquement consultés en matière de programmes.

Par téléphone, par SMS, courriel, etc., il est très facile, de nos jours, de faire voter le public, comme on peut le voir quotidiennement ici ou là. Du reste, tous les jours ouvrables, France Inter diffuse « Le téléphone sonne », émission s’appuyant sur la participation des auditeurs.

Je demande, donc, que France Inter organise un audit auprès du public, sur le devenir éventuel des émissions de la grille, et qu’on en finisse, DÉFINITIVEMENT, avec des pratiques archaïques et héritées des plus infâmes républiques bananières.

Les responsables de Radio France, mais aussi de France Télévision, vont devoir nous consulter à l’avenir sur toute modification des grilles des programmes, parce que les émissions sont faites pour nous et pas pour de "petits chefs". C’est le sens du message que, pour ma part, j’adresse aux responsables politiques de ce pays ainsi qu’au CSA.

P. S. Question à 'x' centaines de kiloeuros : supposons que, in fine, la justice donne gain de cause à Adès et Dambert, contraignant l'employeur à leur verser de substantielles indemnités de licenciement, de quelle poche va sortir cette somme : de notre poche de contribuables ou de celles des petits chefs fautifs ? Cette question n'a rien de théorique, dans la mesure où les petits dictateurs de l'audiovisuel public seront d'autant plus enclins à jouer les Mugabe et autres Pol-Pot de bas étage qu'ils ne risquent rien sur le plan financier, la collectivité étant automatiquement amenée à subvenir au paiement de leurs iniquités. Et c'est là que les élus, notamment ceux du parlement, devraient penser à munir la loi sur l'audiovisuel d'un amendement prévoyant la responsabilité personnelle d'un "petit chef" en cas de condamnation judiciaire, étant entendu que les fautes personnelles d'un dirigeant incompétent ne sauraient en aucune manière être couvertes par le contribuable ! Cela devrait en faire réfléchir plus d'un(e) à l'avenir !