dimanche 2 mai 2010

Dear Mister Brown!


Cher monsieur Brown!
Dear Mister Brown!

I hope that at the end of this week, you will still be Britain's Prime minister, so much most of the commentators and observers have been full of prejudices and bad faith about you.

J'espère qu'à la fin de cette semaine, vous serez toujours le Premier ministre britannique, tant la plupart des commentateurs et observateurs se sont avérés pleins de préjugés et de mauvaise foi à votre endroit.

Je les entends d'ici : "au moins, Tony Blair était charismatique, brillant, flamboyant..." Il est vrai que Napoléon aussi était brillant, charismatique, flamboyant..., sur le dos des autres, notamment celui des dizaines de milliers de soldats qu'il a envoyés au cimetière, juste pour sa gloriole. Le Labour a eu raison de se débarrasser de Tony Blair, coupable d'alignement servile à l'égard de George W. Bush.

Le charisme, je ne sais pas ce que ça veut dire. En tout cas, moi, j'aime bien Gordon Brown, quoi qu'en disent les médias, et j'estime que la passation de pouvoirs avec Tony Blair aurait pu intervenir plus vite, Blair étant l'un des artisans majeurs de la mauvaise passe actuelle du Labour, en raison de la perte de confiance de l'électorat traditionnel de gauche pour le parti travailliste. Brown est peut-être moins tape-à-l'oeil que Blair, mais c'est celui des deux qui me fait le plus penser à un honnête homme !

Moi, qui ne suis pas Britannique, j'observe de loin ce qui se passe, et je vois que M. Cameron est pressé de remettre les conservateurs aux affaires. Et là, je me marre, parce que j'ai en mémoire le fait que les conservateurs ont toujours privilégié leurs intérêts de classe à l'intérêt général, la rentabilité à la solidarité.

Pour des partisans du "laisser faire, laisser aller", j'avoue avoir le plus grand mal à comprendre pourquoi ces adversaires de l'État sont à ce point obnubilés par la conquête du pouvoir, ce qui fait que ces partisans de l'entreprise passent l'essentiel de leur carrière à se faire payer par les contribuables, en tant que députés ou ministres.

Donc, si j'ai bien compris, c'est en cette période de crise que les Britanniques devraient choisir de confier le pouvoir à des fossoyeurs des services publics et à des partisans du désengagement de l'Etat. Je suis juste fort curieux de voir le résultat de tout ça !

Ces derniers jours, il n' a été question que de la "gaffe de Gordon Brown"! Et moi de m'interroger sur le fait que l'on soit gaffeur lorsqu'on n'est pas d'accord avec une personne qui ne pense pas comme vous.




Aurait-il fallu dire à cette veuve : "Vous ne pensez pas comme moi, je suis même certain que vous allez voter pour mes adversaires, mais, comme la presse me demande de faire de la démagogie, je vais affirmer, devant tout le monde, que je partage tous vos points de vue."

Entre nous, dès lors qu'ils avaient décidé que tout irait de travers pour les travaillistes, est-ce que la petite phrase prononcée à l'encontre de cette électrice aurait changé quelque chose si elle n'avait pas été prononcée ? Ou bien les journalistes se seraient-ils mis à la recherche d'une autre "gaffe" ?

En règle générale, quand on en arrive à vous reprocher des gaffes, c'est qu'on a décidé de se concentrer sur la forme plutôt que sur le fond des choses, un peu comme décider que le meilleur candidat est celui qui a la plus jolie cravate. Il y a une crise économique et environementale massive, qui frappe le monde entier, et l'essentiel des débats, la Une des journaux... ne sont consacrés qu'à la "gaffe" !

Il faut dire que la corporation des commentateurs politiques compte moult moutons de Panurge, catégorie à laquelle je n'appartiens pas !

Donc, je persiste à penser que Gordon Brown et le Labour peuvent encore créer la surprise en Grande-Bretagne, un peu comme Gerhard Schröder lors de sa dernière campagne pour le SPD. Et puis, le système électoral britannique est si "bizarre", ce qui laisse la porte ouverte à tous les rebondissements.

Mais au fond, si les Britanniques veulent de nouveau reconduire une équipe se réclamant des suppressions de postes dans les hôpitaux et les services sociaux et du dépeçage des services publics, de la vente par appartements du réseau ferré, etc., le tout au nom de la rigueur budgétaire et du profit, alors, pourquoi pas ? Les conservateurs reviendront au pouvoir, mais on se rendra vite compte de la nocivité de leur politique, comme cela s'est déjà produit ailleurs (cf. Suède), et comme les Français, par exemple, sont en train de l'expérimenter, eux qui, en 2007, ont été copieusement abreuvés, eux aussi, des "gaffes" d'une candidate qui n'avait pas l'heur de plaire à certains commentateurs patentés.

Depuis lors, ces derniers rasent les murs, et les Français n'en finissent pas de regretter leur choix... Ils vont encore le regretter quelque temps !

En attendant, je souhaite "all the best" à Monsieur Brown.