Mercredi, 2 mai 2007
Ce soir-là, on allait assister à un classique de la télévision : le débat contradictoire opposant les deux meilleurs candidats à l'élection présidentielle : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Fameux débat !
Curieusement, trois ans après, plus grand monde, que dis-je ?!, plus personne n'évoque ce débat - qui a pourtant fait couler pas mal d'encre -, dont je pense, pourtant, qu'il a pesé lourd sur la suite de l'évolution politique de la France. Tout simplement !
Constatons, en passant, que des deux protagonistes, Ségolène Royal était la seule à proposer une refonte constitutionnelle plus qu'ambitieuse, avec l'instauration d'une Sixième République.
Comme chacun sait, Ségolène Royal n'est pas devenue présidente de la République, mais sitôt élu, ne voilà-t-il pas que son adversaire victorieux va s'empresser de créer une commission dite "Balladur", chargée de procéder à une refonte de la Constitution. Il s'agissait là, à n'en pas douter, de la première victoire politique de Ségolène Royal : imposer à son adversaire un virement de bord que lui-même n'avait pas envisagé au départ. Je pense, tout naturellement, à cette innovation prévoyant une saisine directe du Conseil Constitutionnel par les citoyens.
Innovation introduite par la commission Balladur ; source vie-publique.
Cf. Pacte présidentiel de Ségolène Royal :
L'innovation en question a bien été "pompée" par la Commission Balladur dans le Pacte présidentiel de Ségolène Royal.
Autre chose : le fameux débat du 2 mai 2007 avait commencé par une poignée de mains.
Évitement
Les postures d'évitement sont un thème cher aux éthologistes (spécialistes du comportement animal). Elles sont tout à fait manifestes entre dominants et dominés. Les missionnaires ainsi que les ethnologues ont aussi abondamment disserté sur la question, l'évitement étant un comportement fréquent entre personnes de sexe différent. C'est ainsi que, souvent, dans certaines sociétés traditionnelles précoloniales, le gendre devait se détourner du chemin de sa belle-mère, ou la bru du chemin de son beau-père. La photo de la poignée de mains entre les deux protagonistes du débat télévisé du 2 mai 2007 nous offre un formidable spécimen d'évitement. Cette photo a échappé aux téléspectateurs, ce qui est bien dommage, car elle est pleine d'enseignements.
Il y en a au moins un, qui a observé que le candidat évitait de regarder la candidate dans les yeux :
http://www.askolovitch.com/blog/2007/05/immoral_disaite.html
(...) Si c'était un match de boxe, elle l'aurait dominé physiquement, quelque chose de palpable, elle aurait donné plus de coups, même dans un style brouillon et désordonné, et lui aurait subi la furia, adossé aux cordes et les poings levés. (...) Mais ce n'était pas un match de boxe, et, hier soir, tout était voulu. Lui a choisi d'encaisser délibrément, soucieux avant tout de ne pas donner prise aux attaques répétées sur sa brutalité, son arrogance, sa méchanceté, son mépris, etc... Sil ne la regardait pas, c'était pour s'éviter le coup d'adrénaline de trop, qui aurait réveillé Sarko le terrible, le sarkofacho de la propagande d'en face. Il a joué son jeu en demi-teinte, et a rempli son contrat, son vérotable objectif -quitte à être en-dedans...
Dans Le Monde (4 mai 2007), Dominique Dhombres parle d'une poignée de mains fantôme, sans trop insister sur l'acte d'évitement consistant à ne pas regarder celle à qui l'on tend la main, mais Dominique Dhombres n'est ni éthologiste, ni comportementaliste, ou tout simplement, n'a aucun sens de l'observation !
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Tohu-bohu dans le Landerneau...
Dominique Dhombres : "La candidate avait une bonne raison de se mettre en colère. Le candidat en avait une autre, meilleure encore, de rester de marbre. Elle était outrée par ses propos. Il avait décidé de demeurer zen..."
(...) Nicolas Sarkozy venait de proclamer le droit des parents d'un enfant handicapé à se rendre devant un tribunal pour exiger l'accueil de leur enfant à l'école publique.
...Attendez, j'ai quelque chose à dire, parce que là, je pense que l'on atteint le summum de l'immoralité politique", l'inetrrompait Ségolène Royal. "Je suis scandalisée de ce que je viens d'entendre, parce que, jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux. Lorsque j'étais ministre de l'enseignement scolaire, c'est moi qui ai créé le Plan Handiscol, qui a demandé à toutes les écoles d'accueillir tous les enfants handicapés. Et c'est votre gouvernement qui a supprimé le Plan Handiscol et les aides-éducateurs", poursuivait-elle. "Cet écart entre le discours et les actes, surtout quand il s'agit d'enfants handicapés, n'est pas acceptable. Je suis très en colère.", disait-elle. "Calmez-vous !", s'exclamait Nicolas Sarkozy. (...) Je ne sais pas pourquoi Madame Royal a perdu ses nerf.", disait-il...
Voilà qui fait dire à Dominique Dhombres que la candidate avait une bonne raison de se mettre en colère, mais que le candidat en avait une autre, meilleure encore, en termes de "Com" s'entend, dès lors que le paraître vaut mieux que l'être et que la forme l'emporte sur le fond !
Alors, tant pis si le candidat n'a pas été en mesure de contredire les déclarations de la candidate. Au fond, il aurait fort bien pu renvoyer Ségolène Royal dans les cordes, en affirmant, mordicus, qu'il n'y avait pas eu de suppression ni du Plan Handiscol, ni des aides-éducateurs. Ce qu'il s'est bien gardé de faire, confirmant implicitement les accusations de Ségolène Royal. Et pourtant, c'est lui que Dominique Dhombres crédite de la meilleure stratégie, dès lors que "paraître zen" vaut mieux que de dire la vérité.
Bien évidemment, c'est un réel tohu bohu qui va se déclencher au lendemain de ce débat, les spécialistes et autres experts en communication se focalisant sur l'altercation susmentionnée. Les traces de cette effervescence sont encore lisibles sur l'Internet.
Quelques instants sur un moteur de recherche suffisent pour accéder à la masse de sites consacrés à ce fameux débat. Pour ma part, j'ai bien aimé la présentation succincte qu'en a fait La Croix sur son site :
Le débat télévisé d'entre-deux tours de l'élection présidentielle entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy s'est achevé mercredi soir à 23h38, après avoir duré deux heures et 38 minutes.
Ségolène Royal s'est placée mercredi soir en position d'attaque lors du débat d'entre-deux tours de la présidentielle, Nicolas Sarkozy s'appliquant à afficher calme et pondération. Voici le film de ce face-à-face :
20h05 : Nicolas Sarkozy arrive au studio de Boulogne. Il est accueilli par Patrick Le Lay et Patrick de Carolis, les PDG de TF1 et France 2, chaînes organisatrices du débat.
20h15 : Ségolène Royal arrive à son tour. Elle est accompagnée de Julien Dray, porte-parole du PS, et Jean-Louis Bianco, son codirecteur de campagne.
21h : Le face-à-face débute à l'heure tapante. Ségolène Royal se dit "très fière, très heureuse d'être ici". Nicolas Sarkozy se déclare "concentré".
"Au lieu de recruter des douaniers, je recrute des infirmières"
21h10 : A Ségolène Royal qui le somme de prendre sa part de responsabilité du gouvernement sortant, Nicolas Sarkozy répond : "Je suis responsable, j'ai été ministre de l'intérieur pendant quatre ans". Il revendique une baisse de la délinquance par rapport à la "situation catastrophique" trouvée en 2002 (voir la vidéo).
21h15 : Nicolas Sarkozy reproche à sa rivale d'évoquer "tous les sujets en même temps", "de les survoler et de ne pas être assez précise". "Laissez-moi la responsabilité de mes prises de parole, si vous le voulez bien", rétorque-t-elle.
21h30 : Vif échange sur la réduction du nombre des fonctionnaires (voir la vidéo) :
- Royal : "Au moment du départ à la retraite, au lieu de recruter des douaniers, je recrute des infirmières."
- Sarkozy : "Non ce n'est pas possible, Madame."
- Royal : "Vous plaisantez ? (...) Si vous ne pouvez pas faire, pourquoi voulez-vous accéder aux responsabilités? Eh bien moi, je le pourrai."
21h40 : Nicolas Sarkozy vante le chiffrage de son projet par l'institut Rexecode.
- Royal : "Rexecode, on connaît la musique, c'est l'organisme du Medef."
- Sarkozy : "Pourquoi toute personne qui n'est pas de votre opinion, vous la traitez avec ironie, voire avec mépris ?"
"Il faudra que vous révisiez un peu votre sujet"
22h : Ségolène Royal veut être "la présidente de ce qui marche, sans oeillère". Dans ce cas, "il n'y a rien à faire", ironise Nicolas Sarkozy qui préfère être "le président qui fasse que ce qui ne marche pas marche".
22h30 : Altercation sur la question de l'énergie nucléaire (voir la vidéo). Ségolène Royal demande à son adversaire quelle est la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France. "La moitié", répond-il. "Non, 17% seulement", insiste-t-elle.
- Royal (sur le réacteur nucléaire EPR) : "Vous venez de dire une série d'erreurs, ça peut arriver mais il faudra que vous révisiez un peu votre sujet."
- Sarkozy : "Entre les Verts qui ne veulent pas le nucléaire, et les communistes qui veulent le nucléaire, qu'est-ce que vous choisirez si vous êtes élue ?"
23h : Ségolène Royal accuse vivement Nicolas Sarkozy "d'immoralité politique" pour avoir décrit "la larme à l'oeil" la situation des handicapés, alors que le gouvernement auquel il appartenait a "supprimé" les aides en leur faveur. Le candidat UMP lui reproche de "perdre ses nerfs".
- Royal : "Je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère, il y a des colères très saines."
- Sarkozy : "Qu'est-ce que cela doit être quand vous êtes énervée."
"Je respecte son talent"
23h10 : Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de se "poser en victime" dès lors qu'il est "gêné" dans ses réponses. "Avec vous, ça serait une victime consentante, Madame", lui répond le candidat UMP.
23h38 : Fin du débat. Chacun ayant dit ce qu'il pensait de l'autre :
- Nicolas Sarkozy : "Je respecte son talent, sa compétence."
- Ségolène Royal : "Je m'abstiendrai de jugement personnalisé."
Bien évidemment, l'animosité de la droite envers Ségolène Royal a trouvé moult sujets d'excitation, depuis la campagne de la présidentielle de 2007, à l'instar de ce qui suit : http://www.koztoujours.fr/?p=288
Scolarisation & handicap : la mal- »saine colère » de Madame Royal
Oh, comme elle l'a bien jouée, cette colère, Madame Royal, que certains disent programmée. "On atteint le summum de l'immoralité politique. Je suis scandalisée par ce que je viens d'entendre, parce que jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux." Accusatrice, elle dénonçait le propos "larme à l'oeil" de Nicolas Sarkozy, et c'est nous qui l'avions la larme, à l'oeil, devant cette capacité d'indignation préservée. Elle en a fait beaucoup, sur cette colère, Ségolène Royal. Parce qu'elle ne s'est pas contentée de jouer la scène, elle s'est auto-commentée : "Il y a des colères saines, parce qu'elles correspondent à la souffrance des gens. Il y a des colères que j'aurai, même quand je serai Présidente de la république…"
Le problème est que, lorsque l'on parvient, envers et contre tout, à comprendre son propos, quelle que soit la source vers laquelle on se tourne, on constate qu'elle a tort, Madame Royal, sur le point qu'elle a voulu soulevé.
Jospin
Dans son ouvrage intitulé L'impasse (Flammarion, 2007), cet opuscule visiblement composé dans la précipitation, et dans un seul et unique but, torpiller celle qui a obtenu 31 % de voix de plus que lui (en 2002) - comment appelle-t-on ça déjà dans les Evangiles, la parabole de la paille et de la poutre ? Par parenthèse, observons que Lionel Jospin fait partie de ces socialistes convertis au bonapartisme, qui font mine de ne pas comprendre que, précisément, le bonapartisme, ça n'a jamais été une affaire de partis politiques, et que de ce point de vue, Ségolène Royal a été candidate en son nom, soutenue par divers mouvements, et qu'à aucun moment, elle n'a été la candidate du Parti socialiste. Ce qui, du coup, discrédite tout discours visant à juger Royal comme ayant été une candidate socialiste. Bref, "L'impasse" est un pamphlet pour rien ! Mais nous en reparlerons. -, Lionel Jospin prétend que lors du débat Royal-Sarkozy du 2 mai 2007, les erreurs, les affirmations trop générales de Ségolène Royal... ont fait que son interlocuteur a creusé l'écart. Et il ajoute ceci (pp. 80-81) : Même l'indignation, surjouée, à l'égard de l'"immoralité" de son adversaire au sujet des handicapés, un instant impressionnante, se retourna contre elle d'autant que, sur ce sujet, la vérité n'était pas simple. En tout cas, pour la première fois dans un tel débat, le candidat de la gauche était largement dominé.
Je dois dire que là, j'étais mort de rire, en souvenir du débat Jospin-Chirac de l'entre deux tours de mai 1995, où l'on a vu un Chirac particulièrement pugnace, face à un Jospin plus qu'effacé, qui - les archives existent, et elles sont cruelles ! - au moment de conclure, donnait l'impression de parler de lui-même au passé (cf. ... au cours de ce débat..., j'ai essayé, je me suis efforcé...), comme pour prendre (déjà) congé !
Ségolène Royal dominée par Sarkozy lors du débat du 2 mai 2007, voilà un sacré scoop, lorsque l'on se remémore les oeillades désespérées du candidat de droite vers les deux journalistes qu'il semblait appeler à la rescousse !
Pauvre Lionel Jospin !
Silence radio
J'ai voulu comprendre les raisons du décalage entre le tohu-bohu provoqué par les déclarations de Ségolène Royal en 2007, et le silence radio que tous les commentateurs d'alors semblent s'imposer depuis cette date, en ce qui concerne les handicapés, à croire qu'ils sont, tous (les commentateurs), devenus amnésiques.
Et pourtant, la politique devrait être le champ, par excellence, de ce que Ségolène Royal elle-même a coutume d'appeler la démonstration par la preuve.
En clair, il s'est dit des choses à l'époque (2007), et l'on a beaucoup promis. Ce qui justifierait que l'on cherche à savoir où en sont les promesses, surtout de la part du vainqueur de la confrontation.
Question : où en est (à la date du 2 mai 2010) le droit opposable des parents (envers l'Etat), y compris par voie de justice, afin d'exiger la scolarisation d'un enfant handicapé ?
Le handicap à l'école, en théorie
Commençons par nous faire une idée de la situation des enfants handicapés telle qu'elle est prévue dans les textes. Officiellement, 180 000 élèves handicapés sont scolarisés en école, collège et lycée en 2009-2010, soit une augmentation de plus de 30% en 5 ans. Ça, ce sont les chiffres. Il est permis d'aller voir d'un peu plus près la réalité...
L'école de la précarité
http://www.koztoujours.fr/?p=288
9. margit 3 mai 2007, 16:57 lien
Commentaire lu et enrégistré hier soir sur un forum :
« Je suis enseignante en école maternelle publique et je suis scandalisée par ce que je viens d’entendre.
Nous avons reçu des textes en 2006 nous demandant d’accueillir tous les enfants handicapés dans notre quartier…En tant que directrice , j’ai mis un point d’honneur à accueillir avant la rentrée les familles concernées, pour permettre la meilleure intégration possible de leurs enfants mais aussi d’elles- mêmes , pour que ces familles se sentent bien dans l’école , qu’elles ne se sentent pas jugées devant les autres familles quand leurs enfants font des crises parfois difficiles à vivre pour tout le monde. J’ai une AVS (aide à la vie scolaire ) pour chaque enfant accueilli dans mon école.
Pourquoi dire que nous n’avons personne pour nous aider dans cet accueil?
Pourquoi dire que ce gouvernement n’a rien fait pour les enfants handicapés alors que c’est la première fois qu’on dote notre école d’un adulte par enfant handicapé accueilli ?
Nous donnons tant d’heures et d’énergie pour les accueillir dignement chaque année que je suis outrée par les propos de Madame Royal qui devrait plutôt louer les textes dans ce domaine et les mesures qui ont été prises en leur faveur à la rentrée 2006. » Ça, c'est l'opinion d'une enseignante en école maternelle publique, qui semble satisfaite de ce qu'elle fait avec les enfants handicapés. Le problème est que, sur les forums, on lit fort peu de choses émanant : 1) du personnel d'accompagnement, je veux parler des Auxiliaires de Vie Scolaire (lesquelles ne sont pas des fonctionnaires engagés en CDI !) ; 2) des parents d'élèves handicapés.
Voyons ce qu'en disent la presse et certains sites Internet concernés :
Sur lepost.fr, une AVS explique les difficultés de son métier alors que 5000 postes d'auxiliaires de vie scolaire ont été supprimés pour cette rentrée. (...) Pourquoi ? Parce que les AVS et EVS (emplois de vie scolaire) sont embauchés en CDD, de durée variable, et dans la limite de 6 ans. Et les premiers contrat ont atteint cette limite en juin 2009.86 % des directeurs d'écoles estiment que la scolarisation de ces enfants fonctionne bien contre seulement 45% des parents. Et 58 % des directeurs qui n’accueillent pas d’enfant handicapé ont le sentiment que cet accueil serait difficile et appréhendent la 1ère expérience. Suite de l'article :
Beaucoup de familles, dont l'enfant a la capacité de s'y adapter, se sont donc tournées vers l'école. Un itinéraire souvent semé d'embûches, pour lequel les moyens financiers peuvent faire la différence. Ainsi Mariarosa et Jean-François Bohuon, tous deux ingénieurs, s'apprêtent à embaucher un auxiliaire de vie scolaire (AVS), ces personnes qui accompagnent les handicapés dans les classes. Leur fils Alexandre, 5 ans et demi, va entrer en maternelle dans une école privée, à la rentrée. Ils n'ont pas fait de demande dans un établissement public, car si les AVS non nommés par l'éducation nationale peuvent y être acceptés, c'est souvent "plus compliqué".
Pour donner toutes ses chances de progrès à Alexandre, et "garder la main sur son avenir", ils ont refusé d'être dépendants du système : en recrutant eux-mêmes, ils s'assurent d'avoir quelqu'un pour accompagner leur fils à la rentrée, et la même personne toute l'année. Celle-ci pourra en plus s'en occuper en dehors des quelques heures où il sera scolarisé. Surtout, ses parents pourront choisir une personne qualifiée. "C'est un investissement sur le long terme, car nous voyons bien que la stimulation fonctionne avec lui", glisse Mariarosa.
(...)
Tous ces parents disent la difficulté qu'ils ont à accepter la réalité : la prise en charge des enfants par des personnes en situation précaire, employés à durée déterminée, sans parfois d'intérêt ou de curiosité pour le handicap. Ils disent aussi comme il leur est douloureux de devoir supporter les regards désapprobateurs ou les réflexions sur leurs enfants aux comportements étranges, de gens croisés dans les transports en commun ou les parcs. Des endroits que certains renoncent à fréquenter.
(...)
Beaucoup de familles, dont l'enfant a la capacité de s'y adapter, se sont donc tournées vers l'école. Un itinéraire souvent semé d'embûches, pour lequel les moyens financiers peuvent faire la différence.
2007 à qui perd gagne ?
Imaginons que la presse, notamment audiovisuelle, fasse preuve d'imagination, et que les télévisions rediffusent le fameux débat du 2 mai 2007, en le mettant en perspective par rapport à tout ce qui précède. Les commentateurs susmentionnés, Dhombres, Askolovitch et d'autres, oseraient-ils réécrire la même chose et leur assourdissant silence en la matière, là maintenant, en 2010, ne constitue-t-il pas un aveu de leur incompétence et de leur fatuité ? À en juger par son impact sur le débat national, de la réforme constitutionnelle à l'abandon de la taxe carbone, peut-on encore affirmer que Ségolène Royal est la grande perdante de l'élection présidentielle de 2007, comme les analystes superficiels s'évertuent à le marteler un peu partout ?
Sarkozy a fait ce que voulait Ségolène Royal
Nouvel Obs. : Pour autant, il faut bien faire avec les électeurs. Et manifestement, les députés, tant à l'UMP qu'au PS, étaient tout sauf prêts à sacrifier leur siège sur l'autel de la Contribution Climat Energie...
Jean-Paul Besset : Si j'étais cynique, je dirais que ça plaide pour une force écologique centrale capable d' assumer jusqu'au bout les idées de transformation sociale et environnementale. Bref que l'original vaut toujours mieux que la copie. Il faut bien le dire : en abandonnant la Taxe Carbone, Sarkozy a finalement fait ce que souhaitait Ségolène Royal. Et à l'évidence entre UMP et PS, il y a accord tacite pour que ces funérailles n'aient ni fleurs ni couronnes. Beaucoup font des commentaires sur le reniement de Sarkozy. Mais rares sont ceux qui pleurent la Taxe. Ça laisse entendre que ces deux grandes forces que sont l'UMP et le PS sont déphasées par rapport à l'enjeu.