Branlebas de combat dans le Landerneau politico-médiatique français, en marge de la campagne pour les élections régionales de mars 2010 : NPA provoque un beau tollé, parce qu'une de ses candidates serait "voilée".
Sur le site ripostelaique, Claude Barratier tonne : "La candidate voilée de Besancenot est une trahison de la République." Et là, on se dit : "bigre, fichtre, diantre !"
Ailleurs, on a entendu les vociférations de Martine Aubry et d'une bonne partie de la Gauche, sans oublier la Droite, Le Monde, Le Figaro, et tutti quanti.
Question : les statuts du NPA prévoient-ils que certain(e)s de ses militant(e)s soient interdits de candidature en raison de leur apparence physique ? Parce que, si la fille peut militer mais pas être candidate, ça risque de faire drôle, non ? Le plus curieux, dans tout le tintamarre ambiant, est que personne ne se soit posé la question : militante ou pas ?
En clair, tous les protestataires actuels, de gauche et de droite, trouveraient normal qu'un parti politique français aient deux catégories de militants : ceux qui peuvent s'inscrire et militer au parti, et ceux qui peuvent militer au parti + se porter candidats.Voilà donc le programme que tout le monde propose au NPA, lequel deviendrait, de fait, un parti ségrégationniste.
Mais si les partis de gauche et de droite insistent sur ce point, c'est probablement parce que, eux aussi, procéderaient de la même manière : la fille "voilée" peut bien être militante (par parenthèses, trésorière départementale du parti), mais pas candidate ! Voilà qui est formidable, n'est-il pas ?
Mais, au fait, elle ressemble à quoi, cette fameuse militante voilée ?
Je suis une citoyenne à part entière, militante, voilée mais militante, aurait déclaré Ilham Moussaïd, candidate de NPA en PACA pour les régionales.
Elle a dit "voilée" ? Ben ça alors ! Et moi qui pensais, tout bêtement, qu'elle portait un foulard ! Un foulard blanc, sur lequel il n'y a pas écrit "musulmane" !
Non mais, sans blague ! Vous trouvez que cette chose blanche sur la tête de Mlle Moussaïd, c'est un voile... forcément islamique ? Visiblement, nous ne devons pas parler le même français ! Car, pour confondre un fichu sur la tête avec un "voile", censé dissimuler quelque chose au regard, et que l'on retire en "dévoilant" la réalité, il faut être particulièrement stupide et mal maîtriser le français ! Souhaitons donc à Martine Aubry, aux mégères de Ni putes, ni soumises et à quelques autres, dont Mlle Moussaïd elle-même, sans oublier les innombrables journalistes, de faire de toute urgence l'acquisition d'un bon dictionnaire !
Petit exercice de "rewriting" et de retouche d'image : il ne fallait pas lire ceci...
Si j'ai bien compris, Simone de Beauvoir portait le voile (forcément islamique), tout comme Marguerite Yourcenar, les femmes antillaises, sénagalaises, Ségolène Royal, qui s'est laissé voiler de bleu, lors de son dernier séjour à Dakar ?
Convertie à l'Islam, Ségolène Royal ? Hé ben, dites donc !
Les Antilles, ou l'art de la créolité islamique !
Bien entendu, un peu de rhum ne saurait faire de mal à aucun(e) islamiste !
Reste le cas particulièrement troublant de Maryam Radjavi, la présidente des Moudjahidins du Peuple, ces résistants de la première heure contre le Shah d'Iran, puis contre le régime des Ayatollahs, Radjavi dont le voile islamique perpétuellement vissé sur la tête révèle à quel point elle est contradictoire, aux yeux de certains, car révolutionnaire et soumise... !
Et pour finir en beauté, je n'ai pas résisté à l'envie de rechercher, sur Internet, quelques images de "bellydance" (danse du ventre), cette "perversion" des sens co-inventée par les Arabes, les Africains et les Polynésiens, ou quand le "voile islamique" cohabite avec la plus extrême sensualité !
Un remake de Salomé et la danse des sept voiles ?
Plus sexy que moi, tu meurs !
Alors, vous en tirez quoi, de ces images ? Qu'un foulard sur la tête est forcément signe de soumission au machisme et à l'oppression des femmes et forcément, cela va sans dire, un signe d'appartenance religieuse ? Alors vous devez penser aussi que la Laitière et la Jeune fille à la perle, de Vermeer, étaient naturellement converties à l'Islam le plus intégriste, forcément !
Et si vous le pensez vraiment, c'est que vous n'êtes que de pauvres abruti(e)s, et inculte(s) par-dessus le marché !
Epilogue(s) ?
1. Il y a eu du nouveau, depuis notre papier. Et comme il fallait s'y attendre, les grognards et grognasses qui se sont lancés dans une croisade juridictionnelle contre le NPA, au nom de je ne sais quelles valeurs républicaines, ont provisoirement été déboutés en première instance, ce qui devrait être confirmé en appel... Bref, comme il fallait s'y attendre, dès lors qu'il n'y a pas écrit "MUSULMANE" sur le FOULARD de "Samira", rien n'autorise quiconque à préjuger de la religion de cette dernière, et encore moins à exciper de cette supposition que ladite militante serait inapte à se présenter à une élection. C'est donc à bon droit que le juge administratif a débouté les grognards et grognasses susnommés. Et que ceci serve de leçon aux un(e)s et aux autres !
2. Le commencement de la fin ?
Une contractuelle devrait être interdite de fonction pour avoir porté le voile. Elle conteste cette version et dénonce un harcèlement.
Ça n'a l'air de rien, mais si elle tient bon et est bien conseillée, cette Nora B. a des chances de mettre par terre cette loi scélérate de mars 2004 !
Je portais alors sous ma casquette un filet pour maintenir mes cheveux, le réglement interdisant d'avoir les cheveux en pagaille. Mes supérieurs ont commencé à polémiquer, à me calomnier, en disant que je portais un foulard sous ma casquette...
Là où l'Administration risque de tomber sur un os, c'est qu'apparemment, contrairement à certaines consoeurs nunuches, Nora B. n'a, à aucun moment, évoqué sa religion ! Parce que la loi parle de "signes religieux". Le problème est qu'il n'existe nulle part de description des signes religieux que la loi est censée prohiber dans les services publics, ce qui équivaut à rendre l'Administration à la fois juge et partie en la matière, ce qui est contraire à l'esprit des lois ! Jusqu' présent, l'Administration avait la partie facile, dès lors que des jeunes filles un peu nunuches se répandait publiquement sur leur religion. Tandis qu'ici, tant que Nora B. ne dit rien de sa religion, qui relève strictement de sa vie privée, personne n'est habilité à la questionner là-dessus. Il incombe, donc, à l'Administration de prouver que Nora B. porte bien un "foulard islamique", et si elle ne rapporte pas cette preuve, l'Administration - qui, en aucune manière, ne saurait être juge et partie - sera déboutée en justice, et cette loi scélérate sera morte de sa belle mort !
Moralité : chère Nora, surtout tenez bon !
Petit supplément illustré.
Je me suis procuré le petit ouvrage figurant ci-dessous, sur un marché de la banlieue parisienne. Le bouquin aborde, sur le mode humoristique et sacarstique, la question du hidjâb, ou comment faire pour ne pas le porter...
...Certaines soeurs n'ont pas compris le sens profond du hidjâb, pas plus que sa sagesse ; elles le portent sur la tête, sans le porter dans la tête...
Autre chose (extrait du Nouvel Observateur, supplément télé, juillet 2009) :
Hidayet Tuksal, musulmane et féministe : "La laïcité est une chance dans un pays comme le nôtre, mais les laïques manquent de confiance dans les principes de la démocratie... Dans une démocratie, personne ne doit se mêler de la façon dont les gens s'habillent..." L'Express, 19 mars 2009.
Conclusion provisoire : "gouverner c'est prévoir".
Alors, prévoyons ! Et imaginons ce jour, où une jeune femme (pourquoi forcément jeune, après tout ?), portant foulard, sera en butte à des persécutions de la part de sa hiérarchie (principal de collège, proviseur de lycée, supérieur hiérarchique, etc.) et sera sanctionnée pour avoir arboré des... signes ostensibles d'appartenance... comment déjà ?
Une femme moins nunuche, je veux dire plus futée que ses correligionnaires, et qui choirait DE SE TAIRE, en refusant d'évoquer son appartenance religieuse devant des étrangers.
Exclue du collège, ou du lycée, ou de l'Administration, elle s'en irait trouver le juge, au motif d'une persécution injustifiée. Et le juge commanderait à la hiérarchie administrative de s'expliquer sur le foulard en question. Seulement voilà : jusqu'à présent, l'Administration a toujours bénéficié de la naîveté, voire de la nunucherie des jeunes filles, toujours promptes à se vautrer en public et à s'étaler sur leur pratique religieuse, et sur cet accessoire imposé par leur religion.
Imaginons maintenant une personne mutique, qui se contenterait de dire : "Ils me sanctionnent pour port de quoi déjà, d'un signe d'appartenance religieuse ? Qu'ils le prouvent. Car après tout, il n'y a pas écrit "Musulmane" sur mon foulard !"
Ce jour-là, la loi dite Stasi sur les signes religieux est morte de sa belle mort !
Parce que le juge procédera probablement à la nomination d'un expert, un docteur de l'Islam, qui démontrera que rien dans le Saint Coran ni dans les hadiths, ni, du reste, dans la loi Stasi de 2004, ne permet de dire à quoi ressemblerait un "signe d'appartenance religieuse" : aucune description, aucun dessin...; et en ce qui concerne le foulard, tout le monde sait qu'il y a des centaines de manières de nouer ce fameux fichu sur la tête."
Et si ça se trouve, l'avocat de la "musulmane présumée" se sera procuré une copie de ce blog et soumettra au tribunal des reproductions de La jeune fille à la perle ou de La laitière, de Jan Vermeer...
Et ce jour-là, la loi Stasi sera morte !