vendredi 13 août 2010

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De voir ces pauvres socialistes errer comme des âmes en peine, sans trop savoir sur quel pied danser (il paraît que les déclarations récentes des ténors de la droite constituent une entorse à la démocratie et au vivre ensemble tout en violant l'article 1 de la Constitution de la Cinquième République, à en croire plus d'un ténor socialiste...), m'a donné quelques idées, comme, par exemple, de suggérer une petite campagne de 'com' aux grands communiquants de la Rue de Solférino...

Dans la série "la campagne socialiste à laquelle vous avez (presque) échappé !"...



MEA CULPA !

Nous autres socialistes avons le génie d'avoir de bonnes idées avant tout le monde. Le problème est que, une fois au pouvoir, nous oublions de les mettre en oeuvre, ces idées géniales ! Prenez les institutions de la France : nous les avons souvent exécrées, toujours vilipendées, quand nous étions dans l'opposition. Et sur ce plan, nous avons de qui tenir : François Mitterrand, notre maître à tous, n'a-t-il pas pondu "Le coup d'Etat permanent", dans les mois suivant l'adoption de la Constitution de la Cinquième République ? Le problème est qu'une fois aux affaires, il a dû faire dans la "real politik" : envoi d'une escouade de barbouzes torpiller un navire de Greenpeace, renforcement de la Françafrique et soutien aux dictatures africaines, organisation d'écoutes téléphoniques destinées à dissimuler une relation adultérine, etc., bref, le bonapartisme dans toute sa splendeur !

Depuis 2007, nous voilà de nouveau confrontés à des pratiques institutionnelles que nous avons toujours réprouvées, dans la mesure où elles se traduisent par une véritable dérive monarchique teintée de relents discriminatoires voire xénophobes.

Le problème est que cette dérive était prévisible, puisque nous l'avons toujours dénoncée, et ce, depuis Mitterrand !

Tenez, par exemple, cette excellente proposition intervenue en 1990 (Pour mémoire : le président de la République s'appelle bien François Mitterrand, la Gauche est majoritaire au parlement, le premier ministre s'appelle Edith Cresson) et émanant d'élus socialistes, le tout, en marge de la commémoration du cinquantenaire de l'appel du 18 juin 1940 :

Source : Le Monde 2, 20 septembre 2008 - Cliquer pour agrandir


Extraits :

(...) Le général aimait la France et se méfiait des Français. La Ve République est tout imprégnée de ce principe : elle organise la négation du politique, le contournement de l'expression démocratique et la prédominance de la technocratie sur toutes les aspirations de la société... Ce que nous a coûté un tel archaïsme s'est payé cher à la fin des années 1970, au plus fort de la crise. A l'heure où il fallait un mouvement d'ensemble pour s'adapter à la nouvelle donne mondiale, (...) le pays s'est privé de ressort par des années de référence au seul "président providentiel".

(...) Le temps est venu de refonder les institutions afin qu'elles libèrent à nouveau les énergies de la démocratie et qu'elles permettent à l'Etat de jouer pleinement son rôle dans une société mobilisée, où les citoyens, les organisations politiques, syndicales, les associations, peuvent intervenir et participer à l'exercice collectif du pouvoir.

(...) Il faut sortir du gaullisme, voilà la seule bonne conclusion de l'Année de Gaulle ! Vite, la VIe République !

Pourquoi ne pas le dire ? Nous autres, socialistes, avons un peu honte de voir à quel point nous avions de bonnes idées, que nous n'avons pas toujours concrétisées alors que nous le pouvions. Voilà qui justifierait de notre part un vibrant mea culpa.

Tenez : tout récemment (2007), notre candidate à l'élection présidentielle s'était résolument engagée en faveur d'une réforme constitutionnelle destinée, précisément, à l'avènement de cette VIe République que nous appelons de tous nos voeux.

Pourtant, malgré tout cela, et malgré tout ce que nous avons pu dire et écrire sur ce calamiteux régime bonapartiste, réduit aujourd'hui à l'état de caricature de lui-même, il a fallu que certains d'entre nous, et non des moindres, ne trouvent rien de mieux à faire que de torpiller notre propre candidate, ce qui nous vaut, aujourd'hui, de nous retrouver de nouveau encalminés sur le plan des propositions, au point de faire penser à nos concitoyens que nous autres, socialistes, ne saurions que tourner en rond !

Et dire qu'en 2007...




Mort de rire !




Dans notre rubrique : "Rions un peu...", face au délire sondagier qui s'empare régulièrement des politocrates et des journalistes, et face au tohu-bohu politico-médiatique, pour ne pas parler des conneries proférées par tel ou tel démagogue, sur le mode : "La France, tu l'aimes ou tu la quittes !", je ne résiste pas au plaisir de mettre en ligne cet entrefilet concernant un sondage plutôt drôlatique : le genre de lecture qui vous met de bonne humeur pour toute la journée !

mardi 10 août 2010

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De voir ces pauvres socialistes errer comme des âmes en peine, sans savoir sur quel pied danser, (il paraît que les propositions du P.S. sur les questions de sécurité n'interviendront qu'à l'automne 2010 !) alors même que la conjoncture ne leur a jamais semblé plus favorable, m'a donné quelques idées, comme, par exemple, de suggérer une petite campagne de 'com' aux grands communiquants de la Rue de Solférino...


Dans la série "la campagne socialiste à laquelle vous avez (presque) échappé !"...

Vous connaissez la nouvelle ?

Le Conseil Constitutionnel déclare (30 juillet 2010) inconstitutionnelles les conditions de la garde à vue de droit commun.






Petit retour en arrière : campagne pour l'élection présidentielle de 2007 :



Extrait des 100 propositions de Ségolène Royal (février 2007) :

55. - Faciliter et moderniser le dépôt de plainte (...). Mettre un avocat à la disposition des victimes de violences graves dans l’heure suivant le dépôt de plainte.

56. - Doubler le budget de la justice pour la rendre plus rapide et respectueuse des droits.

57. Renforcer l’aide juridictionnelle. Renforcer les maisons de la justice et du droit. Service public d'aide au recouvrement des dommages et intérêts alloués aux victimes.

58. - Assurer la présence d'un avocat dès la première heure de garde à vue. Encadrer strictement le recours à la détention provisoire (…). Assurer dans les prisons des conditions qui permettent la réinsertion du détenu. Créer un organe indépendant de contrôle des prisons.

59- Modifier la composition du Conseil supérieur de la magistrature pour garantir son pluralisme et l'équilibre entre magistrats et non magistrats. Recomposer l'organisation judiciaire (...). Réformer la justice du travail après consultation (...). Mettre en place la possibilité de conduire des « actions de groupe ».

(...)


Que de temps perdu !

Et dire qu'en 2007...

dimanche 1 août 2010

In memoriam L. J.



C'est ce qu'on pourrait appeler une nécrologie ante-mortem, à l'instar de celle consacrée à Claude Allègre !

Les deux amis de... combien déjà..., trente ans ?, auront disparu quasiment au même moment du paysage politique. C'est tout juste si l'on a aperçu Jospin au dernier festival de Cannes, où il est venu parler de lui-même et du mini-rôle qui lui a été confié dans un film, prenant soin de préciser qu'il s'agissait plutôt d'un retour vers le passé.

Comment ne pas lui donner raison ?

Le dernier coup d'éclat de Lionel Jospin a pris les formes d'un pamphlet intitulé "L'impasse", sous-entendu l'impasse dans laquelle se trouverait le Parti Socialiste pour avoir confié les clés de la candidature à la présidentielle à quelqu'un qui n'en était pas digne...





En clair, lui, avec (en 2002) une trentaine de points de moins que les 47 % de voix de Ségolène Royal au second tour de la présidentielle (2007), était forcément "plus nul que nulle". Forcément. C'est mathématique !

D'aucuns ont vu dans ce bouquin un réquisitoire implacable, alors qu'il ne s'agissait que d'une forme plus ou moins réussie de hara kiri !




De facto, que reste-t-il de ce Jospin, trois ans après 2007, alors même que la France et le monde ne s'arrêtent pas de se pincer tous les jours, devant le spectacle affligeant qui leur est offert par le caudillo élu en 2007 ainsi que par sa cour ?

Personnellement, c'est maintenant que j'aimerais l'entendre, le Lionel : parce que, trois ans, c'est un laps de temps suffisant pour prendre déjà un peu de recul et pour bien analyser une situation, au lieu de se précipiter, bêtement, stupidement, à l'instar d'un vulgaire larbin fabiusien (Claude Bartolone) ou strauss-kahnien (Christophe Cambadélis), auteurs eux-aussi de pamphlets destinés avant tout à torpiller quelqu'un de leur camp, dans ce qui ressemblait fort à de la diarrhée verbale (il faut que ça sorte, vite fait, mal fait !).

Je ne suis pas en train de dire que Jospin, Bartolone et Cambadélis n'aient pas le droit de critiquer Ségolène Royal ; je ne m'en prive pas moi-même, ici. À ceci près que je ne suis inféodé à aucune officine occulte du Parti Socialiste et que je ne ressens aucune animosité de principe à l'égard de quiconque au sein de ce parti ni d'aucun parti, d'ailleurs.

Ça s'appelle de 'l"OBJECTIVITÉ". Et ça repose sur un minimum d'honnêteté intellectuelle.

Quand j'émets des critiques à l'égard de Ségolène Royal, je ne prétends pas, comme Jospin l'a fait, la stigmatiser de je ne sais quelle tare qui la rendrait structurellement incapable de postuler au statut de présidente de la République. Je me contente simplement de la mettre (Royal) en face de ses propres déclarations et prises de position antérieures. Il se trouve qu'elle a énormément innové sur le plan de la pratique politique, notamment avec les débats participatifs, et j'estime légitime de m'étonner que tout cela soit, apparemment, déjà oublié, au vu de ses revirements à l'égard de gens qu'elle-même passait au vitriol il n'y a pas si longtemps, je pense aux lendemains du vote au premier secrétariat du P.S. !

J'attends, donc, de ceux qui ont fait mine de se réjouir de la défaite de leur propre camp, en 2007, qu'ils assument leurs choix d'alors : entre autres, le fait que si, selon eux, la canditate était mauvaise, toutes choses étant relatives, c'est qu'en face d'elle, il y avait un adversaire qui lui était supérieur, forcément, et je demande notamment à Jospin de venir s'en expliquer. Car s'il venait à nous dire, là maintenant, que le vainqueur de la présidentielle de 2007 était nul, on aurait du mal à le croire ! En tout cas, cela prouverait, de sa part, un manque de "vista" particulièrement consternant !

Mais je suppute qu'il n'en fera rien, et que personne n'ira le chercher pour lui demander de s'expliquer sur son "expertise" passée. Pire : j'imagine Jospin priant le ciel que personne ne mette plus jamais la main sur ce bouquin funeste qui l'a vu se tromper, mais alors, sur toute la ligne.

Parce que, pour écrire ce qu'il a écrit dans l'Impasse, il fallait qu'il fût persuadé que la présidente du Conseil Régional de Poitou-Charente avait, en 2007, une conjoncture électorale plus favorable que lui-même en 1995 et surtout en 2002, après cinq années comme Premier ministre, en tête de tous les sondages de popularité. Ce qui rendait, à ses yeux, l'échec de 2007 bien plus impardonnable que les siens propres, notamment le second !

Le fait est que, de tous les intervieweurs avec lesquels il a disserté de son ouvrage, aucun ne l'a interrogé sur cette théorie de la responsabilité exorbitante de Ségolène Royal, au point qu'à chaque fois qu'il évoque "l'échec", on comprend qu'il s'agit de l'échec de Ségolène Royal, tout comme à chaque fois qu'il évoque l'élection perdue, on comprend qu'il s'agit de l'élection présidentielle de 2007 (cf. p. 7 : "j'écris ce livre après la défaite."), le tout se traduisant par la scotomisation - comme on dit chez les psychanalystes - des élections législatives qui ont suivi et qui, si elles avaient été gagnées par la Gauche, auraient de nouveau conduit à une situation du type de celle de... 1997, circonstance là encore scotomisée (!) par Jospin, allez savoir pourquoi !

Il était pourtant bien placé pour savoir que le camp qui gagne les législatives gouverne la France, ce qui réduisait considérablement la responsabilité éventuelle du candidat de gauche à une quelconque présidentielle.

Mais la scotomisation évoquée plus haut a probablement une raison : le fameux serment de la Rue de Solférino, selon lequel l'on s'engageait derechef à "quitter définitivement la vie politique" (ce qui nous vaut un des passages les plus drôlatiques de l'Impasse) le tout au milieu du gué, alors même que les législatives approchaient, qui allaient voir l'UMP perdre une soixantaine de sièges !

L'Impasse, c'est l'histoire d'un naufrage. Le naufrage d'un homme et d'une certaine conception, erronée, de la politique, qui voit la Gauche (française : la seule en Europe occidentale à s'accrocher encore, mordicus, à des moeurs constitutionnelles dignes de Mugabe, de Chavez ou de Sassou-Ngesso !) se contenter de singer la Droite - un demi-siècle que ça dure ! -, en reprenant, par exemple, à son compte, les pires délires du bonapartisme.

À suivre...