Ce slogan a été lancé, un matin de grève, à une femme marchant non loin de moi, alors que nous longions un piquet de grève posté devant un garage de bus de la RATP. À la dame qui leur reprochait de manquer de civisme, avec leurs grèves à répétition, des grèvistes rigolards ont rétorqué par le fameux slogan "R.A.T.P.! : Rentre Avec Tes Pieds !"
Sur une durée assez longue, la marche à pied, c'est excellent pour perdre des kilos ! On devrait, donc, réclamer aux conducteurs et machinistes des transports publics franciliens plus de grèves et d'arrêts de travail !
Courrier postal adressé aux intéressé(e)s le 11 mars 2010, avec copie aux PDG de la SNCF et de la RATP.
Mesdames, Messieurs,
Ces derniers temps, il a beaucoup été question des transports dans le "buzz" médiatique concernant la campagne des régionales en Île-de-France, et l'on a eu droit à la sempiternelle "question-piège" sur le prix du ticket de métro et autres "amusettes".
J'aimerais juste dire à certains journalistes que je ne connais pas beaucoup d'usagers des transports franciliens qui connaissent le prix du ticket de métro, pour la bonne et simple raison que les usagers habituels utilisent une carte Orange, devenue carte Navigo. Et comme j'achète des recharges pour trois, voire quatre zones, il n'y a que ces deux prix-là que je connaisse... Il n'y a que les touristes et usagers de passage qui achètent des tickets de métro ou de bus à l'unité. Certains journalistes feraient bien de s'en rappeler, et d'arrêter de nous bassiner avec le prix de la baguette (je n'achète jamais de baguettes, moi qui ne consomme que du pain complet !) ou du ticket de ceci ou de cela !
Le fait est qu'il y a des choses bien plus importantes que le prix de la baguette ou du ticket de métro.
Il est, en effet, de notoriété publique, que RATP et SNCF sont deux entreprises d'État, même pas en cours de modification de leur statut comme ce serait le cas de la Poste, et même pas en situation de privatisation avancée, comme ce serait le cas de France Télécom. Ce qui veut dire que SNCF et RATP voient leurs dirigeants désignés en conseil des ministres, tout en constituant le coeur du dispositif connu sous le sigle de STIF (Syndicat des Transports de l'Île-de-France).
Il se trouve qu'il y a quelques mois, en allant prendre mon train à la gare RER de Nanterre, j'ai, comme d'autres usagers, été interpellé par une cohorte d'usagers en colère et bien décidés à s'opposer à la fermeture annoncée des deux guichets de vente des tickets au sein de la gare, pour être remplacés par des automates, conformément à une politique appliquée systématiquement dans toute l'Île-de-France.
Visiblement, nos usagers énervés n'ont pas pesé bien lourd dans la balance, puisque les travaux d'aménagement ont bien été conduits, entraînant la mise en place de distributeurs automatiques, la présence humaine se réduisant désormais à la fourniture de renseignements, ainsi qu'on peut le voir ci-dessous.
RER A, Gare de Nanterre-ville : en jaune le kiosque d'information, en vert, les distributeurs automatiques, et malheur à celui ou celle qui ne possède aucune carte de crédit !
Paris passe pour la ville la plus visitée du monde. Mais il faut croire que d'aucuns, en France, ont décidé de ruiner ce statut, en décourageant les touristes de venir en France. C'est ainsi que j'ai passé, tout récemment, une vingtaine de minutes, dans le long couloir menant du RER A (Auber) à la station Saint-Lazare (Ligne 13), moyennant au moins un aller-retour, le tout pour tenter de renseigner deux ressortissantes d'un pays de l'Est de l'Europe ne parlant aucune langue connue de moi-même. J'ai fini par comprendre qu'elles cherchaient à rejoindre la ligne 12 du métro, tout en essayant d'acheter des tickets. Quadrature du cercle ! Essayez donc de trouver un plan de métro dans cet immense couloir ! Je me doutais bien qu'il n'y avait aucune connection avec la ligne 12, mais elles étaient persuadées qu'il y avait un passage... Et, pour commencer, il fallait trouver des tickets, c'est-à-dire disposer d'une carte de crédit et bien lire les indications... Comme j'avais plein d'obligations, je me suis résolu à les abandonner à leur triste sort.
Je me souviens encore de cette famille allemande, toujours en gare d'Auber, cherchant désespérément un kiosque non automatique, donc avec présence humaine. On a pris presque tous les escaliers de la station, dans un sens, puis dans l'autre. En fait, tout dépend de quel côté on arrive dans la grande salle de correspondance. Ça m'a coûté un bon quart d'heure mais je me doute bien que, seuls, nos Allemands y auraient passé l'heure !
La principale destination touristique du monde, qui se moque du monde, à en juger par la manière dont on traite les usagers des transports, à commencer par les touristes étrangers !
Et c'est là que je m'interroge : SNCF et RATP n'étant pas des entreprises privées et étant dotées d'autorités de tutelle, deux hypothèses s'offrent à nous :
- ou bien la réduction drastique de toute présence humaine dans les gares a été décidée en concertation avec les autorités de tutelle, lesquelles sont, donc, co-responsables du marasme décrit plus haut ;
En tout cas, une chose est sûre : l'image de la France, (encore) première destination touristique du monde, ainsi que de sa vitrine parisienne, ne cesse de se dégrader, à en juger par les avis des nombreux touristes qu'il m'arrive de renseigner dans la rue ou les transports : je pense au sentiment de dégoût absolu qu'éprouvent tant de gens à la vue de crottes de chien sur les trottoirs, voire dans des jardins publics, pour n'évoquer que cette spécialité française que le monde ne nous envie pas !
Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l'expression de mes salutations les plus distinguées.
R. W.
Post scriptum
Lu sur liberation.fr (16.03.2010), à propos de la multiplication des actes de violence dans les trains de banlieue :
«Le climat est tendu depuis des mois, avec l'apparition d'un phénomène de bandes, mais jusqu'ici c'était des insultes, des coups de poing. Avec les attaques au couteau, on franchit un cran», alerte Olivier Gendron, de la CGT Saint-Lazare.
Pour Dominique Malvaud, son homologue SUD-Rail, la recrudescence des agressions et incivilités est nette depuis environ deux ans. «Rien que ces deux dernières semaines, un conducteur a été agressé et une contrôleuse a été giflée alors qu'elle venait en aide à des passagers.»
«Il faut réinvestir les gares. Dans les années 90 nous avons connu la même situation. Et nous avons réussi à faire baisser le nombre d'agressions en remettant des agents dans les gares, ça a très bien fonctionné. Aujourd'hui, des gares sont à nouveau désertées, faute d'agents, alors qu'on sait que certaines ne doivent surtout pas être laissées à elle-mêmes.» Et d'insister sur le fait que les cheminots ne sont pas les seuls concernés: «Pour un contrôleur agressé, il y a dix voyageurs victimes des violence dans les trains. Seulement, eux ne peuvent pas faire grève.»
Olivier Gendron plaide aussi pour le renforcement la présence des agents dans les gares et lignes connues pour être sensibles, surtout le soir et le week-end. Il faudrait selon lui 140 agents de plus. «Il n'est pas rare que nous soyons obligés de fermer des gares deux-trois jours à cause du manque d'effectifs. La direction nous répond qu'il y a toujours la machine sur le quai pour acheter les billets. Mais une gare sans personne, ça devient vite un lieu de rassemblement pour les jeunes, où tout peut se passer.»
Petit supplément illustré (lepost.fr, 07.04.2010) :