mercredi 3 février 2010

Pourquoi je soutiens Georges Frêche


Tout le monde a, semble-t-il, oublié que la fameuse "affaire Georges Frêche" est partie d'une déclaration de Laurent Fabius, lequel ne manifestait pas beaucoup d'empathie pour son confrère du Languedoc-Roussillon. De fait, si déclaration de guerre il y a eu, elle provient de Laurent Fabius (**) et non de Georges Frêche !

Réponse du berger à la bergère, à la suite d'une interview de Laurent Fabius, du 20 décembre 2009, sur agoravox :

"Huchon, ça c'est quelqu'un de solide, ça. Moi, je serais à Paris, je voterais Huchon. Si j'étais en Haute-Normandie, je ne sais pas si je voterais Fabius. Je m'interrogerais. Ce mec me pose problème. Il a une tronche pas catholique. Ça fait rien, peut-être que je voterais pour lui, mais j'y réfléchirais à deux fois."

Parce que Frêche dit quand même une chose : "Il a une tronche pas catholique", suivi de "ça fait rien, peut-être que je voterais pour lui..." ; en clair, son animosité pour Fabius ne va pas jusqu'à refuser catégoriquement de voter pour lui, et c'est, paraît-il, cela qui constituerait, aux yeux des éléphants socialistes, l'intolérable outrage aux bonnes moeurs, à la morale, etc.

Et tout ce ramdam provient de gens qui auraient copieusement fraudé lors de la dernière nomination au premier secrétariat du Parti Socialiste ou, en tout cas, se sont bien gardés de pourvuivre en justice Antonin André et Karim Rissouli, auteurs d'un fameux pamphlet accusant le camp de Martine Aubry de fraudes massives.

Entre nous, entendre Martine Aubry, la mal élue au premier secrétariat, parler de valeurs et de morale, franchement, ça vous donne envie de vous tordre de rire. Mais le plus fort, c'est d'entendre Fabius nous faire le couplet de l'antisémitisme... Parce qu'il serait sémite, Fabius ? Ça pour un scoop !

"Frêche s'en est pris à Laurent Fabius, qui a des origines juives.", voilà ce que j'ai distinctement entendu sur radios et télévisions, des jours durant.

"Des origines juives !", parce qu'il est quoi, en fait, s'il n'y a que ses origines qui soient juives ? On raconte partout que Fabius serait bel et bien catholique. Mais s'il est catholique (de naissance), comment peut-il se permettre d'affirmer péremptoirement que l'attaque qui l'a visé était antisémite ?

Par ailleurs, Laurent Fabius est un ancien de Normal Sup', agrégé de lettres, et il ne sait pas qu'il n'y a jamais eu de sémites en Europe ? Car, même juif, ce qu'il n'est visiblement pas, Fabius n'a rien d'un sémite, les Juifs d'Europe étant des Européens convertis au judaïsme, chose qu'un ancien de Normal Sup' devrait savoir !

Donc, de quelque côté que l'on prenne la chose, la thèse de l'antisémitisme ne tient pas la route une seconde, le plus stupéfiant étant que le Parti Socialiste - et Laurent Fabius par la même occasion - ose(nt) laisser à penser qu'un catholique puisse être victime d'une attaque antisémite, de surcroît, de la part d'un grand ami des Juifs et d'Israël !

Revenons précisément à ce bon vieux Georges Frêche. Je sais bien que la rumeur publique l'accuse de multiplier les dérapages. N'a-t-il pas traité les harkis de sous-hommes et n'a-t-il pas déclaré qu'il y avait trop de Noirs dans l'équipe de France de football ? Alors, trop c'est trop, les dérapages verbaux de Georges Frêche, ça suffit, comme l'aurait déclaré Claude Bartolone.

Les harkis ?

- Vous êtes des sous-hommes ! a lancé Frêche à un groupe de harkis qui avaient osé le houspiller au cours d'une réunion publique.

Pour avoir visionné et revisionné la séquence sur Internet, ma conviction est que Georges Frêche entendait invectiver un groupe précis d'individus, qu'il avait devant lui, et auxquels il reprochait leur inconséquence devant l'Histoire. Il n'a jamais été question de traiter l'ensemble des Harkis de sous-hommes. Sur ce plan, la Justice lui a donné raison.

Reste la question du nombre de Noirs en équipe de France, séquence que j'ai aussi visionnée 'x' fois, pour constater que ceux qui auraient dû s'offusquer de la sortie de Georges Frêche, ce sont les jeunes Français de souche, qu'il jugeait nuls par rapport aux Noirs, dont la proportion en équipe de France excède largement ce qu'elle est dans la population française, ce qui, en filigranne, relevait de l'admiration, car, ajoutait Frêche, s'ils (les Noirs) sont aussi nombreux..., c'est tout simplement parce que les autres (entendez les petits Gaulois) sont nuls en sport ! Je ne vois donc pas très bien ce qui autorise certains à accuser Georges Frêche d'avoir prétendu qu'il y avait trop de Noirs en équipe de France. Il me semble plutôt que les propos réellement racistes, en la matière, ont été proférés par Alain Finkielkraut, lequel a bénéficié d'une étonnante mansuétude de la part d'à peu près tout le monde !

Il s'ensuit que moi, qui suis noir de peau et maîtrise plutôt bien la langue française, je ne me suis pas senti outragé le moins du monde par les propos de Georges Frêche, mais plutôt par ceux de Finkielkraut, et j'entends bien que les éléphants avachis du Parti socialiste ne se servent pas de la pseudo-affaire des Noirs en équipe de France pour régler des comptes !

Parce que, de surcroît, il y en a un, qui s'est permis de l'ouvrir tout récemment, pour vilipender Georges Frêche : Manuel Valls, dont les propos sur le trop petit nombre de "blancos" dans sa ville d'Evry relevait du racisme le plus pur. Et nous n'avons entendu aucun dignitaire socialiste pour les condamner.

Bien évidemment, hormis quelques demeurés, tout le monde a compris que l'attaque (tardive) contre Frêche cachait autre chose, qui ressemble à du désarroi, alors qu'on avait cru que Madame Aubry, la mal élue de Solférino, s'attendait à un grand chelem aux régionales, ce qui aurait dû l'inciter à plus de pondération et de force tranquille. Tandis que là, elle manifeste de l'agitation pour ne pas dire de l'énervement.

Mais au fait, "grand chelem" signifie-t-il qu'une victoire éventuelle de Georges Frêche en Languedoc-Rousillon sera comptabilisée à Solférino comme partie intégrante du triomphe socialiste ? Cela équivaudrait à une réintégration de Frêche par la bande, au sein de la famille. Rigolo, non ?

Martine Aubry est une piètre cheftaine, de surcroît mal élue, cela crève les yeux ! C'est la raison pour laquelle il faut s'attendre à la voir, elle et son compère, le "Monsieur Braguette du FMI", caracoler encore longtemps en tête des personnalités de gauche, en tout cas dans les sondages.

Cela aussi, nombre de sympathisants de gauche l'ont compris, qui sont persuadés que les éléphants avachis de la rue Solférino vont perdre le bras de fer qu'ils ont imprudemment entamé contre bien plus costaud qu'eux !

Le fait est que Georges Frêche a les militants socialistes de sa région de son côté, voire à ses côtés, militants dont il va falloir trahir le vote démocratique. Mais, me direz-vous, à Solférino, on a l'habitude !

(**) Laurent Fabius, ce grand donneur de leçons devant l'Eternel ! Je l'entends encore claironner que, dans tout autre pays démocratique, l'affaire (Clearstream) aurait provoqué la chute du gouvernement. La belle démonstration d'amnésie que voilà ! Parce qu'une autre affaire, bien plus grave que Clearstream, une de ces barbouzardises propres aux républiques bananières, a eu lieu en juillet 1985, avec mort d'homme : pour prévenir des manifestations de protestation de Greenpeace en Polynésie Française, contre les essais nucléaires français, la France mandate en Nouvelle-Zélande une escouade de barbouzes qui vont avoir la 'géniale' idée de plastiquer le navire amiral des écologistes. On connaît la suite : Mitterrand et son premier ministre, un certain Laurent F., se lavant les mains de cette affaire, tandis que l'infortuné ministre de la défense, Charles Hernu, portait le chapeau. Qu'à l'occasion, Mitterrand nous ait fait la démonstration de son immense cynisme, rien d'étonnant. Quant à Fabius, de deux choses l'une : ou bien il était mouillé dans la barbouzardise jusqu'au cou, et il assumait en démissionnant, ou bien - comme il l'a prétendu -, tout cela s'était déroulé à son insu, et il démissionnait aussi, au motif qu'il est inadmissible qu'une opération impliquant à ce point l'Etat français puisse se dérouler, de surcroît à l'étranger, sans que le Premier ministre n'en soit informé. En restant piteusement à son poste, pour mieux faire porter le chapeau à Charles Hernu, Laurent Fabius n'a fait que montrer son vrai visage aux Français, celui d'un arriviste prêt à avaler toutes les couleuvres, voire à marcher sur des cadavres, pour parvenir à ses buts. Parce que le sang de ce photographe de Greenpeace continue de coller à la peau de Fabius de manière indélébile, et ça, nous sommes quelques-uns à ne pas l'avoir oublié.